QVT et consom’action
En cette période de fin d’année où la consommation de produits relève des superlatifs, j’ai décidé de traiter de la tendance à une attitude remarquable où d’un côté, en tant que “travailleur”, nous aspirons à un bon niveau de Qualité de Vie au Travail (QVT) tout en favorisant par nos habitudes de consommation à mettre en difficulté la QVT des autres, voire impacter directement ou indirectement notre propre QVT (attitude que l’on pourrait alors qualifier de schizophrénique).
Soyons concrets !
Je vous dresse le tableau : dans un monde où tout s’accélère, je décide de gagner un temps tout à fait considérable (qui me permettra alors de faire à la place probablement quelque chose de tout aussi considérable) en commandant sur internet un cadeau que je désire faire pour Noël.
Au moment de finaliser ma commande, je me vois proposer toute une série d’options de livraison me permettant jusqu’à une livraison pour le lendemain, si je le veux, et si je veux bien le payer (on n’a rien sans rien).
Je détiens ainsi au bout du clic de ma souris le pouvoir de faire travailler de nuit tout une série de personnes alors que moi je pourrai m’endormir l’esprit serein après un effort tout à fait conséquent consacré au mouvement de ma souris sur son tapis et au mouvement sur mon compte bancaire, mais qui là, pour le coup, est relativement économe d’effort – quoique : il me faut tout de même récupérer la carte bancaire dans mon portefeuille et taper tout une série de chiffres sur le clavier. Epuisant, je vous dis ! Je mérite bien une bonne nuit de sommeil (8 heures m’iront très bien pour suivre les bons conseils de Caroline Rome).
Remarquez que dans la compétition effrénée que se font les entreprises de E-commerce, peut-être même que ce délai du jour au lendemain qui m’est proposé moyennant un surcoût, deviendra demain le mode de livraison par défaut, le consommateur ayant tous les droits, y compris ceux auxquels il n’avait absolument pas penser, et dont ils pourraient facilement se passer … jusqu’à ce qu’ils deviennent indispensables, puisque entrés dans les habitudes.
Soyons consom’acteurs aussi sur des critères de QVT
La consom’action invite le consommateur à “utiliser consciemment son pouvoir d’achat pour défendre les idées en lesquelles il/elle croit » . Derrière ce terme, on pense souvent à la consommation de produits bio et au commerce équitable. Sur ce dernier point, on se réfère aux conditions de travail de celles et ceux qui fabriquent des produits ou récoltent des matières premières dans les pays lointains.
S’il n’est pas question pour moi de remettre en cause l’importance de prendre en considération les conditions de travail des travailleurs qui sont loin de nous, il me semble aussi indispensable que nous puissions considérer de manière consciente et citoyenne l’impact des nouvelles formes de consommation que l’on nous propose, en particulier en matière de QVT, et ceci au niveau local, régional, national, …
Savez-vous quelle part de la population française active travaille la nuit ? D’après les dernières statistiques en la matière (DARES 2012), 15,4% des salariés travaillent habituellement ou occasionnellement de nuit.
3 500 000 personnes. 1 000 000 de plus qu’en 1991 (+40%).
Dans le secteur tertiaire, les pourcentages sont conséquents : 30% dans la fonction publique et 42% dans les entreprises privées de services.
Si ces salariés sont plus payés que les autres, en revanche leurs conditions de travail sont moins bonnes : en terme de pénibilité physique, de pression temporelle et de tensions interpersonnelles.
En cette période de fêtes de fin d’année où l’actualité met par ailleurs le sujet du travail le dimanche sur la table, il me semble essentiel que, nous citoyens, nous mettions en question, en responsabilité individuelle et collective le prix à payer en matière de QVT des nouveaux modes de consommation qu’on nous propose.
Et puisque la consom’action renvoie il me semble à la responsabilité individuelle à articuler avec la responsabilité collective, je vous propose d’adopter l’attitude de consom’action en intégrant la QVT des acteurs intervenant à la réalisation de nos actes de consommation, qu’ils soient à proximité ou à distance.