Grignotez des légumes !
De nouvelles tendances alimentaires se développent rapidement. Grignotage, snacking*, paniers recettes prêts à l’emploi, box, livraison par les restaurateurs sont autant de nouvelles manières de manger… Boostés par les technologies numériques comme dans pratiquement tous nos domaines de vie, ces changements d’habitudes alimentaires apportent de la fluidité dans l’organisation quotidienne de chacun. Quand le travail prédomine, ils y apportent des latitudes appréciables, participant à l’amélioration de la Qualité de Vie au Travail (QVT). Mais comment faire pour que la qualité et la variété des mets soient préservées ?
Le grignotage
Chez nous on grignote, on prend une collation, on goûte, on fait une pause selon le moment, le lieu, les convives, les occupations concomitantes. Pour les anglosaxons un seul terme : to snack, snacking, que nous pratiquons de plus en plus et qui gagne chez nous ses lettres de noblesse.
A la base, “grignoter” c’est picorer, chipoter, ronger petit à petit. Cela ne fait pas partie vraiment des bonnes habitudes de consommation de repas. Des aliments grignotés à toute heure, sans envie réelle, ni plaisir conscient cherchent à répondre à un besoin de réconfort. Le stress est souvent mis en cause. Le résultat est la consommation d’aliments peu adaptés aux besoins nutritionnels, responsables de surpoids et de sur stress. On peut d’autre part définir le grignotage comme tout ce qui apporte des calories en dehors des repas (le sucre dans le café qui fait toute la différence).
De moins en moins de temps pour les repas, plus de petites pauses
Le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CREDOC) vient d’analyser comment on grignote** en France. L’infographie intitulée « les principaux moments hors repas » illustre ses résultats.
C’est devenu une habitude de consommation pour 38% des Français, d’abord par plaisir, pour couper la faim et pour décompresser. 86 % des grignotages ne provoquent aucune culpabilité, et c’est tant mieux !
Parmi les pauses mentionnées, il y en a qui s’insèrent dans un rythme sain : elles renforcent les repas principaux qui ont tendance à s’alléger (un ou deux plats au lieu de 3 ou 4 autrefois) et elles augmentent la variété des apports (laitages, fruits, céréales).
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- Vers 10 heures, 35% des personnes prennent une boisson chaude avec des fruits, des céréales ou des biscuits sucrés, complément d’un petit déjeuner manqué.
- Dans l’après-midi, une consommation du même type fait office de collation pour 43,5% d’entre eux, de quoi tenir jusqu’au soir.
Il y a aussi des pauses qui sont plus à risque de trop et mal manger. Après le repas du soir, 22,5% des personnes interrogées prennent des sucreries, boisson sucrée ou du chocolat. Le repas du soir risque alors de se prolonger indéfiniment surtout si on est devant un écran, et qu’on ne prête pas attention à ce qu’on mange.
Enfin 42,2% des français, principalement le weekend et en région urbaine, remplacent le repas du soir par un apéritif dînatoire à base d’alcool, de biscuits salés et autres produits sans préparation culinaire. Ces moments conviviaux en mode sandwich et tartines sont appréciés de tous. On peut s’interroger sur les qualités nutritionnelles et la variété des aliments consommés, l’attention qu’on porte à ce qu’on mange lors de ces « apéros ». L’équilibre nutritionnel en lien avec l’énergie et la forme au quotidien est-il au rendez-vous ?
De moins en moins de fruits et légumes
Autre tendance : de moins en moins de légumes sont consommés. Les exhortations du PNNS sont sans effets. Le régime méditerranéen, riche en légumes, fruits, noix, légumineuses, huile d’olive, pauvre en viande, est unanimement recommandé pour prévenir diabète de type 2 et maladies cardiovasculaires. Grâce à ses apports en nutriments issus des produits végétaux (fibres, acides gras bénéfiques pour la santé (dont oméga 3), vitamines et phyto nutriments) il préserve la santé et le moral. Ce régime a d’ailleurs été intégré en 2013 à la liste des héritages culturels intangibles de l’Humanité, comme notre gastronomie française. Mais il est de moins en moins observé, y compris dans les pays qui l’ont inventé.
Selon le CREDOC, moins d’un quart des Français parvient à suivre les recommandations en fruits et légumes du PNNS. Les trois quarts n’atteignent pas les consommations nécessaires pour maintenir une bonne santé et prévenir les maladies cardiovasculaires.
Les volumes de fruits et légumes baissent et c’est une tendance forte. A eux seuls, les seniors, soit 36 % de la population française, ont acheté 46 % des volumes de fruits et légumes vendus en 2017***. Les plus jeunes n’ont pas repris ces bonnes habitudes de consommation. Faut-il y voir un lien avec les nouvelles habitudes évoquées plus haut ? La question est posée.
Le snacking (au sens propre “manger un en-cas”) n’est pas synonyme de malbouffe; c’est peut être une solution.
L’élaboration des repas évolue. L’utilisation de produits transformés ou d’assemblage, des plats tout prêts, de petites collations sont autant des réponses à des contraintes d’emploi du temps et de logistique. Les en-cas peuvent être facteur d’amélioration de la QVT, si on considère le gain de temps pour s’organiser. On reste gourmand, c’est tant mieux pour la QVT, entre autres. Les produits consommés ne sont pas forcément de pauvre qualité nutritionnelle. Une offre appétissante de recettes à base de légumes, céréales, fruits se développe souvent en bio. Les snacks ainsi proposés sont recommandés, seul bémol un prix souvent élevé.
On peut aussi composer chez soi, à base de produits bruts, son ou ses en-cas pour le bureau.
Dans tous les cas, tentons de rester attentifs à ce qu’on fait, quoi qu’on fasse : que la fragmentation des prises ne s’ajoute pas à la fragmentation de l’attention, mais dans un moment choisi vienne la combler. Davantage de pauses, c’est davantage d’occasions de prendre soin de soi avec une belle collation.
*Grignotage : si l’écureuil anglais nibbles (grignote), l’Anglo-Saxon snacks (mange à n’importe quelle heure un en-cas) depuis longtemps.
**Etude réalisée par le Crédoc pour Mondelez International (25 marques dont LU, Belin, Milka, Oreo, Côte d’Or…) via des entretiens conduits en ligne en juillet et novembre 2017 auprès d’un échantillon représentatif de 1 182 personnes.
***D’après FranceAgriMer, le 27 avril 2018. FranceAgriMer, établissement national des produits de l’agriculture et de la mer, exerce ses missions pour le compte de l’État, en lien avec le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation.
Source de la photo : gratisography