L’expression des salariés au travail : les résultats du sondage réalisé par l’ANACT et CSA
L’ANACT présentait avant-hier jeudi 18 octobre au cours d’une conférence de presse à Paris les résultats du sondage (1) “La place accordée à l’expression des salariés sur le travail et les conditions de travail dans l’entreprise”. Voici une brève synthèse des résultats et mon analyse après cette conférence à laquelle j’ai assisté pour laqvt.fr.
Les résultats ont été présentés par Dominique VANDROZ, le Directeur Général par intérim de l’ANACT.
Sur quel sujet discute-t-on et avec qui ?
Voici Les grandes tendances qui se dégagent de ce sondage sur l’expression des salariés :
- près de 3/4 des salariés s’expriment régulièrement sur leurs conditions de travail aussi bien entre les murs de l’organisation qu’en dehors.
- on retrouve une nouvelle confirmation que les salariés sont satisfaits de leur travail, puisque 86% des personnes sondées estiment leurs conditions de travail assez bonnes (67%) ou très bonnes (19%). Si on s’intéresse aux extrêmes, les plus fortes satisfactions sont plus fréquentes dans les petites structures de 1 à 9 salariés. Les insatisfactions les plus grandes sont un peu plus prononcées dans les très grandes structures ou parmi les séniors.
- les sujets évoqués le plus fréquemment sont les relations sociales, le contenu du travail et l’organisation du travail (environ 85% pour chacun des sujets). Viennent ensuite l’évolution professionnelle (70%), l’environnement physique (66%) et en dernier lieu la conciliation vie privée – vie professionnelle (63%).
- les sujets sont évoqués en premier lieu avec les collègues de travail (80%). C’est ensuite l’encadrement direct qui est sollicité (40% à 66% selon les sujets), en particulier sur les questions d’évolution professionnelle. Les échanges se font dans une moindre mesure avec la direction (18% à 31% selon les sujets), avec les représentants du personnel (10% à 27%) et de manière assez marginale avec le médecin du travail, sauf sur la thématique de la sécurité.
- 92% des managers ont le sentiment de favoriser l’expression sur les conditions de travail.
- seuls 11% des salariés s’expriment à travers les réseaux sociaux.
Pour quel résultat ?
Les salariés ont ensuite été interrogés à propos des effets des discussions sur les conditions de travail.
En premier lieu, il me semble intéressant de signaler que les salariés voient très peu d’impacts négatifs des discussions (entre 2% et 5%).
40% des salariés considèrent que les discussions n’ont aucun effet, et de manière plus importante dans les plus grandes entreprises (50%). Face à un tel chiffre, on peut regarder le verre à moitié plein ou à moitié vide.
J’ai deux observations pour essayer de le mettre en perspective :
- le niveau de satisfaction sur les conditions de travail, comme indiqué précédemment, est élevé.
- le sondage ne fournit pas d’information sur la hiérarchisation des sujets et donc il faut prendre garde à une surinterprétation de ce chiffre dans un sens ou dans l’autre.
L’acteur identifié comme étant le plus susceptible de faire progresser les conditions de travail est la direction (50%). Le manager n’est mentionné qu’en 3ème position (16%) après les salariés (21%). Les représentants du personnel sont peu identifiés sur ce sujet (7%). On peut remarquer ici que, si l’encadrement direct est un interlocuteur important pour l’expression sur les conditions de travail, les salariés considèrent visiblement que ce n’est pas lui qui détient les clés de leur amélioration.
Focus sur la conciliation entre vie privée et vie professionnelle
Sur les différents grands sujets évoqués par les salariés, il m’a paru intéressant, au vu de ces résultats, de m’arrêter sur celui de la conciliation vie privée – vie professionnelle.
En effet, non seulement on peut constater un double phénomène :
- ce sujet est en queue de peloton en terme d’expression, et en particulier en retrait des autres sujets quand il s’agit de s’exprimer auprès de l’encadrement direct, de la direction et des représentants du personnel.
- c’est sur ce sujet que les salariés voient le moins d’effets de leurs discussions.
D’où l’interrogation que l’on peut avoir : quelle est la part des choses dans le faible niveau d’expression sur la conciliation vie privée – vie professionnelle entre :
- la réticence des salariés à s’exprimer du fait de la frontière avec la vie privée,
- et une reconnaissance insuffisante au sein des organisations du droit à s’exprimer sur ce sujet.
Avec entre autres l’intrusion des NTIC dans nos vies, il me semble que l’expression sur ce sujet mérite réflexion et action.
Retrouvez tous les résultats de ce sondage.
(1) Sondage réalisé avec l’institut CSA du 5 au 15/9/2012 auprès de 1011 salariés actifs