Sondage Allongement de la vie au travail 2011

Sondage ANACT et TNS SOFRES sur l'allongement de la vie au travail
A l’occasion de la 8ème Semaine pour la Qualité de Vie au Travail, l’ANACT (Agence Nationale d’Amélioration des Conditions de Travail) et TNS Sofres ont réalisé un sondage sur la perception qu’ont les salariés de l’allongement de la vie au travail.

Suite à la réforme des retraites, on peut trouver judicieuse l’idée de l’ANACT de mettre en discussion le sujet de l’allongement de la vie professionnelle à l’occasion de sa 8ème semaine de la qualité de vie au travail. Une façon aussi par ce sondage de prendre la température des personnes au travail quelques mois après cette réforme.

Voici les grandes questions posées :

  • Perception de l’allongement de la vie au travail
  • Santé et allongement de la vie au travail
  • Développement des compétences et implication jusqu’à la fin de la vie professionnelle
  • Les actions pour favoriser l’allongement de la vie au travail
  • Une façon différente d’envisager la suite de la vie professionnelle

Perception de l’allongement de la vie au travail

La première question porte sur la perception de l’allongement de vie au travail. 50% des sondés ont une perception positive contre 49% qui voient l’allongement de manière négative. Aux extrêmes, les plus négatifs sont deux fois plus nombreux que les plus positifs (20% Vs 11%).

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En terme de classe d’âge, et fort naturellement, les jeunes sont plus positifs (77%) et les séniors plus négatifs (58%). En terme de catégorie socioprofessionnelle, les cadres ont une meilleure perception (59%).

Pour prolonger cette question, les plutôt positifs d’un côté et les plutôt négatifs ont été interrogés sur les raisons de leur perception (plutôt positives ou plutôt négatives).

Pourquoi perçoit-on positivement cet allongement ?
Pour une conjugaison de raisons massivement rapportées : principalement, l’intérêt du travail, les conditions de travail, l’état de santé, l’ambiance et le sentiment d’apprendre, d’être utile et d’être reconnu.

Pourquoi perçoit-on négativement cet allongement ?
En premier lieu (58%), parce qu’on a des projets personnels en dehors du travail et que le temps qu’on pensait leur allouer sera trop limité. Les autres raisons tiennent à la vie professionnelle, et principalement (53%) aux conditions de travail. Les conditions de travail sont plus prégnantes pour les professions intermédiaires (64%) et les ouvriers (62%).
A noter que sur ces deux raisons, les positions les plus tranchées l’emportent sur les moins tranchées (projets personnels : tout à fait 36% et plutôt oui 22%)

30% des personnes rétives à l’allongement invoquent un problème de santé.

Les raisons d’une perception négative sont plus disparates. A l’exception des deux principales raisons évoquées (externe au travail et conditions de travail), aucune des autres raisons ne rallie la majorité des réponses (inférieur à 40%).

La conclusion du sondage sur cette question pointe l’importance des conditions de travail sur la perception de l’allongement de la vie au travail.

Des bonnes conditions de travail constitueraient un facteur clé de l’acceptabilité du recul de l’âge de départ à la retraite.

Santé et allongement de la vie au travail

55% des sondés se déclarent inquiets des conséquences de leur emploi sur leur santé à long terme.

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Les populations les plus inquiètes sont les ouvriers (71%), les personnes travaillant en alternance jour/nuit (69%) et la classe d’âge 25-34 ans (63%). Inversement, les moins inquiets sont les cadres (32%).

Elles mettent en avant deux types de risques: les risques physiques (66%) concernant davantage les hommes et les professions manuelles et le stress au travail (62%) concernant davantage les femmes, les cadres et les professions intermédiaires.

Les moins inquiets sont sur-représentés chez les cadres.

Les moins inquiets considèrent combiner un ensemble de conditions favorables, dont principalement une charge de travail supportable (89%), une bonne hygiène de vie (86%), un niveau de stress supportable (86%), un travail enrichissant (86%)… La raison sur laquelle ils se retrouvent le moins tient aux contraintes physiques (57%).

Charge de travail, stress supportable et contenu enrichissant, les 3premiers facteurs de longévité.

Développement des compétences et implication jusqu’à la fin de la vie professionnelle

57% sont confiants dans l’idée de pouvoir développer leurs compétences d’ici la fin de leur vie au travail. 41% ne sont pas confiants. Les chiffres sont quasiment équivalents pour l’implication jusqu’à la fin de la vie professionnelle.

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Un lien fort est établi dans ce sondage entre développement des compétences et implication. En effet, les personnes qui sont confiantes dans les possibilités de développer leurs compétences sont aussi confiantes dans leur implication future. Et inversement, défiance dans les possibilités de développer les compétences va de pair avec doute sur l’implication future.

Par ailleurs, les populations les plus concernées immédiatement par l’impact de l’allongement de la vie professionnelle (les séniors) sont parmi celles les moins confiantes sur ces deux dimensions.

Probablement un enjeu court terme à examiner par les organisations.

Le déficit d’implication d’ici la fin de la carrière est impacté par des éléments externes et internes. Les éléments externes sont liés à la place des projets personnels (70%). D’où l’importance du sujet de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

Les éléments internes sont liés principalement aux perspectives d’évolution (55%), aux signes de reconnaissance au travail (54%), à l’intérêt du travail (48%) et à la qualité des relations au travail (45%)
Pour ceux qui sont confiants dans leur implication, comme pour les questions précédentes, se conjuguent un ensemble de conditions favorables : une bonne santé (92%), l’efficacité professionnelle (92%), l’autonomie (91%), la fierté du travail (91%), la reconnaissance au travail (88%)…

Développement des compétences et implication jusqu’à la fin de la vie professionnelle vont de pair.

Les actions pour favoriser l’allongement de la vie au travail

Toutes les mesures proposées dans le sondage pour accompagner l’allongement de la vie professionnelle sont jugées importantes ou prioritaires. Six d’entre elles sont jugées prioritaires par plus d’1 sondé sur 2 :

  • La formation régulière de l’ensemble des salariés (61%),
  • La valorisation de l’expérience des plus anciens pour former les plus jeunes (57%)
  • La réduction des situations pénibles ou routinières (53%)
  • La mise en place de mesures concrètes contre les risques professionnels (53%)
  • L’accompagnement des salariés lors de changements organisationnels ou techniques importants (52%)
  • L’incitation au travail inter génération et la solidarité (51%)
    Une mesure est relativement en retrait : le recrutement des séniors (18% la juge prioritaire… mais 56% la considèrent importante et secondaire).
Toutes les mesures proposées sont globalement plébiscitées.

Une façon différente d’envisager la suite de la vie professionnelle

53% des sondés n’envisagent pas différemment leur carrière professionnelle du fait de la réforme de l’âge de départ à la retraite. 45% l’envisagent autrement.

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Ce sont les populations jeunes qui ont répondu le plus positivement (60%). Inversement les séniors sont moins nombreux (37%).

Les actions retenues privilégient l’évolution des compétences et la reconversion.

Les jeunes paraissent avoir mieux assimilé l’allongement de la vie au travail et les impacts sur la carrière professionnelle.

Nos considérations générales

Deux points communs aux grandes questions posées est à relever :

  • quand les sondés sont satisfaits, ils se retrouvent assez unanimement sur la plupart des raisons proposées. Par contre, les sondés ayant une perception négative invoquent des raisons très différentes et se retrouvent sur un nombre limité d’entre elles.
  • Les positions sont très tranchées dans les réponses aux raisons des perceptions : les réponses “non, plutôt pas” et “plutôt, oui” sont très minoritaires par rapport aux réponses “Non, pas du tout” et “Oui, tout à fait”.

Retrouvez tous les résultats sur la page dédiée du site www.qualitedevieautravail.org

Olivier Hoeffel

Responsable éditorial de laqvt.fr Auteur des blogs lesverbesdubonheur.fr et autourdelabienveillance.fr

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