Débat du 9 novembre 2011 sur la bienveillance au travail
Psychologies Magazine et le réseau Entrepreneurs d’avenir se sont associés afin de lancer un appel pour la bienveillance au travail.
Une conférence de presse a eu lieu le mercredi 9 novembre pour présenter cette initiative. Plus qu’une présentation de cet appel à la bienveillance au travail, c’est un débat qui a été proposé, animé par Arnaud de Saint Simon, Directeur de la rédaction de Psychologies Magazine.
Ce débat s’est tenu au Conseil Economique, Social et Environnemental présidé par Jean-Paul Delevoye, ancien Médiateur de la République. Petite précision utile pour rappeler que dans l’éditorial présentant le rapport annuel 2010, Jean-Paul Delevoye parlait de “burn-out de la société française” et engageait à “… retrouver le sens de l’engagement, de la solidarité de proximité, du partage mais aussi du respect de l’Homme”. C’est donc assez naturellement qu’il a accueilli cette manifestation sur le sujet de la bienveillance au travail. Son message de bienvenue a traité du constat d’une société usée psychiquement, de la conception erronée du pouvoir (la jouissance du pouvoir Vs le pouvoir pour et avec), la mésestime de soi renforcée par les jugements du type “t’es nul …” (N.D.A. je n’ai pas de Rolex et me sens donc particulièrement concerné) et le déficit d’écoute (de soi-même et des autres).
La bienveillance au travail pour faire face à des tensions sociales
Bruno Mettling, DRH de France Télécom et Christian Charpy, Directeur Général de Pôle Emploi ont porté témoignage d’actions réalisées dans des contextes de tension.
Pour France Télécom, les nouveaux dirigeants ont mis en priorité des actions pour libérer la parole, améliorer le dialogue social et définir un contrat social et de nouveaux principes managériaux reposant sur la bienveillance, l’écoute et le respect.
Pour accompagner les managers dans ce changement : un référentiel du management et des actions de formations délivrées sur Orange Campus.
“C’est un travail de déploiement considérable” a précisé Bruno Mettling.
Pour Pôle Emploi, Christian Charpy est revenu sur les enjeux de la fusion entre les ex ANPE et ASSEDIC. Les pratiques managériales étant très différentes, une nouvelle charte managériale a été construite et diffusée à travers des séminaires. Il a expliqué en quoi le travail des conseillers est complexe : la conciliation des actions d’accompagnement et de contrôle avec une pression due à l’augmentation du nombre de chômeurs, en particulier de ceux qui sont en fin de droit. Le besoin de reconnaissance est aussi exprimé sur le terrain.
Christian Charpy considère que sur le sujet des RPS, le dialogue social est efficace à Pôle Emploi.
Des entreprises où la bienveillance a fait ses preuves
Delphine Dupuis, DRH de Pepsico et Georges Fontaines, PDG de Techne ont présenté la façon dont la bienveillance se décline concrètement dans leur entreprise.
Pour Pepsico, N°1 au classement Great Place to Work, la bienveillance inscrit l’entreprise dans un cercle vertueux. Avec la crise, l’enjeu est de conserver ce cercle vertueux car les pressions externes peuvent générer des pressions internes.
Et pourtant, Delphine Dupuis est convaincue que ce sont les sociétés bienveillantes qui feront le mieux face à la crise, et à laqvt.fr nous appuyons ses propos. La difficulté étant bien, selon Delphine Dupuis, que “la bienveillance est contre-intuitive en situation de crise”.
Parmi les quelques initiatives mises en oeuvre chez Pepsico, signalons la “météo personnelle” au début de chaque réunion donnant possibilité – à qui le souhaite – d’exprimer ses préoccupations du moment (professionnelles ou même privées) et une stratégie RH affirmée pour le développement de la qualité managériale par la formation, y compris des nouveaux arrivants (pour prendre connaissance des règles de management).
Georges Fontaines quant à lui affirme vouloir fabriquer le bonheur des hommes. Les salariés sont propriétaires des murs et chacun est responsabilisé par rapport au chiffre d’affaires de l’entreprise. Chacun mouille sa chemise avec une structure hiérarchique plate. Les règles du jeu sont adaptées en fonction du contexte. A titre d’exemple, Georges Fontaines a indiqué que tous les salariés ont décidé collectivement, lors d’une période difficile, de baisser leurs salaires pour éviter des licenciements collectifs.
Le déploiement de la bienveillance au travail
Anousheh Karvar, secrétaire nationale de la CFDT (seul syndicat ayant signé l’appel à la bienveillance), a précisé les points prioritaires de la CFDT dans cet appel : la rémunération, la diversité et la consultation des salariés.
Eric Albert, Président de l’IFAS, a exprimé que la bienveillance ne pouvait faire bon ménage avec une logique de sur-financiarisation.
Arnaud de Saint Simon, a indiqué selon lui deux types de signataires de l’appel à la bienveillance au travail : les dirigeants humanistes et les dirigeants pragmatiques ayant compris que la bienveillance contribue à un meilleur engagement des salariés et à une haute performance globale : une façon de considérer un déploiement possible sur des motivations différentes.
La position de l’équipe Novéquilibres
En guise de conclusion, nous voudrions rebondir sur quelques idées évoquées pendant ce débat.
Signalons au préalable que Novéquilibres et laqvt.fr ont signé l’appel à la bienveillance au travail.
Nous sommes persuadés que la qualité de vie au travail, le bien-être au travail, la bienveillance au travail, bref, toutes les initiatives, concepts et démarches visant à (re)mettre l’homme au cœur du travail nécessitent de sortir d’une logique court-termiste et principalement financière.
En fait, il s’agit bien de passer d’une logique de performance financière à une logique de performance durable qui se conjugue tout à fait bien avec toutes ces initiatives, concepts et démarches dans un esprit gagnant-gagnant : pour l’organisation, pour les individus, pour les acteurs externes à l’organisation et pour la société, au sens de la RSE.
photo sous licence creative commons – auteur : linh.ngân