Fort de café !

Novéquilibres : Fort de café !
Pour une majorité d’entre nous, la journée démarre avec un café. Chez soi, au bureau ou au café du coin, on déguste sa dose de caféine et on est prêt pour le boulot ! Ensuite, au cœur des pauses, le p’tit café partagé fait partie de la vie au travail où il définit des moments d’échange privilégiés. Le café, facteur de Qualité de Vie au Travail (QVT) ?

L’ami du petit déjeuner, malgré son amertume !

Le café n’est pas passé de mode comme le prédisait la Marquise de Sévigné. Dès le 18e siècle, les cafés se multiplient en France, lieux de rencontre propices à l’effervescence. Le grain torréfié donne son nom au lieu café, c’est un cas unique. Sans la découverte à peu près contemporaine du sucre de canne, on peut se demander si le café aurait connu un tel succès ! Il est rare qu’on commence à l’apprécier dans toute son amertume, cela relève d’un apprentissage du goût.

La caféine, alcaloïde

La caféine stimule le système nerveux central. A doses modérées elle accroit la vigilance et réduit la somnolence. D’où son usage apprécié pour vaincre la somnolence physiologique du début d’après-midi et pour favoriser la vigilance durant les périodes de travail nocturne.

La caféine améliorerait la performance cognitive ; une étude réalisée en 2014 par l’université Johns Hopkins de Baltimore a mis en évidence que la caféine améliore la mémoire visuelle. La caféine réduirait le risque de maladie de Parkinson, voire de maladie d’Alzheimer selon certaines études (1).

La consommation de caféine doit être limitée à 400 mg par jour soit environ 4 tasses à prendre avant 16 heures si on ne travaille pas en soirée. L’effet stimulant du café perdure jusqu’à 6 heures après qu’on l’a bu ; pris en fin d’après midi, un café risque de perturber le sommeil. La teneur en caféine du café dépend du mode de préparation, notamment la durée de l’infusion et de la variété – arabica ou robusta deux fois plus costaud.

L’EFSA (Autorité Européenne de Sécurité des Aliments) a rédigé en 2015 une évaluation du risque relative à la caféine. On ne doit pas abuser de cette substance naturelle présente également dans le cacao, le thé, la noix de cola. L’EFSA attire l’attention sur le cumul de caféine lié à la prise de sodas au cola, cafés et boissons énergisantes (contenant aussi taurine, D-glucurono-γ-lactone, autres stimulants de l’organisme qui s’ajoutent à la caféine contenue à raison de 50 à 100mg par cannette). Outre l’insomnie, trop de caféine provoque tachycardie, anxiété, nausées, vomissements. A long terme, une consommation de plus de 4 tasses par jours accroit le risque cardiaque, en particulier chez les personnes souffrant d’hypertension.

Pour ceux qui sont sensibles à la caféine, des variétés d’arabica à très faible teneur en caféine ont été sélectionnées, ce qui évite les traitements aux solvants utilisés lors de la décaféination industrielle.

Au travail : la pause-café

En général on apprécie ce moment de détente particulièrement favorable aux échanges sans enjeu, qui facilite les relations entre collègues et avec les managers. La machine à café devient un lieu de vie collective  pour une meilleure interconnaissance. Bien sûr, on n’y traite pas de sujets de fond (et encore…) mais cela facilite le climat de confiance réciproque qu’on recherche pour développer ensuite des espaces de paroles centrés sur le travail ainsi que le préconise l’ANI (2).

Il convient de se conformer aux temps de pause prévus dans l’entreprise car ils sont liés à l’organisation du travail (3). Un abus de bavardage entre collègues, une pause longue (3) peut motiver un rappel à l’ordre, tout étant question de mesure. Et rien n’empêche d’emporter son café ou son thé à son bureau. Attention de ne pas renverser ce compagnon de travail !

Les réunions démarrent souvent par le rituel d’un café partagé, comme un sas qui débouche sur le vif du sujet dans la convivialité. Soulignons l’attitude ouverte de celui/celle qui prépare le café pour tous, un acte gratuit de coopération qui mérite d’être valorisé (4).

Café et travail de nuit

Pour les travailleurs de nuit, l’apport de caféine est particulièrement important car il permet de limiter les risques de somnolence, et d’accidents dus au manque de vigilance.

Une tasse avant de prendre son poste, une autre à la pause principale voilà qui constitue une bonne base. Il faut éviter l’excès de caféine qui va altérer la qualité du sommeil de jour déjà fragilisé. La récupération sera alors difficile.

D’autres nutriments favorisent la vigilance, la vitamine C contenue dans les fruits et les protéines contenus dans les viandes, œufs, et poissons. Une collation salée, à base de viande et de fromage est adaptée pour accompagner le café de la pause de nuit. En revanche le grignotage de sucreries induira sommeil, hypoglycémie et prise de poids.

Pause café clope ?

Voilà un duo infernal ! Imaginez :  la caféine peut augmenter le risque de dépendance à la nicotine, et les fumeurs éliminent plus vite la caféine. Plus on prend du café, plus on fume, plus on fume, plus on peut avaler de caféine ! Les deux font la paire. Préférez d’autres à côtés : nuage de lait, petit carré de chocolat, petit verre d’eau fraiche à l’italienne.

Savourez surtout le temps de pause, pour recharger les batteries et vous détendre en échangeant avec des collègues. Votre café a des propriétés physiologiques utiles et de véritables vertus sociales !

 

 

(1) Source: EFSA Journal 2015 doi:10.2903/j.efsa.2015.4102 EFSA Panel on Dietetic Products, Nutrition and Allergies (NDA).

(2) ANI QVT EP Article 12 – Encourager et favoriser l’expression des salariés sur leur travail.

(3) Le code du travail prévoit à minima une pause de 20 minutes après 6 heures de travail.

(4) cf notre article Altruisme, Bienveillance, Compassion (ABC) et QVT

Dominique Poisson

Dominique POISSON est consultante en nutrition, membre du comité éditorial de laqvt.fr, associée de Novéquilibres

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