Le conte de Laqvt – Épisode 1

Le conte de Laqvt : le château de Novéquilibres

La princesse Calithé naît au château de Novéquilibres. Sa naissance est fêtée dans tout le royaume, car ses parents l’ont attendue fort longtemps.
Ils veulent la protéger des mauvais sorts et, pour ce faire, lui donnent trois  marraines. Chacune des fées, enchantée de cet honneur, se penche sur son berceau pour lui accorder un don :
  • La fée Plumette lui offre le don de s’exprimer à l’oral comme à l’écrit de manière claire et dépoussiérée.
  • La fée Nouricette lui offre le don de nourrir  le corps et l’esprit de manière équilibrée et délicieuse.
  • La fée Morphette lui offre le don de rejoindre la nuit les bras de Morphée de manière ressourçante pour vivre pleinement le jour.

C’est le professeur Bossondur qui est chargé de suivre l’évolution de la princesse. Grand rationaliste, il ne croit ni aux dons comme les marraines, ni aux fées, mais aux règles, et il lui faut de la science. Il mesurera notre belle princesse Calithé à la règle en bois, et il l’élèvera à la baguette pour lui enseigner la bossondurite.

La sorcière Stress et le sorcier RPS avec leurs acolytes, les gnomes TMS, Conflits et Malètre, furieux de ne pas avoir été invités, s’organisent en grand secret, afin d’empoisonner la princesse. Une mixture infecte se prépare, chacun y crachant son venin : des feuilles de harcèlement, de l’extrait d’anxiété, du concentré de mauvaise foi avec une pointe de mauvaise humeur. Saupoudré d’alcool et de tabac, arrosé de café fort, du sucre à outrance, du sel, des acides gras saturés. Quelques tranches de menace de renvoi, de l’iniquité, et une fiole de mépris bien noire avec de la bave d’incapacité à communiquer clairement. Le tout distillé à l’incompréhension et mijoté dans l’énervement.

Un gnome malfaisant réussit à verser 3 gouttes de poison dans le lait de la princesse, alors que celui-ci est à refroidir dans un coin de la nurserie. Calithé boit son biberon empoisonné, Calithé change, et de bébé souriant, joyeux et gai devient un bébé grognon, hurlant, exigeant et boudeur.
Tout le château est en émoi, le professeur Bossondur est appelé à la rescousse, mesure la princesse à la règle en bois, affirme que la technologie viendra à bout de ce petit bout de chou mal embouché… il en a dressé plus d’un !

Les marraines, elles aussi, sont convoquées :

  • La fée Plumette essaie de la faire gazouiller, rire et chanter, mais rien n’y fait, et la princesse hurle, pleure et grogne. Elle tente de lui enseigner  le langage aimable, la poésie et la politesse, mais Calithé ne songe qu’à plumer son entourage. Sa marraine a beau lui apporter des mots qui rassurent et qui écoutent, des mots bienveillants et éclairants, Calithé ne songe qu’à tempêter, ses mots sont criards et furieux : ils empoisonnent son entourage et la fée Plumette elle-même n’en peut plus et fuit.
  • La fée Nouricette lui donne à manger une purée de carottes pour la rendre aimable, mais rien n’y fait, et la princesse lui crache le tout en pleine face. La pauvre Nouricette essaye la mélisse, le tilleul, la valériane et la crème, mais Calithé provoque le rancissement des mets les plus fins par sa mauvaise humeur. Personne ne souhaite partager un repas avec elle, ce qui ne fait qu’augmenter son ressentiment et ses exigences.
  • La fée Morphette lui chante une douce berceuse pour la calmer, mais rien n’y fait, et la princesse se tortille dans tous les sens en serrant ses petits poings d’une façon agressive. Au bout d’un moment, elle crie pour réveiller tout le monde et le château entier se lève du mauvais pied avec mauvais œil et mauvaise humeur…

L’enfant grandit, et en dépit de toute la science du professeur Bossondur et de la magie de ses trois marraines, la princesse fait sa loi, terrorise tout le monde, crie, parle mal, mange n’importe quoi, n’écoute rien, dort le jour, fait la java la nuit. Elle veut renvoyer le jardinier, la cuisinière, le chauffeur, le fermier, la fermière… Le travail s’en ressent et tout le monde perd du cœur à l’ouvrage, chacun se méfie de l’autre, les disputes éclatent et le stress augmente. La qualité de vie au château est devenue déplorable.

La reine de Novéquilibres implore chaque matin son grimoire de l’aider à retrouver sa douce et tendre fille. Un beau jour, elle voit dans son miroir magique le prince Bienveillan de La Cuvée Thé qui parle à une Calithé comme aux premiers jours, douce, gentille, gaie et souriante. Le cœur battant elle en fait part au roi, son mari qui, sur le champ, envoie ses gardes à la recherche du prince tant espéré dans tout le royaume.

À SUIVRE…

Le miroir magique dévoile l’avenir, ou est ce un leurre des sorciers pour plonger le royaume dans le néant ?
Vous le saurez peut être en dévorant l’épisode 2

Emmanuelle LewartowskiDominique PoissonCaroline Rome

photo sous licence creative commons – auteur : bods

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