Du contrôle, toujours du contrôle, encore du contrôle…
Dans le contexte économique difficile actuel, avec le manque de sécurité de l’emploi, la fragilité des entreprises, le contrôle est un élément essentiel pour maintenir le cap. Du contrôle qui doit être à tous les niveaux, c’est à dire de l’auto contrôle et du contrôle sur les autres, car perdre le contrôle c’est ne plus rien maîtriser
Ne rien lâcher
Le sens du mot contrôle est la vérification, la surveillance attentive, puis aussi la maîtrise pour garder la commande de quelque chose tel un navire.
Pour ne pas naviguer à vue et être en sécurité, le marin doit avoir le contrôle à bord, à tribord et à bâbord, il fait attention de ne pas tomber par dessus bord… Tout le monde est dans le même bateau et chacun doit faire attention à sa peau. Surtout quand c’est la tempête, et à l’heure actuelle, nous sommes dans une société en pleine tempête, et c’est même la marée du siècle…Et s’il y a naufrage, il est toujours possible de s’accrocher aux bouées pour ne pas lâcher, jamais. Il faut résister…
Les moyens d’y arriver
La posture est importante, l’image que l’on donne est fondamentale et il ne faut pas donner l’impression de partir à la dérive seul sur un radeau. Quelqu’un qui se tient bien droit en rentrant le ventre pour avoir l’air impeccable en impose davantage, et si par chance vous êtes grand, alors là, vous serez gagnant sur tous les plans. Toiser l’autre de sa hauteur, c’est bon pour le contrôle.
Ne pas se laisser dominer par les autres est fondamental, il faut donc être à l’affût des collègues, managers, supérieurs pour rétablir le contrôle s’il risque d’être perdu. Il s’agit d’être vigilant, d’examiner attentivement tout changement d’attitude dans les relations au travail, ou l’organisation, car ce qui bouge est suspect et doit donner suite à un examen approfondi pour remédier au mieux à des évolutions non maîtrisables.
Vous m’avez cru ?
Poisson d’avril ! Non, c’est une blague… Ce n’est pas du tout QVT. Ne rien lâcher et tout contrôler, c’est tout ce qu’il ne faut pas faire. Tous les conseils donnés précédemment sont un danger pour l’équilibre tant individuel que collectif.
Un individu constamment verrouillé, contracté, à l’affût pour dominer, surveiller les autres et être toujours aux aguets va s’épuiser et ne plus pouvoir gérer son quotidien. S’il ne dépose jamais les armes, le trop de stress va avoir un impact sur sa vie, et petit à petit il perd le contrôle sur des fonctions naturelles comme le sommeil. La personne fragilisée physiquement, nerveusement, va alors devenir la parfaite victime et risquer de tomber sous le pouvoir d’autrui. C’est alors un cercle vicieux qui s’installe, le contrôleur devient contrôlable et est contrôlé à son tour… Et quand tout le monde est contrôlable c’est alors que les dictateurs sévissent.
Celui qui veut contrôler ses émotions et ne rien laisser paraître, va perdre la maîtrise et risquer d’être submergées par elles. Au lieu de rétablir le contrôle, c’est la perte du contrôle…
Résultats, mauvaise humeur, irritabilité, manque d’efficacité, détérioration des relations et mauvaise ambiance, et tout se dégrade lentement mais sûrement pour l’ensemble.
Le contrôle juste
Quand l’humain fait en force, ce n’est jamais bon car nous ne sommes pas des supermen ou des superwomen, et il y a des limites dues à notre constitution et nos fonctionnements physiologiques et biologiques. Trop de contrôle amène par exemple au burn-out, et la meilleure façon de maintenir la maîtrise est de lâcher-prise par toutes les techniques déjà évoquées dans nos précédents articles ou l’on vous parle de prévention. La conscience de soi permet de contacter ses potentiels et ses capacités pour l’adaptation en lien avec les autres et l’environnement, et tout cela dans la durée. C’est la notion de juste conscience que l’on a développé sur laqvt.fr le 5 mars dernier.
Pour l’entreprise, le contrôle a pour mission la vérification que l’organisation du travail permet d’atteindre les objectifs escomptés, puis après c’est selon son aptitude à diriger ou supprimer le changement. Contrôler non pas par besoin de pouvoir et d’autorité, mais pour s’assurer que les moyens permettent une cohésion organisationnelle en vue d’atteindre un niveau de performance souhaitable. C’est alors que l’ingrédient essentiel de la QVT, la confiance, permet de s’assurer mutuellement plutôt que de contrôler, et ceci dans la bienveillance en acceptant le droit à l’erreur. En gardant bien évidemment l’exigence double : la performance et le bien-être. C’est aussi imaginer un monde du travail où l’on relâche l’étreinte et le poids du contrôle de gestion et du flicage pour plus d’autonomie et de créativité.
Comme toujours, tout est notion d’équilibre entre le trop et le pas assez : Du contrôle, non, quand il est synonyme de résistance ou de pouvoir et qu’il atteint la liberté. Du contrôle, oui, s’il vise la discipline pour un suivi constructif en vue d’un progrès commun.
Photo sous licence creative commons – auteur : Yann Caradec