Semaine pour la QVCT du 19 au 23 juin 2023
La semaine de la QVT (Qualité de Vie au Travail), qui connaît en 2023 son 20ème anniversaire, devient “La semaine pour la QVCT” (Qualité de Vie et des Conditions de Travail). Elle aura lieu dans une semaine entre le lundi 19 juin 2023 et le vendredi 23 juin 2023.
Le thème de cette année : Transitions et travail, on en parle ?
Dans cet article, je présente en quelques mots la semaine pour la QVCT puis je propose quelques fils à tirer pour explorer le thème des transitions (au pluriel), avec notamment un rappel de contenus déjà publiés sur ce thème sur laqvt.fr depuis 2011, et également sur les sites internet lesverbesdubonheur.fr dans le dossier Société de la Bienveillance, et autourdelabienveillance.fr que j’ai créé en avril 2022 pour la promotion d’une Société et de Territoires de la Bienveillance.
La semaine pour la QVCT : Qui, que, quoi, où …
La semaine pour la QVCT est organisée par le réseau Anact-Aract depuis donc 20 ans (quelques années avant que les partenaires sociaux se soient entendus sur le concept qui a abouti à l’Accord National Interprofessionnel vers une politique d’amélioration de la Qualité de Vie au Travail (QVT) et de l’Egalité Professionnelle du 19 juin 2013).
Le changement d’appellation de cette semaine est une suite logique de l’évolution de la terminologie autour de la QVT et particulièrement la signature par les partenaires sociaux de l’Accord national interprofessionnel (Ani) du 9 décembre 2020 “pour une prévention renforcée et une offre renouvelée
en matière de santé au travail et conditions de travail”. Cet accord introduit l’appellation “QVCT” (Qualité de Vie et des Conditions de Travail) – Télécharger le texte de l’Accord sur le site internet de l’Anact –
Un site internet est dédié à cette semaine : https://semaineqvct.anact.fr
Vous y retrouverez le programme des événements en présentiel (localement organisé par le réseau Aract en régions et nationalement) et à distance.
Une partie du site internet est dédiée à la présentation du concept de QCVT.
De quelles transitions peut-on parler ?
Il y a les transitions évoquées par l’Anact :
- Décarbonation
- Préservation des ressources
- Digitalisation et développement notamment de l’Intelligence Artificielle
- Allongement de la vie professionnelle (et impacts de la réforme des retraites)
En cela, l’Anact évoque un enjeu de prévention (la non-dégradation de la santé) et aussi un enjeu d’amélioration : le développement des femmes et des hommes au travail. Autre enjeu dont il est fait mention : des transitions “justes”.
J’utiliserai pour ma part un idée que j’évoque régulièrement : celle de l’enjeu gagnant-gagnant qui se comprend notamment par le fait
- qu’elle investit toutes les parties prenantes (les prendre en compte et tant que faire se peut, les associer)
- et que chacune doit faire un double effort : d’une part écouter et prendre en compte les besoins et intérêts des autres, et d’autre part accepter de ne pas maximiser ses propres intérêts. J’ai développé en 2017 l’idée d’Attention Réciproque pour outiller l’investissement de cet enjeu.
Je vois aussi d’autres types de transitions et d’autres enjeux qui s’entrecroisent dans une vision holistique, articulant la responsabilité individuelle et les responsabilités collectives ; notamment :
- Investissement des aspirations profondes et des valeurs des humains (individuellement) et des organisations en posant comme enjeu l’ajustement entre le “pourquoi”, le “quoi” et le “comment” des projets et des organisations. En cela, le thème de la semaine de la QVT 2022 “En quête de sens au travail” a commencé à appréhender cette transition. La réussite d’une telle transition (comme pour beaucoup d’autres) passant par la contribution, l’implication, l’appropriation, … par les humains, quelles que soient les parties prenantes concernées.
- Notre société faisant une confiance très (trop ?) importante aux sciences et aux technologies (notamment numériques), il me semble impératif de faire nôtre l’incitation à la vigilance, à l’éthique et à la lucidité de Rabelais “Science sans conscience n’est que ruine de l’âme“.
Articulation des responsabilités
Depuis le lancement de laqvt.fr, nous n’avons cessé de mettre en avant une vision de la QVT qui combine la responsabilité individuelle et les responsabilités collectives à toutes les strates de l’organisation. Plus largement encore, puisque, dans une logique de RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises), nous l’avons élargie aux parties prenantes extérieures, invoquant pour les consommateurs leur propre qualité de vie (et non plus QVT) et leur rôle de citoyen.
Force est de constater que le sens habituel et largement répandu (pour les organisations qui investissent le sujet), est celui de l’approche descendante, presque à sens unique. Nous avons appelé régulièrement à conjuguer ces dynamiques descendantes par une dynamique ascendante, et déjà pour les acteurs de la QV(C)T eux-mêmes, ce qui va faire l’objet d’une grosse partie de mon point suivant.
Je ne développe pas plus ici ce sujet central de l’articulation des responsabilités et vous renvoie à notre dossier Articulation des responsabilités.
Parlons de la transition QV(C)T de certains acteurs clés
Nous avons décidé en 2018 d’interpeller les acteurs de la QVT pour les inciter à s’approprier individuellement et collectivement (pour les organisations dont l’activité relève de la santé au travail). C’est ainsi qu’est née une initiative que nous avons nommée “Ajustement QVT“. Elle vise à une prise de conscience et à une mise en action coopérative autour de l’idée de prendre soin de sa propre QVT.
Pour quelles raisons avons-nous considéré qu’il devenait de plus en plus urgent et important de lancer cette initiative ? Parce que nous avons constaté que beaucoup d’interlocuteurs individuels et d’organisations de prévention de la santé au travail, s’ils portaient avec beaucoup d’énergie et de conviction la QVT en tant que projet pour les organisations, ils ne l’investissaient quasiment jamais pour eux-mêmes (idée du cordonnier mal chaussé), quelques fois ne comprenaient même pas la question “Que faites-vous pour votre propre QVT ?” et avec un pourcentage très élevé de ces interlocuteurs en situation de RPS. Un comble, une anomalie et de plus un facteur de risque pour l’efficacité des démarches QVT. Nous avons considéré que la QVT devrait être un droit à revendiquer et à exercer par les acteurs de la QVT eux-mêmes, au même titre que le droit à la bonne santé pour les professionnels de la santé. Comme quoi, l’évidence, la cohérence et la congruence étaient loin d’être une direction partagée.
Je ne suis pas en mesure de vous dire aujourd’hui si la situation a pu évoluer dans le bon sens parce que cette initiative n’ayant suscité que très peu d’échos positifs, nous ne l’avons pas poursuivie. Par ailleurs, ayant recentré pour ma part mon énergie sur le sujet de la Bienveillance, mon panorama de la QV(C)T n’est plus suffisamment à jour pour témoigner et rapporter ici.
Néanmoins, puisque le thème de cette semaine est celui des transitions, je me permets de rappeler cet enjeu central de transition : la transition QV(C)T des acteurs de la santé au travail, individuellement et collectivement. Pour être plus précis, je pense :
- aux préventeurs, aux médecins du travail, aux psychologiques du travail, aux DRH, aux représentants du personnel, aux dirigeants,
- aux cabinets de prévention de la santé au travail, à la Direction et au Ministère du travail, à l’Anact, aux Aract, aux organisations syndicales, aux organisations patronales et à chaque individu au sein de ces organisations.
Je pense également à un secteur de l’économie auquel je tiens particulièrement et que j’ai eu l’occasion d’interpeller à plus reprises dans des articles sur mon blog lesverbesdubonheur.fr : le secteur de l’ESS (Economie Sociale et Solidaire). Je pense aussi aux mouvements citoyens de transitionS. Je renvoie à deux de mes articles : Soyons pressés de bien donner ! et Juste engagement dans l’ESS et dans les mouvements de transitionS.
Société et Territoires de la Bienveillance
Et je ne peux terminer cet article sans évoquer une transition qui me semble majeure : faire de la bienveillance une valeur sur laquelle s’appuyer au quotidien du travail et dans les décisions, et plus globalement dans l’ensemble de notre société, avec l’idée de Société et Territoires de la Bienveillance. Les territoires de la bienveillance au niveau du travail pouvant être : soi-même, le bureau dans lequel on se trouve avec des collègues, un projet commun, un service, un département, un établissement, un secteur d’activité, …
Une Société et des Territoires de la Bienveillance qui conjuguent la bienveillance envers soi-même, les autres humains, les autres qu’humains, les écosystèmes de toutes sortes, dans une approche gagnant-gagnant.
Bravo Olivier pour cet article si riche ! Une synthèse de tout le travail effectué au fil des années et surtout, toujours d’actualité.
Je retiens tout particulièrement le dernier paragraphe qui me semble essentiel à l’équilibre global et je sais que le mot bienveillance te va fort bien…
Caroline
Merci beaucoup Caroline pour tes mots de reconnaissance et pour ta haute contribution à la richesse du contenu de laqvt.fr