Baromètre CFDT 2011 sur la qualité de vie au travail

Le jeudi 3 novembre dernier, je me suis rendu pour laqvt.fr à la conférence organisée par la CFDT pour présenter les résultats de son baromètre 2011 sur la qualité de vie au travail.

Ce baromètre lancé à la fin du premier semestre 2011 sera instrumenté chaque année pour évaluer les évolutions sur différentes dimensions de la qualité de vie au travail que la CFDT a retenu pour son enquête. L’année 2011 constituant donc le point zéro de référence.

Pourquoi un baromètre sur un tel sujet ? Patrick Pierron, Secrétaire National de la CFDT nous a expliqué qu’il y a une volonté de rééquilibrer les actions du syndicat vers une vision plus positive, celle de la qualité de vie au travail. La CFDT continue bien évidemment à jouer son rôle vis à vis des salariés qui sont en souffrance au travail et en particulier sur les causes internes au travail, mais le travail ne peut pas se résumer à la souffrance au travail.

Résultats du baromètre 2011

Les résultats du baromètre vont dans ce sens puisque 70% des salariés interrogés estiment avoir plutôt les moyens de faire un travail de qualité (13% sont tout à fait satisfaits). Les salariés ont été interrogés par les militants sur le terrain. 13 000 réponses ont été traitées pour la restitution qui nous a été faite pour cette conférence de presse. Concernant la population interrogée, dont 27% est syndiquée, il est à noter qu’il s’agit essentiellement des personnes en emploi stable, du secteur privé et du secteur public, dans des structures d’au moins 50 personnes, avec une petite moitié appartenant à une entreprise de plus de 1 000 personnes.

Un bémol est à signaler par rapport à ce fort niveau de satisfaction en terme de travail de qualité puisque 47% des personnes interrogées considèrent ne pas avoir le temps pour effectuer correctement leur travail. Ces deux résultats semblent ne pas être en ligne, et la CFDT explorera cette apparente contradiction sur le terrain. On peut imaginer que les personnes qui n’ont pas suffisamment le temps débordent de leur temps de travail normal pour compenser. C’est une des hypothèses que je pourrais y voir.

Pour 57% d’entre elles, les effectifs ne sont pas suffisants pour assumer la charge.

Sur le champ de la reconnaissance au travail, la CFDT tire comme enseignement que des progrès sont à réaliser : sur la rémunération (niveau correct par rapport au travail demandé) où 61% des personnes sont plutôt insatisfaites (18% pas du tout satisfaits) en particulier chez les ouvriers. En terme de respect de la personne, si un peu plus de la moitié sont plutôt satisfaites, je note que 22% des personnes ne sont pas du tout satisfaites. La reconnaissance de l’investissement dans le travail donne plutôt satisfaction pour un peu plus de la moitié des personnes.

En terme de conciliation vie professionnelle et vie privée, les résultats sont contrastés : si 80% des personnes sont satisfaites des horaires en terme de conciliation entre travail et vie personnelle, l’aménagement des horaires de travail pose plus problème, en particulier pour les ouvriers (inversement les cadres ont plus de latitudes). Le point noir, de mon point de vue, est le pourcentage de personnes amenant régulièrement du travail à la maison : 83%.

L’expression des salariés a aussi été mise en exergue dans ce baromètre : si 70% des personnes disent pouvoir s’exprimer sur leur travail, le pourcentage de personnes satisfaites de la prise en compte de cette parole tombe à 50% (les salariés de catégorie B sont insatisfaits à 59%).

Concernant les encadrants, plutôt bien perçus (70%, mais moins bien par les ouvriers et les catégories B), leur autonomie n’est pas jugée suffisante (41%) pour répondre aux attentes. 40% des encadrants considèrent que leur propre hiérarchie n’est pas suffisamment attentive aux problèmes rencontrés.

Sur les perspectives, le panorama est là aussi contrasté. Côté positif, 71% des personnes ont envie de continuer à s’engager pour leur organisation.
Côté négatif, les personnes se disent inquiètes pour leur emploi (y compris dans le secteur public) avec un niveau d’insatisfaction remarqué sur l’adéquation des formations reçues pour préparer à un nouvel emploi, sachant que 56% des personnes pensent ne pas occuper le même travail jusqu’à la retraite.

D’autres enseignements ont également été mis en lumière : les résultats sont globalement identiques, qu’on soit un homme ou une femme, et quel que soit l’age.

Des chantiers.

Par ailleurs, nous avions évoqué dans un article du 5 juin 2011 des expérimentations que la CFDT comptait mettre en place. La deuxième partie de la conférence de presse a été consacrée à une présentation de cette initiative.

La CFDT nous a remis une liste de 17 chantiers dans neuf régions. L’objectif de ces expérimentations est la recherche de pratiques syndicales innovantes en matière de dialogue social favorisant l’expression de salariés sur l’organisation du travail. Mais il s’agit bien d’aller au delà du champ de l’expression pour couvrir aussi celui de l’action. C’est bien tout l’enjeu puisque le baromètre décrit une situation où les personnes ont le sentiment de pouvoir s’exprimer mais de ne pas voir d’actions en conséquences.

Chaque fois que la situation le permet, la CFDT cherche à contractualiser le chantier avec la DRH de l’organisation concernée.

Ces expérimentations sont accompagnées par le niveau national. Philippe Maussion qui est également intervenu au cours de cette conférence de presse, en est le chef de projet. Des militants ont été formés pour que les expérimentations se déroulent dans le cadre d’une méthodologie commune.

Un dernier point sur ce sujet : la CFDT a souhaité lancer ces expérimentations dans des configurations où elle est en position forte par rapport aux autres syndicats. Sur aucun des chantiers, n’est prévue une action concertée avec d’autres syndicats.

En revanche, je signale que sur le sujet de la qualité de vie au travail, la CFDT doit avoir normalement d’ici la fin de l’année des discussions avec les autres partenaires sociaux au niveau national dans le cadre de l’agenda social du deuxième semestre 2011.
Nous suivrons de très près ces discussions et en particulier la définition de la qualité de vie au travail sur laquelle pourraient s’entendre les partenaires sociaux.