Notre analyse des résultats du 2ème baromètre QVT dans l’ESS
Chorum, la mutuelle de protection sociale complémentaire des acteurs de l’ESS (Economie Sociale et Solidaire) présentait hier 7 mars 2017 les résultats du 2ème baromètre sur la QVT Qualité de Vie au Travail (QVT). Voici quelques enseignements de ce baromètre qui a été réalisé avec l’Institut CSA.
En 2013, Chorum a créé le baromètre de la QVT dans l’ESS.
Chorum avait annoncé à l’époque vouloir actualiser ce baromètre tous les 3 ans. Chose promise, chose due, voici donc en mars 2017 présentés les résultats de ce 2ème baromètre établi à l’automne 2016 avec une base de 6 246 répondants.
Voici une brève analyse des résultats de ce baromètre qui ne reprend pas l’ensemble des questions.
Une dégradation de la QVT
La note attribuée à leur QVT par les salariés passe de 6,3/10 à 6,1/10 et celle des dirigeants de 7,4 /10 à 7,2/10.
Si on peut considérer que la dégradation n’est pas très marquée, en revanche, il faut noter que la moitié des salariés (49%) et 1/3 des dirigeants (34%) ont exprimé un ressenti de dégradation. En 2013, il y avait déjà un ressenti de dégradation du même ordre de grandeur. C’est donc un sentiment général de dégradation qui se poursuit.
Changements d’organisation (51%), manque de reconnaissance (33%), pb de rémunération (32%), ambiance (31%) pèsent le plus sur le sentiment de dégradation.
Pour les personnes qui ont ressenti une amélioration (22% des salariés et 32% des dirigeants), les principales raisons invoquées sont l’ambiance de travail (38%), l’intérêt du travail (38%), les changements d’organisation (31%) et la reconnaissance des compétences (31%).
Deux enjeux d’importance : les transformations et la pression liée au déséquilibre missions/moyens
Les fusions et transformations organisationnelles
La moitié (47%) des salariés interrogés qui ont connu des cas de fusion ou changements organisationnels, y voient un impact négatif sur leur travail et déclarent un niveau nettement moins bon de leur QVT : 4,7/10. A noter que 25% des dirigeants considèrent aussi que le bilan est négatif sur leur travail.
Près d’1/3 (29%) des personnes interrogées ont vécu une fusion ou un changement dans leur structure.
Un indicateur est éventuellement à relier : il y a une baisse du taux de participation des salariés au projet de la structure : 58% au lieu de 63%.
Les salariés se plaignent particulièrement d’un manque d’information dans ce type de contexte de transformation.
On voit bien dans ces résultats et ceux évoqués dans la section précédente à la fois les dégâts en matière de QVT quand les salariés ne sont pas associés ou insuffisamment informés dans les contextes de transformations et inversement de l’effet bénéfique de la co construction et des démarches participatives sur la QVT, y compris sur les conditions de travail au quotidien liées au poste de travail. Sur ce point, il faut noter que les personnes associées au choix des matériels et équipement de travail déclarent un niveau de QVT plus élevé : 7,2/10
Nous voyons donc un premier enjeu : celui de promouvoir les démarches participatives dans les structures de l’ESS, aussi bien sur leur projet global que sur les transformations très terre à terre des postes de travail.
La pression liée au déséquilibre missions/moyens
Quand on interroge les personnes sur les exigences du travail, quel que soit leur statut, la moitié d’entre elle considèrent être constamment sous pression et ne pas avoir le temps de souffler (sentiment encore plus fort pour les dirigeants : 65%, mais en amélioration depuis 2013 pour eux). La moitié des répondants trouvent que leur charge de travail est excessive.
Ces phénomènes impactant négativement la QVT sont à associer à la raréfaction des moyens pour assurer la pérennité des activités des structures et une réponse adaptée aux besoins des bénéficiaires. En notant pour certains secteurs de l’ESS un grand écart qui se creuse entre objectifs et moyens, par les deux bouts : moins de subventions alors que les attentes et les besoins des bénéficiaires sont en augmentation. En d’autres termes : il faut faire plus avec moins.
L’équation pouvant être quelques fois impossible, il nous parait important sur laqvt.fr de promouvoir les dispositifs qui permettent de travailler collectivement les objectifs et les moyens pour ne pas laisser l’individu dans un sentiment individuel d’impuissance voire de culpabilité. Ce travail collectif mérite d’être mené y compris avec les parties prenantes externes, dans l’esprit de la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE).
Ce sur quoi peut s’appuyer l’ESS
Les points forts qui ressortent du baromètre pour les salariés sont l’ambiance (78%), le bon vécu des outils numériques (88%), la fidélité à l’ESS (83%) et un fort sentiment d’être reconnu par les bénéficiaires (97%).
Le sentiment d’utilité du travail réalisé et le soutien managérial sont forts.
Piège et opportunité
Si, comme cela a été évoqué plus haut, les salariés de l’ESS sont particulièrement attachés à ce secteur et si certains indicateurs sont clairement au vert, un bon niveau de QVT n’est ni acquis ni par “par essence” du seul fait de l’appartenance à l’ESS. Par ailleurs, notons qu’en comparaison avec la moyenne nationale mesurée à l’occasion de la semaine de la QVT organisée par l’ANACT en 2013, le niveau de QVT dans l’ESS est à peine supérieur (6,3/10 au lieu de 6,1/10 en 2013).
La QVT est un vrai sujet aussi dans l’ESS et au vu des enjeux liés aux fusions et transformations organisationnelles, les structures de l’ESS pourraient se saisir des projets de transformations comme des opportunités de servir leur projet politique, social, … et d’améliorer le niveau de QVT.
De prochaines échéances électorales qui pourraient peser lourd
Nous avons évoqué précédemment l’enjeu de la pression liée au déséquilibre missions/moyens. Il est évident que les prochaines échéances électorales mettent en choix des politiques qui auront des impacts à la fois en matière sociale (beaucoup de structures de l’ESS pouvant se trouver en situation d’avoir à faire face à plus de demandes de bénéficiaires) et sur les niveaux de subvention qui leur seraient octroyées.
Souhaitons que les politiques qui découleront des prochaines élections rendront plus faciles les équations missions/moyens pour donner aux structures de l’ESS plus de temps et plus de moyens d’améliorer la QVT de celles et ceux qui aspirent à réaliser avec fierté leurs belles missions dans des conditions de préservation de leur santé physique, psychique et sociale.
Retrouvez l’ensemble des résultats dans les deux documents suivants :
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