Le petit bonheur d’Olivier D.
L’une des dimensions de la QVT (Qualité de Vie au Travail) réside dans un minimum de maîtrise de son cheminement professionnel. En mêlant audace et opportunité, Olivier nous décrit son petit bonheur d’avoir agi en défiant sa propre confiance en une compétence linguistique incertaine et durement acquise. Sa détermination, son objectivité, mais aussi son humour et son sens du relationnel pilotent son épanouissement professionnel. Témoignage :
En anglais dans le contexte
Dans les années 80 (30 ans déjà, gloups !), je suis contacté par un cabinet de conseil en stratégie c’est ce qui se fait de mieux. Les consultants, tous issus des mêmes grandes écoles et tous avec un parcours international, sont à la mode, TRES bien payés avec des horaires de folie et des jobs passionnants. A l’époque pas encore de scandale sur ces ‘big five’ 😉
C’est un poste d’informaticien, n’ayant absolument pas les compétences des consultants qui d’ailleurs me regarderont de très haut au début, avant que je ne réussisse à m’intégrer, à me faire accepter en les traitant sans complaisance ni fausse admiration : c’était facile car ils étaient plutôt nuls en informatique !
Je suis recommandé par une relation réseau qui ne me connaît que de nom…Premier entretien, aux environs de la place d’Iéna dans le 16° arrondissement de Paris. Il est 19h30 (pardon 7:30 PM). Encore en poste, j’ai déjà une bonne journée derrière moi. La première question fuse directement en anglais ! Sans réfléchir, du tac au tac, à cause de la fatigue ou par instinct, sans penser à la grammaire, aux verbes irréguliers, à la syntaxe, ni à l’accent je réponds une phrase complète, bien sûr en VO… non sous-titrée !
Les secondes qui suivent, dans un silence impressionnant, écrasé par ma propre impertinence, accablé rétrospectivement par mes fautes, me posant mille questions sur le ton, l’accent, j’entends à peine la réponse «ok, nice, follow me for next interview with the Manager.». Viendront ensuite le manager chief, le chief executive, le VP, le CIO (dans quel ordre je ne me souviens plus, mais la plupart en anglais) si bien que je finis à 22h30 (pardon 10:30 PM) car ces messieurs étaient continuellement interrompus par des «important calls from US headquarter, sorry». Vrai ou faux à chaque fois je patientais et restais courtois, mais de plus en plus à l’aise, arrivant même à faire des jokes(2) car la fatigue m’avait ôté toute timidité.
Mon expérience dans cette société sera pour moi le décollage de ma carrière internationale dans des domaines où à chaque fois j’ai pu mettre en pratique mon anglais, jusqu’à finir correspondant technique Europe pour douze pays et la maison mère aux Etats-Unis ! C’était l’année du « bug de l’an 2000 » et je fus remercié par un voyage avec mon épouse à Seattle ! C’est alors que je repensai à mon prof d’anglais de 6° : un bourreau qui nous faisait rabâcher à l’ancienne les verbes irréguliers, la grammaire, et nous parlait sans cesse avec un très fort accent du nord de l’Angleterre de SA bataille d’Angleterre en 1940…
« Time goes on »
L’évolution professionnelle et la qualité de vie au travail
Le petit bonheur d’Olivier, c’est sa joie de savoir parler anglais. Une revanche sur des années scolaires peu valorisantes dans cette matière ? peu motivantes en tout cas. Savoir parler anglais n’est pas seulement une petite fierté, il sait que c’est un moyen de satisfaire ses désirs d’évolution professionnelle. Il aime l’informatique et les contacts. Il a fait son chemin dans un métier qui le passionne, ce qui lui a permis d’engranger avec plaisir des compétences recherchées. “Le bon plan !” me lance-t-il avec humour (Olivier est très expressif, il ponctue régulièrement son discours d’une pointe d’humour quand ça devient “trop sérieux”).
Il me fait l’effet de quelqu’un qui “sait vivre” : d’un naturel plutôt heureux a priori, respectueux et courtois, il poursuit son objectif avec simplicité, en restant à la place qui (lui) convient (il est informaticien, pas consultant en stratégie), et en se faisant respecter pour ses compétences réelles. Avec un minimum d’audace et d’authenticité, il a pu démontrer, à ses interlocuteurs comme à lui-même, que la compétence attendue résidait essentiellement dans son expertise métier, et sans doute dans un tempérament aimablement opiniâtre. Il a ainsi pris confiance en lui. Quant à l’anglais, objectivement, on ne lui demandait pas de l’enseigner. D’ailleurs, ce ne serait peut-être pas une mauvaise idée(3)…
L’intérêt qu’il a cultivé pour son métier et pour ses relations l’a entraîné dans un cercle vertueux. Même si aujourd’hui les opportunités sont moins nombreuses, il a un réseau solide sur lequel il n’hésite pas à s’appuyer pour poursuivre un objectif plus conciliable avec sa vie familiale, mais toujours dans le plaisir et le contact. Don’t worry, be happy(4) et petit bonheur deviendra grand !
Si vous souhaitez partager vos expériences positives, n’hésitez pas à adresser vos contributions à, titrées “Bourse aux petits bonheurs au travail”.
(1) Société de Service et d’Ingénierie Informatique
(2) Plaisanteries
(3) Moi j’avais une très bonne prof d’anglais en 6e. On faisait des pique-nique sur nos pupitres avec des dînettes et des denrées en plastique, ça nous a donnait le goût de la langue. Très vivante, elle arrivait à nous amuser même en nous apprenant les verbes irréguliers !
(4) Ne t’inquiète pas, sois heureux est le titre d’une chanson de Bobby Mc Ferrin.
photo sous licence creative commons – auteur : zoonabar