Parlons QVT et pyramide
Je vous propose dans cette animation une vision historique de sujets du stress au travail, des risques psychosociaux (RPS), du burnout, du bien-être au travail, de la Qualité de Vie au Travail (QVT) et du bonheur au travail. J’enchaîne ensuite sur 4 enjeux aujourd’hui pour le déploiement de la QVT dans toutes les organisations, quelles qu’elles soient.
Ci-dessous les explications données dans l’animation, de manière textuelle :
Vous la voyez cette magnifique pyramide ? Nous avons été tellement influencés par ces chefs d’œuvre des égyptiens que, maintenant encore, la plupart des organisations, qu’elles soient dans le secteur privé, public et même dans l’ESS (l’économie sociale et solidaire) dès lors qu’il y a des salariés; nous avons tellement été influencés que c’est donc encore aujourd’hui la structure la plus classique des organisations : la structure pyramidale.
Les années 2000-2009
Dans les années 2000, on a commencé à parler largement en France du stress au travail. Pour tout dire, le stress ça ne date pas d’hier ! Charlie Chaplin l’avait déjà évoqué dans son propre chef d’œuvre : le film « les temps modernes » et on peut imaginer, en remontant plus loin, que celles et ceux qui ont construit ces fameuses pyramides devaient avoir aussi forcément des bonnes raisons de stresser.
Quand on a commencé à parler du stress au travail, il s’agissait du stress des salariés, plutôt dans le secteur privé, et quand je dis salarié, je veux dire salarié du bas de la pyramide.
Disons-le tout de suite, et on ne s’en souvient pas forcément, mais à cette époque, il a fallu batailler pour s’entendre au niveau des partenaires sociaux sur le fait que le stress pouvait être causé ou amplifié par la vie au travail.
Ce sujet n’étant pas franco français, en 2004 un accord européen est signé sur le stress au travail, les pays étant invités, chacun, à décliner cet accord.
Il a fallu attendre en France fin 2008 pour qu’un accord national interprofessionnel soit signé sur le sujet. Accord qui a produit peu d’effets malgré l’injonction et les menaces de Xavier Darcos, ministre du travail de l’époque. C’est à peu près à cette époque qu’on a commencé à dire que le stress, ce n’était pas que pour les salariés du bas de la pyramide, mais que les managers de proximité pouvaient eux aussi être soumis à des facteurs de stress.
En 2010, une enquête laissait à penser que les managers de plus haut niveau étaient eux-aussi très touchés par le stress.
On a surtout parlé de stress jusqu’en 2010.
Les années 2010-2015
En 2010, on a commencé alors à beaucoup entendre parler d’un autre concept : les RPS, risques psychosociaux, avec d’autres accords signés par les partenaires sociaux, par exemple sur la violence et le harcèlement.
En 2010 toujours, on a évoqué un autre concept, plus positif: le bien-être au travail, grâce au rapport dit lachmann-larose-pénicaud.
En 2012, de leur propre chef, les partenaires sociaux décident de négocier avec une vision plus positive en reliant le bien-être des individus et la performance. Ils retiennent la terminologie « Qualité de Vie au Travail », font un travail de conceptualisation avec l’Anact, l’Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail (dont ils sont partie prenantes), ils négocient et produisent en 2013 un accord sur la QVT et l’égalité prof, précisément le 19 juin 2013.
En 2014, un autre concept fait parler de lui : le burnout. Et là, aux autres niveaux de la pyramide déjà évoqués, s’ajoute le haut de la pyramide : oui, le haut de la pyramide serait aussi en prise avec le stress, les RPS, le burnout ! On en vient à reconnaître tout simplement qu’il s’agit d’un problème qui n’épargne aucune fonction, aucun statut, aucun étage de la pyramide.
En 2014 est créé l’observatoire Amarok sur les risques à la santé psychologique des dirigeants. Selon cet observatoire, chaque jour en France, 2 dirigeants de PME se suicident.
La tendance depuis 2015, c’est : une montée en puissance de la QVT, amenée à se substituer à l’approche RPS.
Concernant le burnout, c’est un sujet en pleine actualité puisqu’un mouvement appelle à la reconnaissance du burnout en maladie professionnelle.
En 2015, propulsé par un documentaire sur Arte en février de cette année là, le concept de bonheur au travail a pris de l’ampleur, avec une fonction qui émerge en 2016 dans la nouvelle économie : le Chief Happiness Officer.
Les enjeux aujourd’hui avec la QVT ?
Alors, quels sont AUJOURD’HUI les enjeux pour les individus, les organisations et la société toute entière ?
- L’appropriation par chacune et chacun de sa propre QVT, quelle que soit sa place dans la pyramide, en souhaitant par ailleurs que la structure pyramidale puisse faire place à des structures tout aussi magnifiques, mais plus plates, plus démocratiques et plus participatives.
Que chacune et chacun puisse penser et agir dans le sens : “C’est ma QVT, c’est ma vie, il faut que je prenne soin de moi et j’ai envie de prendre soin de moi et de m’épanouir dans mon travail“. - L’attention réciproque. C’est quoi et ça sert à quoi ? Revenons sur la face sombre de la pyramide. Quelle est la particularité sur la façon d’aborder le stress, les RPS, le burnout ? Bien souvent, on se heurte à de la comparaison biaisée : je compare les côtés difficiles de mon job avec les côtés avantageux (et même outrageusement avantageux) des conditions de travail des autres. Ou, si vous préférez : « Mes raisons de stresser sont largement plus légitimes que les tiennes. Alors arrête de te plaindre, c’est indécent ! ».
Alors franchement, ça n’est pas étonnant qu’on ait du mal à coopérer dans ces conditions pour avancer ! C’est quand même super compliqué ! Surtout si on va commencer à chercher des responsables voire des coupables.
C’est quoi donc cette contre proposition d’attention réciproque ? C’est de porter attention aux autres et d’en prendre soin, comme eux-mêmes le feront avec nous.
Et ceci, dans toutes les directions : avec les pairs – les collègues – avec les équipiers et aussi, ce qui semble peu naturel dans une structure pyramidale : vers le haut.
Il s’agit bien donc de partir de « ma QVT » puis d’embrayer immédiatement sur « ta QVT ».
Et quand on arrive à faire ça, alors on peut s’attendre à être beaucoup plus efficace pour … - COOPERER
Et coopérer, c’est ce qui va nous faire évoquer : « Notre QVT »
Mais attention, évoquer « notre QVT » entre les murs « étroits » – si vous me permettez – de sa propre organisation, ça n’est pas suffisant !
Pourquoi ? Parce qu’une organisation est un organisme vivant au sein d’un écosystème. Il y a donc interdépendance avec plein d’autres organismes, ne serait-ce que les clients, les usagers, les fournisseurs, les partenaires.
Ce qui va donc donner d’autant plus d’efficacité à l’amélioration de la QVT, c’est de … - Penser global
D’être aussi dans l’attention réciproque avec l’extérieur. C’est exactement le sens de ce que l’on appelle la RSE, la Responsabilité Sociale des Entreprises.
C’est d’ailleurs ce qui est dit dans le préalable de l’ANI sur la QVT : la QVT s’inscrit dans une vision plus large, celle d’une RSE assumée.
Et donc, nous arrivons effectivement à une vision globale : « La QVT », au sens sociétal.
Chacun de nous donc sur ces 4 dimensions :
- Ma QVT : mon rôle pour m’approprier le concept de QVT et agir sur ma QVT
- La QVT au niveau interpersonnel (Ta QVT) : porter intérêt et attention aux personnes que je côtoie au travail, qu’elles fassent partie de mon organisation ou qu’elles soient externes
- Notre QVT : mon rôle de co constructeur d’une meilleure qualité de vie au travail collectivement, avec cette idée forte que la QVT est un levier de la performance
- La QVT : mon rôle de citoyen pour améliorer la QVT au niveau sociétal, par exemple à travers mon vote aux élections, et au quotidien à travers mes actes de consommation
Alors, voici mon invitation : tirons les fils de la QVT et … tricotons-la !
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