Le régime du plaisir
Comme d’habitude, le printemps pousse la presse féminine à nous harceler avec ses articles sur « la ligne », autrement dit sur des régimes amaigrissants miraculeux au point de nous faire ressembler aux mannequins anorexiques posant pour les illustrer. De quoi faire rêver les plus incrédules, de quoi obséder les plus consciencieuses.
Pleines d’illusions nous nous armons de grandes résolutions, alors qu’un article décapant paru il y a deux ans avait alerté l’opinion publique : « Maigrir sans régime ». Le choc nous avait fait prendre 1kilo (la surprise, pas le choc‘ olat). Tout le mal qu’on s’était donné à se priver, à ne pas s’écouter, à se nier n’avait servi à rien. Complètement déstabilisée, chacune se jetait sur le chocolat ou les gâteaux pour se remettre la tête à l’endroit. Décidément, les journaux nous manipulaient et nous prenaient pour des tartes (auxquelles nous pensions ne pas avoir droit…).
L’émotion passée après avoir enfourné le dernier carré de chocolat de la tablette, nous lisions l’article et nous étions tout de suite rassurées puisqu’il débutait par : « Manger à sa faim, et même du chocolat, cela peut faire maigrir » (voir l’article “A vos tablettes”). Au fil de notre lecture, nous découvrions que le Dr Jean-Philippe Zermati nous considérait comme des individus différents, pas tous issus du même moule. Son livre intitulé : « Maigrir sans régime » (éd.Odile Jacob) était une véritable révélation. Il nous parlait de plaisir, de bien-être, de paix, d’écoute de soi, somme toute, de nirvana.
Aujourd’hui, en dépit d’une certaine prise de conscience des dangers de la privation, des régimes aberrants ont un succès fou (voir article “les régimes à la une”). Hommes, femmes, enfants sont ciblés, même chiens et chats… La ligne est devenue une véritable obsession.
Ce médecin nutritionniste et psychothérapeute nous invitait et nous invite toujours (car ce qui est juste dure…) à jeter au panier les régimes inefficaces pour ne nous préoccuper que de savoir ce qui est bon pour nous. Il nous propose une véritable rééducation pour retrouver nos besoins physiologiques par une méthode dite « bio psychosensorielle », fondée sur l’écoute de soi, de ses sensations et de ses facultés à ressentir à nouveau des besoins physiques tels que la faim, la satiété…
La finalité : se réconcilier avec son corps et avec la nourriture en travaillant sur les émotions qui sont capables de perturber cet incroyable système. Le but :
Les médias nous informent que l’obésité gagne du terrain en France et les prévisions sont alarmantes quant à la progression. Le travail de nuit qui se développe, avec les horaires atypiques, favorise la prise de poids (voir article “l’humain au rythme du hibou”). Le problème gagne du terrain, et une expérience récente montre qu’une privation de sommeil s’accompagne d’une stimulation des processus neuronaux dans une zone connue pour être associée à des comportements hédoniques. Pour les auteurs de ce travail, ce mécanisme pourrait être en partie responsable de la prise excessive de poids dans les sociétés occidentales où la dette de sommeil est fréquente. Le sommeil est un problème de santé publique et le lien avec le surpoids est évident. Mieux vaut investir dans un matelas confortable, un oreiller ergonomique qu’en des barres protéinées…
La mentalité actuelle pousse vers le “trop” (voir article “stop au trop”). Trop d’aliments dans les assiettes, trop de sucre, trop de graisse, trop d’excès et alors trop de régimes… Consommer moins mais mieux, et le coût sera le même. L’idéal est de tout mais pas trop, de ce qui fait envie en faisant du bien, de la qualité et non de la quantité, non pas la grande bouffe, mais de LA BONNE BOUFFE !
Laurent Ruquier conscient que ce n’est pas si simple a dit :
“Bientôt, la seule chose qu’on pourra bouffer dans la vache, c’est la clochette,
parce qu’il y a du fer dedans !”
photo sous licence creative commons – auteur : Stephanie Kilgast