Les préalables à l’amélioration de la QVT : Mon rapport au temps
Améliorer la Qualité de Vie au Travail (QVT) ne procède pas du “y a qu’à, faut qu’on !”. Des préalables me semblent nécessaires pour aborder efficacement l’amélioration individuelle et collective de la QVT.
Après avoir évoqué dans deux précédents articles notre propre responsabilité en première intention et l’attention réciproque, je vous propose un troisième préalable : le rapport au temps.
De quel temps parle-t-on ?
C’est sûr que le temps qu’il fait et celui qu’on aimerait qu’il fasse, ça joue sur le moral, sur notre relation aux autres, sur notre réaction aux inévitables grains de sable, voire gros cailloux qui nous empêchent de faire tourner la belle mécanique de notre vie quotidienne au travail.
Mais laissons de côté la météo qui, bien qu’ayant beaucoup plus d’influence qu’on pourrait l’imaginer, n’est tout de même rien à côté de ce que représente probablement un des enjeux les plus importants en terme de QVT et d’amélioration de la QVT : notre façon d’aborder le temps … qui passe trop vite et qui nous est tellement précieux qu’il s’agit de le comptabiliser, de le gérer comme une réserve d’eau chiche en pleine traversée d’un désert, de le chasser, de le sauvegarder, de le préserver de tous les parasites qui veulent nous le voler. C’est tout un programme qui nous occupe l’esprit continuellement si on n’y prête pas attention et si on n’oeuvre pas avec persévérance pour reprendre le dessus.
Gagner ou perdre
Quel beau combat que celui de gagner du temps ! Qui, une fois qu’il nous appartient, nous conduit à un autre combat : ne pas le perdre. A moins que ce soit dans l’ordre inverse, c’est selon.
Voulez-vous améliorer la QVT ? Sur le principe, oui, pourquoi pas ! Mais attention, voici la grosse réserve : “combien de temps ça va me prendre” ? Et c’est là que ça se complique, car le verbe “prendre” procède trop souvent de la comptabilité en débit (et à court terme) : si on prend du temps, ça veut dire qu’on le perd. C’est logique, c’est mathématique.
Je vous propose une autre façon de voir les mathématiques sur le temps :
somme des temps que je gagne + somme des temps passés à ne pas perdre mon temps < temps qui sera nécessaire pour me remettre du burnout qui me pend au nez (1 an ? 2 ans ? 3 ans ? …).
En quoi un mauvais rapport au temps est-il délétère pour la QVT ?
Un mauvais rapport au temps donne une place exagérée à l’immédiateté, à l’urgence et au court terme.
Pour bien faire, et pour faire déjà tout court, la QVT se conçoit obligatoirement sur les 3 plans : court terme, moyen terme et long terme.
En se limitant au court terme, on ne sera pas en capacité de comprendre l’intérêt d’investir le temps pour réfléchir aux enjeux et pour co construire des actions d’amélioration.
Par ailleurs, on ne prendra pas le temps dans son quotidien d’adopter des comportements qui vont faire du bien et rendre plus efficace et plus heureux au travail : le temps de dormir suffisamment, de s’alimenter correctement, de s’hydrater, de s’aérer le corps et l’esprit, de bouger, de relaxer le corps, de se ménager des moments de récupération, de cultiver les relations interpersonnelles, de prendre conscience des moments agréables, d’apprécier, de ressentir de la gratitude, d’exprimer de la reconnaissance, de sortir du mode monologue croisé dans les pseudo dialogues.
Si on ne dégage pas du temps, il est impossible de répondre aux deux autres préalables déjà évoqués : celui de s’emparer de sa propre responsabilité en matière de QVT et celui de porter intérêt à la QVT des autres.
Du temps pour cultiver la QVT
Vous voulez cultiver votre QVT, la QVT dans votre organisation ? Alors, c’est comme pour la culture d’un potager, il faudra le temps de concevoir ce potager et d’échanger avec d’autres jardiniers, le temps de le constituer, celui de semer, d’arroser, d’entretenir. Des temps pour agir, des temps à attendre (on peut faire aussi autre chose), des temps pour s’émerveiller, des temps pour récolter.
Vous n’avez pas le temps ? Personne autour de vous non plus ? Alors, je vous suggère de vous intéresser à notre initiative Le temps sur la table.
Pour ma part, j’ai apprécié le temps pris pour écrire cet article. Un temps gagné ? perdu ? Q’importe, puisque ce temps m’a semblé juste.
A votre bonne QVT !
Photo sous licence creative commons – auteur : Jonathan Cohen
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