Être positif ou ne pas l’être !

Novéquilibres : Être positif ou ne pas l'être !
Est-ce que vivre au pays des Bisounours version Calinours au Québec c’est être positif ? Certes le positif y est de mise, tout le monde est beau tout le monde est gentil, et tout est rose avec des bisous, des nounours et des cœurs. Dans la vraie vie est-il possible d’être positif en n’étant positif que comme Groscadeau ou Groschampion ou encore Grostendre ?

Inégalité au départ

Nous ne sommes pas égaux en la matière, car certains voient la vie en rose alors que d’autres la voit en noir. Des études portant sur des jumeaux ont permis de déterminer que l’héritage génétique dans les traits de personnalité était compris entre 40 à 60%. Un des jumeaux peut être positif alors que l’autre tendra davantage vers le négatif. Maintenant, l’environnement et l’éducation peuvent modifier l’expression de ces gènes et les amener à être davantage tendance verre à moitié plein que verre à moitié vide.

Si vous vous reconnaissez “côté négatif prenant le dessus”, ne vous démoralisez pas. La personnalité se modifie tout au long de la vie en fonction des expériences vécues, et heureusement il est possible de progresser pour renforcer le positif. Des thérapies ou des méthodes de psychologie positive vont en ce sens, comme la restructuration cognitive, la relaxation, la pleine conscience, le journal de gratitude (pour développer ses capacités à apprécier)…

 

La dictature du positif

Vous avez sûrement entendu cela : « Qu’est-ce que t’es négatif ! », alors que vous évoquiez simplement un souci ou une inquiétude, un problème, ou tout simplement que vous constatiez un temps gris sans même vous plaindre. La société actuelle a mis en place une dictature du positif : il faut être positif, il faut parler positif et il faut s’habiller positif en sortant sans parapluie alors qu’il y a des trombes d’eau qui tombent dehors.

A bas les dictatures quelles qu’elles soient. Les braver, c’est sortir équipé avec imper et bottes de pluie au cas où, en pleine conscience des pensées négatives d’une ondée éventuelle. Ce qui d’ailleurs rend positif quand, se faisant mouiller les vêtements adaptés protègent, ou fait apprécier au maximum le beau temps quand il est de mise puisqu’il y a eu une reconnaissance objective du mauvais. Ce qui amène à la constatation que dans certains cas après le négatif vient le positif, comme après la pluie le beau temps.

 

Un juste équilibre

Non seulement le négatif permet de rebondir sur le positif, mais ils sont indissociables car il faut les deux pour maintenir l’équilibre. Olivier Hoeffel dans son article La reconnaissance, dimension centrale du don 3D, évoque le besoin d’un ratio suffisant de stimulations positives par rapport aux stimulations négatives selon la ligne de Losada pour qu’une équipe soit performante.

Pour rééquilibrer face à un feedback négatif , il en faut 3 positifs. Sachant que pour les équipes performantes, le ratio étudié est de l’ordre de 6 pouvant monter jusqu’à 12. Une info va directement dans l’amygdale qui catégorise en positif ou négatif. Hélas, l’être humain va plus facilement dans la case négative que dans la case positive, et le moindre vécu négatif est en sommeil prêt à être réactivé en cas de situation similaire ou perçue comme telle. Ce peut être le début d’un véritable cercle vicieux qui rend l’individu de plus en plus négatif. La vacherie dite sur un collègue aura plus de poids qu’une gentillesse, et il faudra à peu près 3 éléments positifs sur ce collègue pour contrebalancer la perception que les autres auront de lui.

Faire l’autruche

Comme notre tendance est au négatif nous avons tendance à l’éviter, surtout que la société nous veut positif. C’est pourquoi faire l’autruche est une attitude assez fréquente, selon la légende qui veut que cet animal mette sa tête dans le sable quand il a peur de quelque chose pour ne pas le voir. Ce qui est d’ailleurs faux, et laissons tranquilles ces pauvres animaux qui sont malmenés avec des expressions comme « avoir une cervelle d’autruche » pour borné, « quelle autruche » pour quelqu’un de pas très fin…

Toujours est-il que mettre un chapeau sur le négatif ne permet pas d’être positif, le négatif doit être accueilli. Quand c’est physique cela permet de prendre en compte le message pour faire ce qu’il faut pour aller mieux et non continuer tant bien que mal,  le corps entendu est alors le signal d’alerte qui permet de ne pas aller droit dans le mur et d’éviter par exemple le burn out. Quand c’est psychique, la prise en compte de la situation va permettre de prendre du recul et de mieux gérer la situation, ou quand il n’y a pas de solution de ne même pas se prendre la tête pour en trouver puisqu’il n’y en a pas.

Dans les relations sociales, pour la Qualité de Vie au Travail (QVT), c’est la même chose : l’écoute de propos négatifs, revendications, reproches des parties, vont permettre une mise à plat pour trouver un terrain d’entente et éviter les situations de conflits. Sans cet accueil, les uns et les autres vont rester enfermés dans la négativité ; avec lui, la progression est possible car il permet de désamorcer la montée en puissance.

 

Alors, pour être vraiment positif, accueillez la partie négative indispensable pour ne pas tomber dans le négatif et éviter des déclarations à la Pierre Desproges :

Ah ! le beau jeune homme que voilà ! Ah ! qu’il est beau ! Ah ! qu’il a la jambe élancée, la main fine et les dents longues !

 

Photomontage utilisant un dessin de Marianne de Nayer

Caroline Rome

Caroline ROME est spécialisée dans le sommeil et la vigilance, les rythmes, membre du comité éditorial de laqvt.fr, associée de Novéquilibres, attachée au Centre du Sommeil de l’Hôtel-Dieu à Paris, membre de l'Institut National du Sommeil et de la Vigilance

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