Quand dormir devient un handicap

Novéquilibres : Quand dormir devient un handicap

Bon nombre de personnes se plaignent de ne pas assez dormir, et le mauvais sommeil est devenu un problème de santé public. Il est normal de passer par des périodes de moins bonnes nuits selon les aléas de la vie, mais quand l’insomnie s’installe vraiment et devient chronique, cela peut aller jusqu’à une perte de qualité de vie et de QVT (Qualité de Vie au Travail).

Si un insomniaque qui rêve de dormir (ce qu’il a du mal à faire puisqu’il rêve moins) croise un hypersomniaque, il va l’envier et être agressif contre celui qui symbolise sa lutte quotidienne. Et pourtant, dormir trop ne veut pas dire dormir bien et quand il le faut.

Les troubles de l’éveil ou hypersomnies sont mal connus du grand public et les personnes qui en souffrent peuvent être jugées comme paresseuses, molles et sans énergie, avec des conséquences sociales, professionnelles et familiales.

Narcolepsie/cataplexie

La narcolepsie est la plus fréquente des hypersomnies et fait partie des maladies rares, puisqu’elle touche 1 personne sur 2000. C’est un trouble chronique caractérisé par des épisodes soudains et irrésistibles de sommeil. Le symptôme principal est une somnolence diurne excessive et incontrôlable même si la durée du sommeil a été suffisante.

D’autres symptômes peuvent survenir, comme la fragmentation du sommeil nocturne, des hallucinations, la paralysie du sommeil et dans 80% des cas, la cataplexie.

La personne en cataplexie a une perte brusque du tonus musculaire, par exemple : les jambes qui se dérobent, l’impossibilité d’articuler les mots, ou une chute brutale de tout le corps. Les crises sont déclenchées par une émotion positive ou non comme : rire, colère, embarras, surprise…

Impact professionnel

Du fait de la somnolence au travail, les risques d’accidents menacent l’insertion ou le maintien dans le milieu professionnel des personnes souffrant d’hypersomnie rare, qui souvent changent d’emploi ou terminent au chômage, alors qu’elles peuvent bénéficier du statut d’handicapé.

Est considéré comme handicapé toute personne dont les capacités d’obtenir ou de conserver un emploi sont effectivement réduites, par suite d’une insuffisance ou d’une diminution de ses capacités physiques ou mentales, tout en restant apte à travailler. Article L.5213- 1 et 2 du Code du travail

La journée de la narcolepsie

Le Docteur Elisabeth Prevost, médecin du travail et pathologie professionnelle est intervenue lors de la journée de la narcolepsie le 11 janvier dernier à l’Hôtel Dieu de Paris, et a informé les patients des possibilités pour faciliter leur parcours au travail. La reconnaissance de la Qualité de travailleur handicapé (RQTH) permet l’attribution à une personne handicapée d’un statut particulier qui ouvre droit à des avantages pour elle et son employeur. Elle persiste en cas de perte d’emploi et peut donner accès à des services, prestations ou formations.

Le médecin du travail peut aider efficacement à la reconnaissance « Travailleur Handicapé » en joignant une fiche d’aptitude et une description de poste soulignant la situation de handicap et la nécessité d’aménager le poste. D’après une étude effectuée en France, 1 narcoleptique sur 5 est amené à une réorientation professionnelle

La reconnaissance par la CDAPH (Commission des Droits et de l’Autonomie des Personnes Handicapées) est donnée pour une durée déterminée allant de 1 à 5 ans et à renouveler.

Rôle du médecin du travail

Le médecin du travail, soumis au secret médical crée un climat de confiance auprès des salariés afin que ceux-ci osent exposer leur situation de handicap. Il a un rôle de compensateur de handicap au sein de l’entreprise. Il est habilité à proposer des mesures individuelles d’adaptation de poste aux salariés selon leur état de santé et donc à apprécier l’aptitude médicale du salarié à son poste de travail lors des visites d’embauche, périodiques ou de reprise.

En fonction des cas, le médecin du travail pourra proposer :

  • un aménagement de poste,
  • un bilan fonctionnel ou professionnel
  • un contrat de rééducation en entreprise, par exemple pour les travailleurs handicapés, la formation à un nouveau métier,
  • évoquer avec le salarié l’intérêt d’une pension d’invalidité.

Pour l’employeur :

Il aide à l’aménagement du poste de travail; l’accueil ou le maintien d’un Travailleur Handicapé diminue les charges de l’entreprise (obligation des 6%).

Souvent, le salarié narcoleptique redoute d’informer le responsable hiérarchique, et rien n’est imposé à ce niveau. Cependant, il peut être de son intérêt de signaler son statut de travailleur handicapé car l’employeur peut avoir les aides nécessaires.

Pour un maintien ou une insertion réussie

  • Préparation en amont
  • Sensibilisation de l’équipe dans le respect du secret médical
  • Accueil
  • Stabilité du poste
  • Suivi du salarié
  • Traitement égalitaire

 

Même si dormir trop devient un handicap, des moyens existent pour préserver la qualité de vie au travail des personnes concernées.

 

Pour compléter ces informations deux sites de référence :

photo sous licence creative commons – auteur : star5112

Caroline Rome

Caroline ROME est spécialisée dans le sommeil et la vigilance, les rythmes, membre du comité éditorial de laqvt.fr, associée de Novéquilibres, attachée au Centre du Sommeil de l’Hôtel-Dieu à Paris, membre de l'Institut National du Sommeil et de la Vigilance

2 réflexions sur “Quand dormir devient un handicap

  • 15 juin 2019 à 18 h 38 min
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    Bonjour, souffrant d’insomnie chronique depuis un peu plus de 2 années, et donc dans l’impossibilité de trouver un emploi ou une formation aux dites heures ” normale” , ai-je droit à une pension d’invalidité ou autres aides ?

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    • 15 juin 2019 à 19 h 34 min
      Permalien

      Bonjour,
      En cas d’insomnie chronique, il est conseillé de se lever le matin aux heures normales, de ne pas faire de grasse matinée pour essayer de rattraper la dette de sommeil.
      Il s’agit de stimuler le rythme et non pas de dormir à tout prix. Donc rien ne justifie des aides quelconques même si c’est très difficile à vivre.
      je vous conseille d’aller consulter dans un centre de sommeil pour une prise en charge adaptée.
      Bien à vous.

      Répondre

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