Les codes du travail

Novéquilibres : Les codes du travail
En parlant des codes du travail tout le monde pense à la réglementation au travail, aux lois, aux réformes, au ministre du travail, à Macron et Rebsamen, à la loi El Khomri, aux revendications, aux grèves, aux manifestations, aux casseurs, et peut-être même à la révolution… pour résumer : le code du travail. Mais mettre ce mot au pluriel en change le sens, et les codes du travail n’ont rien à voir avec tout cela. Pas besoin de banderole, de porte-voix, de pavés, de pieds pour marcher quand il n’y a pas de métro et de RER à cause des grèves.

Alors de quoi s’agit-il ? Quels sont les codes du travail ?

Le costume

En principe, le choix de se vêtir est libre au travail, sauf pour certains métiers où pour raison d’hygiène ou de sécurité il y a obligation de protections particulières : un casque, une blouse, un masque, des gants, des chaussures de protection, des lunettes… Également dans certains secteurs d’activité, le port de l’uniforme peut être imposé. Dans la restauration, le secteur du luxe, les commerciaux qui doivent porter le costard/cravate, le chauffeur avec sa casquette, l’hôtesse de l’air qui doit se démarquer pour que le passager sache à qui s’adresser…
Il y a bien sûr des limites à cette liberté, de l’ordre de la décence et du bon sens : Pour un rendez-vous avec un nouveau client, il n’est pas de bon aloi d’arriver en survêtement ou en bermuda, ou encore d’aller au bureau avec une jupe au ras des fesses ou un décolleté plongeant…
Mais en réalité, au delà des obligations et des limites logiques, de nombreux codes vestimentaires contraignent les individus à un formatage contraire à la liberté de choix. Respecter les impératifs du vêtement professionnel devient une exigence de plus en plus forte. Les femmes avec des postes à haute responsabilité portent des talons hauts pour être à la hauteur des hommes, c’est un signe de pouvoir et bien identifié comme tel. Le costume avec chemise est de rigueur pour la reconnaissance dans certains métiers. Pas de couleurs trop vives car le travail est sérieux, alors que dans le monde des créatifs couleurs avec en plus un débraillé subtil etc…
Le dress code impose même de se lâcher en fin de semaine sur la façon de s’habiller avec port de la tenue décontractée ou friday wear, c’est alors mal vu d’arriver en costume. Tongs et short, salopette et jean sont mieux perçus pour le bon look…
Et paradoxal, la nouvelle tendance concernant les codes vestimentaires au travail, serait le naked friday avec la nudité au bureau pour finir la semaine en beauté. Le psychologue britannique David Taylor préconise la tenue d’Adam et Eve pour dépasser les inhibitions et libérer la créativité. L’expérience a été faite dans une startup de la Silicon Valley et dans une PME britannique, et les participants se sont sentis moins stressés. A creuser…

 

La posture

Les bonnes postures au travail sont étudiées par les ergonomes pour prévenir les risques de TMS (troubles musculo squelettiques), amélioration des sièges, du poste de travail, et celle de l’usage du clavier, de la souris d’ordinateur sont étudiées en vue d’éviter les tendinites, les tensions, la fatigue visuelle… La posture assise est maintenant moins recommandée que la posture debout puisqu’elle est dangereuse pour la santé, et certains postes sont repensés autrement. Les formations gestes et postures sont incontournables dans certaines entreprises et corps de métier à titre de prévention et en curatif.
Mais la posture du corps dans le monde du travail n’est pas considérée, pourtant elle fait partie des codes insidieux du travail : Elle doit être droite comme la justice, digne, imposante selon la fonction et les responsabilités, contrôlée, impeccable, renvoyant une image parfaite. Quand la personne est grande de surcroît, c’est encore mieux pour dominer, et les mains dans les poches pour faire croire à la décontraction, c’est pas mal aussi.
Le corps contraint est engoncé dans un costume, moulé sur demande aux exigences de l’entreprise, de la marque, du poste… Peu de place pour le confort, la justesse, le souffle, l’amplitude. Le bâillement, l’étirement sont implicitement interdits, les fonctions naturelles sont verrouillées telles une machine programmée uniquement pour travailler. Dans certaines entreprises, la pause pipi est réglementée, à telle heure, tant de minutes…

 

Ses codes au travail

Le travail est de plus en plus vécu comme une contrainte, et en ce qui concerne le sujet traité, endosser un costume tout fait contraint le corps dans une posture obligée, pour donner une apparence fausse, et participe à ce vécu négatif.
Au contraire, le sur mesure est un vêtement qui correspond à soi, en accord avec ses valeurs, qui donne du sens à ce que je suis, dans l’envie et le plaisir. Ce n’est pas porter n’importe quoi n’importe où de manière à choquer, agresser, faire le contraire, s’opposer, mais c’est s’adapter sans se perdre de vue, selon l’endroit où l’on est, où l’on va pour être en accord avec son environnement.
Une posture juste avec un vêtement comme une seconde peau qui reflète son authenticité, sa singularité. Le confort d’être soi-même. Ses codes et non pas les codes contribuent à la Qualité de Vie au Travail (QVT).

Caroline Rome

Caroline ROME est spécialisée dans le sommeil et la vigilance, les rythmes, membre du comité éditorial de laqvt.fr, associée de Novéquilibres, attachée au Centre du Sommeil de l’Hôtel-Dieu à Paris, membre de l'Institut National du Sommeil et de la Vigilance

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