Les régimes à la une
Les régimes envahissent l’espace médiatique, à tel point que l’on ne sait plus s’il s’agit de nutrition ou de minceur.
“Régime” vient du latin regimen “action de diriger, de conduire” devenu par extension une “prescription alimentaire à des fins thérapeutiques ou d’amaigrissement” selon le Larousse.
Outre cette acception, le mot régime renvoie à notion d’alimentation équilibrée des personnes sans surpoids néfaste, et à des pratiques alimentaires sociales d’origine culturelle, religieuse, idéologique.
J’ajoute ici mon grain de sel à propos des régimes amaigrissants protéinés. Amis, collègues de bureau, famille, nous connaissons tous quelqu’un qui suit, a suivi, va suivre un tel régime.
Hérité de chasseurs cueilleurs, notre patrimoine génétique a sans doute évolué beaucoup moins vite que les techniques. De cette constatation on a tiré hypothèses, conclusions et … régimes :
- Nous serions le résultat d’une sélection d’individus ayant survécu aux disettes plus facilement aptes à grossir qu’à maigrir. Cet avantage sélectif ne l’est plus dans les pays où la nourriture est accessible et abondante.
- Nous ne digérerions pas le lait au-delà de la période de la petite enfance ni le gluten introduits massivement dans notre assiette avec le développement de l’agriculture. Le régime paléolithique(ou préhistorique) évite ces aliments. Nous y reviendrons dans un prochain article, en précisant seulement que ce régime ne vise pas la perte de poids mais l’amélioration de certaines maladies.
- l’alimentation idéale serait riche en viande, à hauteur de 30% de l’apport énergétique, 2 fois plus que ce qui est recommandé aujourd’hui. Cette idée fondatrice du régime préhistorique a été reprise comme la base de régimes amaigrissants protéinés.
Ces régimes sont fondés sur une réalité métabolique : une alimentation quasiment exclusivement protéique entraine bien une perte de poids rapide. La reprise est tout aussi rapide dès qu’on interrompt ces régimes, les moindres de leurs inconvénients restant la monotonie et le manque de convivialité. Des tonnes cumulées ont été mouvementées par des adeptes se nourrissant à volonté des protéines animales (viande, poisson, œufs, laitages maigres…en évitant les protéines végétales alors qu’elles sont d’une grande richesse nutritionnelle).
Les échos de découragement, de fatigue, de cheveux perdus et de poids repris attestent de résultats peu concluants.
Le sociologue Thibault de Saint Pol (*) (sociologue, auteur du « Corps désirable » aux PUF) constate que les femmes sont plus souvent insatisfaites de leur poids que les hommes. Certaines veulent perdre des kilos alors que leur poids est normal. Plus de 40% surveillent leur alimentation. A l’inverse, les hommes sont plus souvent insatisfaits d’un poids trop faible qui renvoie à un manque de force physique (le syndrome du gringalet).
S’imposer un régime contraignant et déséquilibré n’est certes pas gage de bien-être : privations, carences, dérèglement durable du métabolisme ! Et quand on prend 20 minutes (*)pour déjeuner, c’est vraiment se maltraiter !!
La première des recommandations est de bouger, pour retrouver le chemin des sensations corporelles. Des activités douces, comme la marche, le yoga, la natation permettent de renouer avec soi.
Si des kilos sont réellement à perdre, la meilleure solution est d’être patient. Plus on perd du poids doucement, en changeant durablement d’habitudes et en travaillant sa motivation, moins on a de risque de le reprendre. Ceci doit être défini et accompagné par un professionnel.
Car c’est bien la raison et l’empathie qui permettent d’obtenir des résultats, moins spectaculaires mais plus durables en proposant une réponse personnalisée, souhaitable et possible à chacun. Bien loin de la « pensée magique » qui séduit les adeptes des régimes miracles.
Avec l’été qui approche et sa déferlante de diètes abracadabrantes et régimes ultra, gardez votre bon sens. Résistez aux sirènes médiatiques. Être mince n’est pas forcément nécessaire pour être beau et en forme, ni heureux.
(*) Thibault de Saint Pol « Le corps désirable » aux PUF
(**) : Etude Malakoff Mederic 2011, Santé et Bien-être au Travail
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