Choisir ou subir

Choisir ou subir … et si c’était aussi un choix ? Alors, s’il l’on peut choisir entre choisir et subir, je choisis de me donner le pouvoir de choisir ! La qualité de vie au travail, c’est aussi explorer le pouvoir de choisir.

La qualité de vie au travail, le stress, les risques psychosociaux sont conditionnés par une multitude de facteurs dont un qui tient au contrôle de la situation. Subir un événement, ne pas en avoir le contrôle et si de surplus on ressent de ne pas pouvoir y faire face, voilà qui peut nous mettre dans un sale état.

Non seulement, subir peut donc avoir un impact négatif sur la santé psychologique et physique, mais aussi cela peut s’inscrire dans un cercle vicieux : souvent, subir s’inscrit dans une relation avec quelqu’un et peuvent être mis en jeu alors des rapports de force. Plus on subit, plus on donne du pouvoir à la personne en face, et plus cette dernière peut être amenée à abuser de son pouvoir, d’entretenir l’abus de pouvoir, voire de l’amplifier progressivement.

Deux exemples pour illustrer cela :

– Le premier exemple dans une relation client-fournisseur : avec le principe, apparemment indéboulonnable, du client roi et dans un contexte fortement concurrentiel, le fournisseur peut se trouver dans une position à subir une véritable tyrannie du client. Non seulement en terme d’exigences, mais également en terme de comportement. Et pourtant … il existe une autre vision de la relation client-fournisseur : celle de la collaboration qui conduit les deux parties prenantes à  avancer vers le même résultat : la qualité de la prestation, la satisfaction du client et la juste rémunération du fournisseur (lui donnant au moins la capacité de survivre pour assurer la garantie de la prestation après vente). Au sujet de la qualité de la prestation, j’insiste sur une idée peu suffisamment répandue : elle n’est pas de la seule responsabilité du fournisseur ; au contraire : elle est en coresponsabilité du fournisseur et du client. Un client qui n’a pas pris le temps de bien expliciter ce qu’il attend prend lui-même le risque de ne pas être satisfait du résultat.

– Le deuxième exemple dans une relation entre chef d’équipe et équipier : certains chefs d’équipes se comportent comme de véritables tyrans face à des équipiers qui considèrent ne pas avoir autre choix que de courber l’échine et attendre – vainement – que la situation s’améliore. Le contexte d’insécurité de l’emploi favorisant ces pratiques. De plus, l’éventuelle impunité, voire la légitimité que les chefs d’équipes  perçoivent  du niveau supérieur étant susceptible de renforcer le cercle vicieux. Et pourtant … là aussi il existe une autre vision de cette relation et des solutions pour sortir de telles situations. Elles reposent sur le dirigeant (ne pas légitimer et au contraire favoriser le respect et la coopération), le chef d’équipe (prise de conscience, éventuellement aidée) et les équipiers (utiliser les forces du collectif, apprendre et pratiquer l’assertivité).
L’abus de pouvoir n’est pas forcément là où on l’attend. Prenons la relation client-fournisseur évoquée précédemment en exemple. On voit bien en quoi le client peut devenir tyrannique. Mais le fournisseur peut également abuser de son pouvoir. En particulier dans des situations du pot de fer contre le pot de terre. Quand un fournisseur détient un monopole ou le partage avec une poignée d’autres, le petit client se trouve fréquemment en situation de se demander si c’est lui le roi ou si ce n’est pas son fournisseur. Des exemples ? Demandez au professeur Bossonsdur, le cas échéant.

Bien souvent des automatismes nous conduisent à subir « bêtement » des situations, simplement parce que nous ne prenons pas le temps de remettre en cause les situations. Nous ne nous offrons pas le choix de rechercher des alternatives. Au-delà de prendre du temps, cela nécessite aussi du courage dans certains cas.

Cela est vrai non seulement au niveau de l’individu, mais aussi au niveau de l’organisation. Quitte à s’engager dans une action qui n’est pas satisfaisante, et plutôt que de la subir, autant se donner le choix de faire autrement si possible, et sans autre alternative, alors de réfléchir aux possibilités de créer un collectif pour mieux assurer et mieux se soutenir, mettre des garde-fous, d’envisager des issues de secours, de prévoir des moyens pour ne pas se mettre en péril …

Choisir permet de rester dans l’action et la vigilance. Subir conduit à l’inaction et le fatalisme.

Novéquilibres promeut et propose de nouvelles formes d’équilibres dans les organisations. L’équilibre entre pouvoir et contre pouvoir est incontestablement une dimension qui participe à la qualité de vie au travail. L’équilibre entre parties prenantes internes et externes à l’organisation et le développement d’un management coopératif favorisant l’assertivité sont autant de visions que nous voulons faire partager et qui motivent nos interventions.

photo sous licence creative commons – auteur : marfis75

Olivier Hoeffel

Responsable éditorial de laqvt.fr Auteur des blogs lesverbesdubonheur.fr et autourdelabienveillance.fr

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