La pleine conscience en mouvement

Novéquilibres : La pleine conscience en mouvement
La pleine conscience qui joue un rôle primordial dans le bouddhisme est également un sujet de développement personnel. En quoi la pleine conscience peut-elle contribuer à la QVT (Qualité de Vie au Travail) ? En quoi peut-elle se concevoir autrement que de manière statique ?

En avril dernier, une étude française a mis en évidence que le cerveau humain n’est pas capable de faire plus de deux choses à la fois, une seule tâche par hémisphère. Des chercheurs américains vont même affirmer que seuls 2,5% de la population en sont véritablement capables, et une étude suédoise vient de mettre fin à l’idée que les femmes avaient plus de ressources que les hommes dans ce domaine. L’idée que, Madame peut cuisiner en téléphonant tout en surveillant les enfants et vider le lave linge, et que Monsieur n’est bon qu’à regarder l’eau des pâtes qui bout, tombe à l’eau. Homme et femme nous sommes égaux sur ce sujet là : une seule chose à la fois, c’est cela qui est profitable…

L’accélération des rythmes au travail impose d’être multitâches : téléphoner tout en regardant ses mails, ranger des dossiers tout en réfléchissant sur un projet, répondre à quelqu’un alors que l’on se prépare à un rendez-vous important tout en rangeant un document, conduire en organisant son emploi du temps, manger en travaillant ou travailler en mangeant… Le cerveau rame et perd ses capacités, les erreurs se multiplient et la mémoire s’altère. La croyance est que faire plusieurs choses à la fois va permettre d’être efficace, alors que le résultat est à l’inverse de l’objectif escompté : prendre plusieurs interlocuteurs au téléphone avec la fonction de double appel, et le risque est de revenir au premier appel en disant à un client : “tout va bien mon chéri, à ce soir à la maison, bises.”

“La méditation n’est pas une évasion mais une rencontre sereine avec la réalité.”
Thich Nhat Hanh

La personne monotâche a souvent l’esprit miné par le passé, parasitée par tout ce qu’elle n’a pas pu faire ou a mal fait par manque de temps. Elle risque aussi d’être perturbée par l’anticipation comme écrire un mail à un fournisseur tout en pensant au client qui va arriver et à ce qu’elle va lui dire… Quelquefois les deux à la fois, plombée par le passé et le futur avec des pensées du genre : « la réunion d’hier s’est mal passée, pour celle de demain je crains le pire…». Peu de présent dans tout cela qui contribue à l’inefficacité et à la dispersion.

La pleine conscience permet de vivre l’instant présent, et ouvre à l’attention juste. Il ne s’agit pas uniquement de méditer pendant un certain temps dans une posture particulière et dans un lieu adapté, mais aussi de méditer en mouvement :

  • Il suffit de faire une pause consciente avant une nouvelle action, comme porter son attention sur ses points d’appui face à l’ordinateur avant de répondre à un mail important, souffler entre chaque rendez-vous. La pause café devient une source de sensorialité avec le plaisir de l’arôme, du goût, des sensations tactiles (le liquide chaud, la tasse plus fraîche), et vécue en conscience, libère l’esprit pour reprendre le travail agréablement et ressourcé et avec plus de recul pour agir avec discernement.
  • Faire une action en conscience avec une attention vigilante, permet de solliciter les connexions cérébrales et stimuler ses potentiels. La mémoire est améliorée, la concentration optimisée et cela permet la qualité du travail bien fait. Entre collègue et collaborateur, une écoute consciente amène à une compréhension mutuelle, et le fait d’écouter l’autre et d’être entendu est fondamental pour la relation, le travail en équipe.
  • La pleine conscience en mouvement, c’est aussi les mouvements en conscience. Adopter la posture juste, adapter les gestes utiles au travail avec mesure et bienveillance, être attentif à l’environnement pour rester en sécurité et l’assurer pour les autres.

La pleine conscience au travail est une dimension du travail et contribue concrètement à la QVT.

photo sous licence creative commons – auteur : V. H. Hammer

Caroline Rome

Caroline ROME est spécialisée dans le sommeil et la vigilance, les rythmes, membre du comité éditorial de laqvt.fr, associée de Novéquilibres, attachée au Centre du Sommeil de l’Hôtel-Dieu à Paris, membre de l'Institut National du Sommeil et de la Vigilance

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.