Quelques enseignements des résultats du sondage Anact-TNS Sofres sur la conciliation des temps
Dans le cadre de la 11ème semaine de la Qualité de Vie au Travail l’Anact (Agence Nationale d’Amélioration des Conditions de Travail) a présenté les résultats d’un sondage réalisé avec l’institut TNS Sofres sur le thème Concilier sa vie professionnelle et sa vie privée. En voici quelques enseignements.
A noter que ces résultats ont été présentés le 16 juin 2014 à l’occasion du colloque national de la semaine pour la Qualité de Vie au Travail (QVT) 2014.
Un sujet central, mais un ressenti ambivalent
A la question générale sur la conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle, 76% des personnes interrogées considèrent “l’exercice” comme facile ou très facile.
Cela constitue une question de poids pour se sentir bien au travail puisque la conciliation constitue le critère numéro 1 : c’est un sujet essentiel pour 75% des personnes, devant l’intérêt du travail (73%).
Maintenant, quand les questions plus précises sont posées, le constat est nettement plus nuancé puisque, selon les activités visées dans la vie personnelle, environ 50% des personnes se sentent en difficulté pour passer suffisamment de temps avec leur conjoint, leurs enfants, leurs amis et autres activités d’intendance ou de loisirs.
Les activités associatives, sportives et artistique sont les plus à la peine, puisque seules 37% des personnes les pratiquent sans difficulté. 27% n’y parviennent pas faute de temps.
L’enseignement me semble important sur la façon d’interroger une population : il est souvent nécessaire de creuser un peu les questions pour ne pas rester sur des impressions générales qui peuvent s’écarter de la réalité objective, ou au moins de perceptions plus précises.
Et donc, si en première intention, la conciliation des temps, sujet central de QVT, ne pose apparemment pas de problème, en entrant dans le détail, il apparaît en fait que les actifs sont à la fois en difficulté, en frustration et en attente d’amélioration. Pour 26% d’entres eux, le travail est intrusif dans la sphère personnelle, soit parce qu’ils travaillent sur leur temps personnel, soit parce qu’ils sont préoccupés. Cette tendance est plus forte pour les cadres. Par ailleurs, 34% d’entre eux estiment consacrer trop de temps au travail et pas assez à leur sphère personnelle.
En terme de dynamique, si 21% des personnes interrogées ressentent une amélioration de l’équilibre vie privée/vie professionnelle et 46% une stagnation, 34% d’entre elles l’estiment en dégradation.
Quels acteurs pour faciliter la conciliation des temps ?
On a demandé aux personnes interrogées de donner une note de 0 à 10 sur les efforts réalisés par leur organisation en la matière. La note moyenne est 5/10, avec 56% d’entre elles qui ont donné une note entre 0 et 5, 26% entre 6 et 7 et 16% entre 8 et 10.
L’acteur auquel on accorde le plus de crédit pour agir sur le sujet est le responsable hiérarchique : pour 49% des personnes, il fait beaucoup ou quelques efforts. L’organisation (dirigeant/DRH) et les organisations syndicales sont en deçà (34% et 36%). Les acteurs locaux et l’Etat ferment la marche (29% et 20%). Le constat est d’ailleurs sévère pour ce dernier puisque l’Etat est jugé ne faire aucun effort pour 40% des sondés.
A qui profite une meilleure articulation des temps ?
L’année dernière à la même époque à la question posée par l’Anact “à qui profite une meilleure QVT ?”, la réponse avait été à 87% en faveur des salariés ET de l’entreprise. Sur le sujet de la conciliation des temps, la dimension gagnant-gagnant est un peu moins prégnante puisque 71% des personnes se sont exprimées dans ce sens, ce qui reste une forte proportion. Il est à noter que 10% des sondés considèrent que le bénéficiaire est avant tout l’entreprise.
Les bienfaits qui en sont tirés sont intéressants à observer. Outre un bénéfice en matière de santé (moins de stress) pour l’individu, le 2ème bénéfice est l’efficacité au travail.
Pour l’entreprise, on retrouve à la 2ème place le même bénéfice : l’efficacité des salariés.
On peut ainsi y voir non seulement la traduction du ressenti de gagnant-gagnant exprimé à 71%, mais aussi la mise en évidence du lien entre la QVT et la performance.
Quelles sont les attentes ?
La première demande concerne la souplesse : pouvoir quitter son travail en cas d’impératif (74%) et pouvoir adapter ponctuellement ses rythmes ou sa charge en cas de soucis personnel (69%).
Les personnes sont aussi en demande de pouvoir disposer d’horaires personnalisés (65%) et que l’organisation des horaires soit constituée en prenant en compte l’ensemble de l’équipe (58%). Pouvoir bénéficier du télétravail de temps en temps (1), est aussi mentionné (45%).
Les services en périphérie du travail (conciergerie, salle de sport, garderie d’enfants) sont plus en retrait en terme de demande.
Une souplesse à risques
Les personnes interrogées sont prêtes à 76% à accepter des horaires atypiques pour faciliter la conciliation des temps. 26% le font actuellement et 29% l’ont déjà fait.
24% y sont opposées.
Il en ressort donc que 3/4 des actifs sont prêts à être plus souples eux-mêmes pour être plus présents et en meilleure disposition dans leur sphère personnelle.
Et ceci en ayant bien conscience (68% d’entre eux) que de tels horaires pourraient avoir des impacts négatifs sur leur santé.
Un enseignement important de ces derniers chiffres nous montre toute la vigilance nécessaire à la mise en oeuvre d’actions facilitant la conciliation des temps : ce que l’on gagne en QVT d’un côté, on risque de le perdre de l’autre, en particulier en matière de santé.
(1) le télétravail a fait l’objet d’une signature de convention le 20 juin 2014 entre l’Anact et le Ministère des droits des femmes, de la ville, de la jeunesse et des sports
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