NOUS, voyage en pays d’humains

Marlène Bourderon, peintre et plasticienne, a imaginé le projet artistique participatif « NOUS, voyage en pays d’humains ».
Les œuvres réalisées sont des peintures sur bois (polyptyques).
Nous nous sommes entretenus avec elle.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours professionnel et artistique ?

Depuis une vingtaine d’années, je travaille à partir de thèmes que j’explore :

le silence de la guerre d’Algérie; la structure invisible de la matière; les banlieues, celles des âmes et celles des villes; les relations avec la nature; le temps, celui hors du temps des vacances; nos univers urbains…

Tout d’abord sous forme de séries dont je ne peux dissocier les éléments. Puis sous forme de tableaux multifacettes, exposés dans les endroits les plus divers, très souvent hors des cadres habituels du domaine artistique : par exemple au Collège de France pour “Atomes et molécules”.

Parallèlement à cette recherche personnelle, j’ai régulièrement travaillé à l’encadrement de réalisations collectives (peintures murales, installation), avec toutes sortes de publics, ainsi qu’à la conception et scénographie de différentes expositions. Par ailleurs je suis chargée de cours en arts plastiques à l’université d’Evry-Val-d’Essonne.

Peu à peu les questionnements fondamentaux habitant mon travail se sont formalisés de manière consciente autour de l’utilité sociale de l’artiste et de l’engagement artistique. C’est ce qui m’a conduite à concevoir des projets tels que « NOUS, voyage en pays d’humains », sous la bannière que j’ai faite mienne : “l’art pour mettre en lumière”.

Vous avez imaginé le projet artistique intitulé « NOUS, voyage en pays d’humains ». De quoi s’agit-il ?

Il s’agit d’un projet dont le sujet est Nous, les êtres humains. Il vise à mettre en lumière, à partir d’une balade en peinture et dans les univers humains les plus divers, ce questionnement qui traverse actuellement toutes les strates de la population et touche l’ensemble des activités de notre société : notre devenir.

Je propose à toutes les structures concernées par ce questionnement (entreprises, collectivités locales, associations, etc.) de participer à ce projet en travaillant sur un aspect particulier de leur réalité, à partir d’une problématique pertinente pour elles. J’espère ainsi, au fil des rencontres, créer une sorte de panorama des activités, des situations, des relations humaines — ce que j’appelle un “voyage en pays d’humains” — et susciter ainsi notre réflexion.

Novéquilibres | Marlène Bourderon : passage piéton

Ce projet artistique, vous le qualifiez de participatif. Pouvez-vous nous en dire plus ?

C’est un projet participatif à plusieurs niveaux :

  • Tout d’abord, il permet à chaque partenaire de se s’approprier le projet et d’imaginer comment l’appliquer à sa propre situation ou problématique, pour définir une thématique.
  • Ensuite, le dialogue avec les personnes concernées est au cœur de la conception de l’œuvre à réaliser.
  • Enfin, des ateliers peuvent être mis en place, dans le cadre du projet, pour, conjointement à la création d’une œuvre que j’aurai peinte, réaliser une œuvre collective . Les deux créations sont alors présentées ensemble.

Nous sommes très curieux de connaître votre démarche de création d’un tableau.
En quoi consiste-t-elle ?


Novéquilibres | Marlène Bourderon : fanfare

Ma démarche débute par la prise d’une série de photos qui me serviront à mettre au point la composition, grâce à un travail d’infographie. Cette première phase se construit sur la base de la rencontre et du dialogue avec les personnes concernées par la thématique du tableau. Je travaille ensuite sur bois un dessin au fusain (charbon de bois). Puis je le peins, à l’exception des personnages, volontairement laissés en noir sur le fond de bois afin de leur procurer un relief particulier. Mais, tandis que le dessin, très détaillé, vise à les individualiser, la matière du bois gomme les différences, ramenant ainsi chacun à sa commune identité d’humain… chacun uni à l’autre par le mouvement des fibres du bois parcourant l’ensemble des compositions.

Les humains au travail, c’est une dimension de votre projet ?

Oui, parce que la question du travail cristallise nombre de problématiques de notre société : la relation à la nature (domination ou coopération ?), l’organisation des rapports humains (hiérarchie ou codécision ? surveillance ou confiance ? exclusion ou intégration ?) , la relation à la technologie ou aux savoir-faire (qui est l’outil de qui ?), le rapport à l’argent, aux loisirs, au temps…

Retrouvez le projet « NOUS, voyage en pays d’humains » sur le blog de Marlène Bourderon.

Olivier Hoeffel

Responsable éditorial de laqvt.fr Auteur des blogs lesverbesdubonheur.fr et autourdelabienveillance.fr

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.