Jouer le jeu … de la QVT

Novéquilibres : Jouer le jeu ... de la QVT
En ce début d’année 2016, en considérant le socle constitué par les partenaires sociaux, le gouvernement et les assemblées pour donner sa place à la Qualité de Vie au Travail (QVT) dans le monde du travail, il est temps d’appeler toutes les actrices et acteurs à jouer le jeu, le jeu de la QVT.

Commençons par filer la métaphore du jeu avec le côté pari : faire le pari de la QVT, c’est se donner la chance d’aborder différemment et positivement notre rapport au travail et la place de l’individu dans le monde du travail et plus largement dans notre société.

Jouer le jeu de la QVT, ça passe par quoi ?

Jouer le jeu de la QVT, c’est déjà intégrer que la performance ne passe pas par un mode de management par la pression et la compétition. Au contraire ! C’est inscrit dans le préambule de l’ANI de juin 2013 vers une politique d’amélioration de la QVT et l’Egalité Professionnelle : le bien-être des individus constitue un levier pour la performance … durable (le qualificatif “durable” ayant toute son importance dans la phrase).

Jouer le jeu de la QVT, c’est sortir du cercle vicieux de la défiance. Cette défiance en processus d’auto-renforcement négatif qui conduit bon nombre d’organisations à fliquer, filmer, géolocaliser, infantiliser, … les individus en faisant l’hypothèse qu’ils manquent de motivation et d’initiative, alors qu’il s’agit d’une conséquence. Au contraire, l’amélioration de la QVT passe par l’instillation de la confiance, créant un cercle vertueux dans une logique gagnant-gagnant. Il s’agit pour cela de sortir d’une vision binaire de la confiance : d’un côté la défiance, de l’autre la confiance aveugle. Un équilibre à construire dans la durée.

Pour jouer le jeu de la QVT efficacement, il faut s’intéresser au principe du jeu, à ses enjeux et identifier les cartes en main.
C’est un jeu où on peut déjà manipuler ses propres cartes et en faire quelque chose sans attendre la disponibilité d’autres joueurs.

Jouer avec Vs jouer contre

Mais rapidement, c’est un jeu qui appelle à jouer à plusieurs. Un jeu ouvert où toute nouvelle joueuse ou tout nouveau joueur est accueilli.e avec bienveillance et enthousiasme.

Contrairement à beaucoup de jeux où il s’agit de jouer individuellement contre quelqu’un d’autre, ou collectivement équipe contre équipe, le jeu de la QVT se joue à la fois individuellement et collectivement en considérant les autres joueurs ou équipes comme des partenaires.

Et pourquoi pas aussi avec celles et ceux que l’on considère de manière défensive comme des concurrent(e)s ? L’entreprise néerlandaise Buurtzorg (soins à domicile) citée par Frédéric Laloux dans Reinventing organizations est exemplaire – entre autres – sur ce sujet : elle a rendu publique ses bonnes pratiques donnant ainsi l’opportunité aux organisations du même secteur de progresser dans la qualité des soins.

Pour cela, il faut trouver des alternatives à notre vision classique du jeu à somme nulle.

En réalité, le jeu de la QVT est un jeu de construction où chacun.e est appelé.e, incité.e à participer considérant ce qu’elle.il peut en retirer personnellement ainsi que tous les bénéfices pour l’organisation et son environnement.

La QVT, un jeu de construction participatif  

Il s’agit donc bien d’un jeu coopératif, la coopération constituant un levier tout à fait central qui s’expérimente, se travaille et se cultive délibérément.

Le JE de l’ego en sourdine

En faisant référence une deuxième fois au livre de Frédéric Laloux, il me semble que jouer efficacement le jeu de la QVT nécessite un lâcher prise au niveau de l’ego, à la fois au niveau individuel et collectif.

Un lâcher prise sur la place que l’on veut se voir tenir dans le jeu et sur la volonté de tirer son épingle du jeu en beauté et dans l’éclat. L’ego constitue bien souvent un obstacle pour la construction coopérative et dans les processus de décision.

A noter que, considérer la prise de décision comme un jeu, facilite la posture coopérative transformant ainsi une logique d’expression de l’ego en une logique de construction d’une décision commune qui tienne la route, dans l’esprit “le mieux est l’ennemi du bien”.

Jouer fair play

Le lâcher prise de l’ego permet aussi de jouer la QVT en mode fair play, rejoignant ainsi l’état d’esprit de bienveillance évoqué précédemment. Jouer fair play facilite aussi la vision alternative coopérative de la concurrence.

Jouer avec ses cartes

Que ce soit au niveau individuel et collectif, les cartes que l’on a en main ne sont pas forcément maîtresses ou ne comportent apparemment que peu d’atouts.
Un bon joueur sait entrer et rester dans le jeu, même si ses cartes ne sont pas excitantes et favorables à faire des merveilles. Le principal étant bien de jouer avec les autres, de prendre du plaisir en prenant conscience que de bonnes cartes peuvent entrer en main par ses propres actions ou/et en tant que fruits du collectif ou/et par la chance.

J’évoquerai dans un prochain article un mode de jeu de construction donnant toute sa place à l’initiative et à l’envie.

Olivier Hoeffel

Responsable éditorial de laqvt.fr Auteur des blogs lesverbesdubonheur.fr et autourdelabienveillance.fr

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