Gratuité et gratitude

Novéquilibres : Lien entre gratuité, gratitude et reconnaissance

Après avoir lancé le sujet de la gratuité au travail dans mon précédent article sur le sujet ( parlons de gratuité au travail ), je me propose d’explorer maintenant les liens entre gratuité et gratitude.

Parlons étymologie

Pour commencer, voici quelques considérations au niveau étymologique :

  • Gracia : grâce
  • Gratus : gratitude, reconnaissance, grâce, charme, beauté
  • Gratis : (Datif et ablatif pluriel de gratia) : gratuit

Nous pouvons constater que gratuité et gratitude ont la même racine qui renvoie à la grâce et l’action de grâce. La gratitude reconnaît le service rendu, un bienfait reçu.

Gratuité → Gratitude ?

La gratuité ou le don au travail devraient conduire de manière assez naturelle à la gratitude des bénéficiaires auprès des donneurs.
Sauf qu’au travail, ce n’est pas toujours le cas. Bon nombre d’individus se plaignent déjà d’un manque de reconnaissance en ce qui concerne la dimension donnant-donnant de leur relation au travail. C’est certainement encore plus vrai pour la dimension de gratuité qui se traduit par quantité de gestes et d’initiatives dont j’ai donné des exemples dans mon article précédent.
Gratitude et reconnaissance sont des concepts assez proches. Je me suis intéressé naturellement à la question de la reconnaissance à l’époque où je me suis spécialisé dans les risques psychosociaux. La reconnaissance est un des facteurs tout à fait essentiels de la qualité de vie au travail et inversement le déficit de reconnaissance au travail est constaté de manière récurrente dans les enquêtes sur la souffrance au travail.
Retenons dans tout cela, que l’individu a besoin de reconnaissance (et pas seulement au travail) et que cela participe à son bien-être psychologique.
Grâce à la psychologie positive j’ai visité l’autre côté du miroir. En effet, un levier important pour apporter du bien-être et du bonheur à l’individu est celui de la gratitude.
On peut donc en conclure que l’individu a tout intérêt à la fois à être dans la gratitude et à recevoir de la gratitude.

Culture de la gratuité et de la gratitude

Considérons alors qu’il y a à trouver une articulation entre responsabilité individuelle et responsabilité collective pour développer la culture de la gratitude dans l’organisation (tout en gardant l’idée de cultiver la gratuité). Les bienfaits sont partagés par celui qui donne de la reconnaissance et par celui qui la reçoit.
Cette culture constitue un accélérateur du développement de la gratuité. En effet, la gratuité ne peut se développer durablement que si les actes de gratuité sont gratifiés individuellement et collectivement.
Arrivons à une question plus épineuse : donner de la reconnaissance procède-t-il d’un acte de gratuité ou de donnant-donnant ?
Je propose que l’on puisse considérer que l‘acte de gratuité n’oblige pas à un retour de don, mais au minimum à un acte de gratitude, qui pour le coup pourrait être considéré comme une dimension donnant-donnant d’un acte gratuit.
Il faut voir cela, non comme une obligation “morale”, mais plutôt comme une excellente habitude qui fait du bien à tous.

Cette culture ne peut pas se décréter ni se développer en un jour car il existe plusieurs freins psychologiques. Par exemple la croyance négative qu’accepter un don serait une perte d’indépendance et l’aveu d’une faiblesse ou d’une insuffisance.

Je développerai les freins à la gratuité et à la gratitude dans un prochain article.

photo sous licence creative commons – auteur : sjdunphy

Olivier Hoeffel

Responsable éditorial de laqvt.fr Auteur des blogs lesverbesdubonheur.fr et autourdelabienveillance.fr

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