C’est QVT de parler de QVT !
L’expression directe des salariés sur leur travail sur leur vie au travail, sur leur Qualité de Vie au Travail (QVT) est en bonne place dans l‘ANI vers une politique d’amélioration de la QVT et de l’Egalité Professionnelle. Quelles en sont les vertus ?
S’affranchir de la peur de la boite à Pandore
Il est bien commode et trompeur de penser que limiter ou empêcher l’expression des salariés évitera les plaintes, les demandes, les mécontentements. S’ils ne sont pas exprimés devant celles et ceux qui n’ont pas envie de les entendre, ils risquent de l’être par derrière et ce n’est pas tellement mieux.
Limiter l’expression est aussi une réaction de défense face au manque de temps : écouter et se trouver à devoir trouver des solutions qui vont nécessiter plus ou moins d’énergie est quelques fois considéré comme une prise de risque pour son agenda que l’on n’a pas envie de prendre.
Le jour où l’on se décide à ouvrir la porte à l’expression, la peur est souvent d’ouvrir la boite à Pandore ; la peur de voir surgir d’un seul coup tout ce qui a été contenu, et en particulier les ressentis négatifs.
Rendre possible l’expression, ne doit pas être assimilé rendre possible l’expression de ce qui ne va pas. Il existe des dispositifs qui permettent une expression orientée positive, tout en ne cherchant pas à noyer le poisson. C’est par exemple les dispositifs axés sur l’appréciation (tel que l’exploration appréciative).
Avec la QVT, il y a réellement un changement de paradigme et un changement de posture : pour améliorer la vie au travail, il faut savoir s’appuyer en premier lieu sur ce qui fonctionne bien.
La symétrie des intérêts
Pouvoir parler de sa propre vie au travail, c’est bien légitime. C’est un droit. Comme nous l’avons évoqué dans notre initiative la déconnect attitude, à côté du droit se juxtapose un devoir : celui de porter intérêt sur la vie au travail des autres, quels qu’ils soient. Nous promouvons également sur laqvt.fr l’idée de la QVT pour tous, et ouvrir l’expression sur la vie au travail, c’est l’ouvrir à toutes et à tous au sein de l’organisation, quelle que soit la position, quel que soit le statut. Il s’agit aussi de chasser une bonne fois pour toutes cette tendance dévastatrice de vouloir comparer nos propres déplorables conditions de vie au travail aux merveilleuses conditions de vie au travail des autres, qui de surplus ont l’indécence de vouloir s’en plaindre.
Des conditions indispensables à l’expression nous semblent être la bienveillance et la recherche des intérêts communs tout en reconnaissant et respectant les différences individuelles.
La QVT est aussi de question de perception
S’exprimer sur la vie au travail, c’est mettre sur la table les conditions objectives. Mais on le fait chacun avec nos émotions, avec notre personnalité, notre historique professionnel, les influences des autres sphères de la vie, le poids des habitudes, …
Faut-il chasser tout ce qui ne serait pas condition objective ? Nous pensons qu’il existe diverses améliorations en termes de vie au travail qui ne touchent pas forcément les conditions objectives, en particulier quand elles se traduiront par des actions de communication interne (par exemple, lorsque la perception des salariés sur la situation de l’organisation semble erronée et disproportionnée du fait d’un déficit de communication).
La subjectivité et les émotions ont leur place dans l’organisation et elles peuvent être considérées aussi comme des chances et des opportunités d’améliorer la QVT et la performance.
Mon niveau de QVT vient de grimper rien que d’en parler !
L’humain a une tendance naturelle à focaliser sur le négatif. Nous sommes assez facilement victimes de l’habituation aux aspects positifs de notre travail.
S’exprimer et réfléchir sur la QVT et ceci de manière structurée donne aussi l’opportunité de remettre dans la conscience les bons côtés de la vie au travail et de se construire une vision plus juste et plus équilibrée.
Je signale que j’avais évoqué cette question sous un autre angle avant l’avènement de l’ANI sur la QVT et l’Egalité Professionnel, dans l’article Parler de QVT, ça me fait du bien !
photo sous licence creative commons – auteur : IETatOU