Responsabilité individuelle et collective dans la QVT à distance
Nous avons proposé à Corinne Mahaut, Consultante en management d’équipes multiculturelles sous la marque Transaptitudes, de nous donner son point de vue en terme de responsabilité individuelle et collective sur les questions de QVT (Qualité de Vie au Travail) pour le travail à distance.
Corinne Mahaut propose un blog où elle aborde très régulièrement le travail à distance, avec des actions très concrètes pour assurer un bon niveau de QVT dans ce type de contexte.
Avec l’avènement des TIC, une nouvelle forme de travail s’est développée ces deux dernières décennies : le travail à distance. Elle existe surtout dans l’entreprise, mais aussi de plus en plus chez soi (télétravail). Or les spécificités de ce nouveau mode de travail ne sont pas sans incidence sur la QVT.
Au niveau individuel, comment conserver la satisfaction au travail, lorsque l’on ne voit pas ses collègues et sa hiérarchie ? Comment garder la motivation ou au contraire comment travailler en quantité raisonnable quand ni l’encadrement ni les collègues ne sont à proximité de soi pour stimuler ou limiter son énergie ?
Au niveau collectif, comment créer les conditions d’une bonne QVT ? Comment favoriser le bien-être, susciter et entretenir la motivation des équipes ?
Responsabilité individuelle
Par rapport à soi :
Il est important d’organiser son temps de travail pour :
- Respecter son rythme biologique : faire des pauses, ne pas oublier de manger. Si vous travaillez de chez vous, n’oubliez pas de sortir et de faire une vraie coupure déjeuner. Peut-être est-ce l’occasion d’aller à la piscine du quartier ? Et pourquoi pas faire une mini-sieste d’un quart d’heure, sans culpabilité ?
- Bien délimiter ses horaires pour équilibrer son temps professionnel et personnel : la vigilance est encore plus de mise si vous travaillez sur différents fuseaux horaires et pouvez être tenté de répondre aux emails à toute heure pour vous « avancer ».
Ce sont des évidences, direz-vous, c’est déjà le cas au sein d’un même bureau. Ceci dit, vous n’avez pas vos collègues qui passent pour vous proposer une pause café ou un déjeuner au nouveau restaurant qui vient d’ouvrir, alors que vous êtes « le nez dans le guidon ».
En somme, travailler à distance requiert une auto-discipline forte, et pas seulement pour entretenir sa régularité et sa concentration.
Par rapport à son environnement :
Il est primordial de :
- Partager ses horaires/jours de repos et de congé avec ses collègues, en particulier si l’on travaille avec plusieurs pays. La méconnaissance des usages et jours fériés/de congés renforce ce besoin. Un planning partagé, précisant ces dates, sera d’une aide précieuse et évitera bien des attentes et des rappels inutiles.
- Indiquer ses préférences de communication (téléphone, SMS, email), dans quels contextes (urgent, pas urgent, important, etc.), pour ne pas être dérangé inutilement à des heures indues.
- Faire savoir ce que vous faites : la « visibilité » est nécessaire pour obtenir la reconnaissance. Votre équipe ne vous voit pas et si vous ne le lui dites pas, d’une façon ou d’une autre, elle ne sait pas ce que vous faites.
- Appeler à l’aide dès que l’on en a besoin et ne pas attendre que les problèmes s’accumulent. Votre responsable ne vous demandera pas aussi souvent comment ça va et ne verra pas à votre mine que vous êtes stressé, à moins que vous ne preniez l’initiative de prendre le téléphone pour lui dire que son délai est intenable compte tenu de votre dernière panne informatique.
- Entretenir de bons rapports avec les autres : investissez du temps avec vos collègues, en ayant des échanges réguliers par téléphone, vidéo/email. N’oubliez pas de partager des moments informels. Une pause café virtuelle est tout à fait possible. La complicité avec eux donnera plus de sel à vos journées.
Responsabilité collective
De l’entreprise/du manager (son représentant direct)
Fournir les moyens à leurs collaborateurs d’atteindre leurs objectifs :
- Donner la parole aux collaborateurs virtuels : pour qu’ils aient le sentiment de partager la prise de décision. Dans les réunions à distance, les inclure dans l’ordre du jour et les tours de parole.
- Offrir les outils nécessaires (logiciels, machines). Ces éléments sont surtout à bien vérifier en cas de télétravail.
- Reconnaître et valoriser les contributions de chacun, suivre de près ce que font les collaborateurs à distance. Il est plus facile de le faire pour les collaborateurs d’un même bureau et le risque est souvent de « les favoriser », parce que c’est plus pratique.
- Garder le contact le plus souvent possible (idéalement chaque jour) : par messagerie instantanée, via un court email, ou un bref appel. Penser à rendre visite lorsque les bureaux de l’entreprise sont éloignés géographiquement, que ce soit en France ou à l’étranger.
Ces éléments supposent de questionner et d’écouter, de se placer dans une approche collaborative. Encore une fois, ils sont déjà bienvenus pour assurer la qualité au travail dans un même bureau. Cependant, il existe un plus grand risque de perdre de vue les collaborateurs à distance.
Au-delà de l’opérationnel, le bien-être physique et moral du collaborateur peut-être amélioré par :
- L’ergonomie du poste de travail : à ne pas oublier dans le cas du télétravail, surtout si la personne travaille de chez elle.
- Des moments de sociabilisation : avec le manager et avec les collègues. Outre les pause café virtuelles, il est possible de consacrer un moment à jouer en ligne avec ses collègues. C’est une pratique courante chez les éditeurs de jeux vidéos.
De l’équipe
L’esprit d’entraide est fondamental. Il suppose de :
- Réagir aux demandes de conseil des collègues.
- Prendre le temps de « discuter » de manière informelle.
- Travailler dans un climat de confiance, dans lequel les informations sont volontiers partagées. Il est moins évident de penser à informer les autres lorsque l’on ne les voit pas et il faut bien garder à l’esprit cet aspect.
Conclusion
En somme, pour une bonne QVT en contexte de travail à distance, il est nécessaire que les collaborateurs soient davantage proactifs et responsables, et que la hiérarchie et l’organisation soient davantage vigilantes aux risques d’isolement et de découragement, en gardant l’écoute et le lien. Cet environnement particulier fournit l’occasion de revoir sa manière de fonctionner, seul et en équipe, voire à l’échelle de l’entreprise. Il implique d’aller vers un management plus collaboratif dans lequel chacun se positionne en adulte.
photo sous licence creative commons – auteur : Novéquilibres