Quand le pouvoir est juste
Le premier sens de pouvoir est la faculté, la capacité, la possibilité matérielle ou la permission de faire quelque chose. Le deuxième sens désigne la capacité légale de faire une chose, d’agir pour un ou une autre. Le troisième sens est l’ascendant, l’emprise, la domination exercés sur une personne ou un groupe d’individus, etc…
Le sujet que je défends dans cet article est le pouvoir comme capacité à produire un effet.
Le pouvoir du consommateur
Pouvoir d’achat
Le pouvoir d’achat est souvent revendiqué, réclamé, défendu, et attendu. C’est tout un système qui pousse à la consommation, qui stimule l’envie, le manque. La quantité passe avant la qualité, et même les fabricants s’arrangent pour que le produit ne dure que peu de temps. L’envie est cultivée pour pousser à l’achat sans qu’il y ait toujours de véritables besoins.
Aujourd’hui, 50% des français se posent des questions sur leur consommation.
Les marques attirent moins car elles ne sont plus la garantie de la qualité. La publicité rend méfiant et le regard du consommateur est de plus en plus critique. Il ne veut plus être grugé, manipulé, intoxiqué, trompé, utilisé. Il veut en savoir plus sur la composition des produits et les chaines de fabrication.
Pouvoir de non-achat
Le vrai pouvoir du consommateur pour sortir de cette spirale infernale est sa capacité à ne pas acheter. C’est un moyen de sortir du cercle vicieux toujours plus et de moins en moins bien. La capacité du non-achat est une véritable force. Ne pas acheter :
- ce qui ne convient pas parfaitement
- ce qui est trop cher pour ce que c’est
- ce qui ne correspond pas à ses valeurs
- ce qui choque son idéologie
- ce qui est anti écologique
- etc…
L’individu commence à être conscient de sa capacité de boycott pour forcer au respect de règles économiques, sociales, environnementales. A Paris, les magasins directs du producteur au consommateur poussent comme des champignons et répondent à une véritable demande. Des produits de proximité sans intermédiaires, un circuit clair.
Un pouvoir individuel juste pour soi et pour la collectivité.
Le pouvoir de la personne qui travaille
Pouvoir de dire “Oui”
Accepter la surcharge de travail est quelquefois plus facile que de justifier l’incapacité à faire ce qui est demandé. Quand il s’agit de faire ses preuves c’est encore plus vrai : l’objectif est de ne pas décevoir pour être accepté. Le “Oui” évite d’être rejeté et il y a plus de chance d’être aimé. Quelqu’un qui est toujours prêt à rendre service a une meilleure réputation que celui qui parfois refuse son aide. Celui qui veut se concentrer sur son travail peut-être traité d’égoïste s’il ne répond pas d’emblée à une question.
Le “Oui” donné à une demande de son chef pour exécuter telle tâche peut éviter une mise au placard. Certes, mais la peur de l’autorité peut faire accepter l’inacceptable. (Se référer à mon article Acc… ueillir ou Acc… epter ?) .
Dire “Oui”, alors que tout notre être a envie de dire “Non” est une posture très inconfortable et peu viable dans la durée. Comme pour le pouvoir d’achat, ce fonctionnement est à revisiter.
Pouvoir de dire “Non”
Le vrai pouvoir de la personne qui travaille pour sortir de cette spirale infernale est sa capacité à dire “Non”. Ce n’est pas chose facile car depuis petit l’éducation prône de dire “Oui”, d’obéir, ne pas s’opposer. C’est mignon un enfant qui est toujours d’accord, dit-on.
Ne pas oser dire “Non” a pour conséquence d’être débordé en acceptant une surcharge de travail impossible à assumer. L’impression de subir enlève le plaisir à travailler ; s’ensuit quelquefois de la colère ou de la frustration. Dire “Non” pour :
- ce qui n’est pas en phase avec ses valeurs
- ce qui ne respecte pas ses limites humaines
- ce qui fait perdre la confiance en soi
- ce qui atteint sa liberté
- ce qui risque de perturber sa santé
- etc…
Dans l’entreprise, le mal-être des salariés est de plus en plus présent. Prendre conscience de sa capacité à dire “Non” est une façon de se dire “Oui”, de prendre soin de soi, de s’affirmer.
Un pouvoir individuel juste pour soi et pour la collectivité.
La marge de manœuvre que chacun a à produire un effet est un véritable pouvoir, juste, puisqu’il part de l’individu et concerne aussi le collectif. La qualité de vie au travail (QVT) commence par un choix, l’envie de l’améliorer pour soi et aussi pour les autres. En un mot : Coopération – . Nous sommes tous Co-responsables.