QVT et juste conscience

Novéquilibres Juste conscience

Mise à jour le 12/03/2022

La Qualité de Vie au Travail (QVT) est un sujet qui entre peu à peu dans les consciences individuellement et collectivement. La mobilisation de la conscience nous parait tout à fait déterminante pour une transformation de la vie au travail plus favorable à celles et ceux qui travaillent. Voici le premier article d’un nouveau dossier que nous vous proposons sur laqvt.fr. Nous avons intitulé ce nouveau dossier “Juste conscience“. Qu’entendons-nous par là et quels enjeux voyons-nous ?

Notre définition

Nous définissons la juste conscience comme :

“les capacités à être pleinement conscient de ce que l’on vit à l’instant présent, et par ailleurs à prendre le recul nécessaire pour agir dans la coopération par une articulation juste entre sa propre responsabilité et les responsabilités collectives.”

Trois périmètres sont ainsi concernés : soi-même, les autres et le monde.

La juste conscience investit donc deux niveaux :

  • celui de la pleine conscience. Il s’agit de s’ancrer dans l’instant présent sans se laisser “polluer” par le passé, les autres engagements du présent et la projection en avant. Souvent, on assimile la pleine conscience à la méditation de pleine conscience. Mais la pratique de la pleine conscience peut aussi s’exercer sur tout type d’activité; puisque nous portons ici notre intérêt au travail, les différentes activités de la vie au travail peuvent être pratiquées en pleine conscience, dans une optique de fluidité.
  • celui de la prise de recul. Il s’agit de sortir du mode de pilotage automatique où l’on subit (“Je subis») l’enchaînement des sollicitations pour faire place progressivement à un mode de hiérarchisation, de sélection et d’appréciation (“Je choisis et j’apprécie»). Elle est d’autant plus cruciale dans une situation d’impuissance solitaire pour activer de la puissance coopérative (cf dossier De l’impuissance solitaire à la puissance coopérative). Une prise de recul également pour analyser justement ce qui est à notre portée individuellement et collectivement, et ce qui ne l’est pas ; et par ailleurs de savoir bien articuler les responsabilités (cf article A la recherche d’un juste équilibre entre ma responsabilité et celle des autres).

Ces deux niveaux permettent d’atteindre plus de bienveillance envers soi-même, les autres et les écosystèmes d’appartenance, humains et autres qu’humains, dans un esprit d’ouverture favorable à la créativité et l’innovation.

Les enjeux

Commençons par resituer la genèse du site laqvt.fr. laqvt.fr est le fruit d’une action sociétale décidée et investie par une partie de l’équipe Novéquilibres. Novéquilibres s’est constituée au sein de la coopérative Coopaname pour aider les organisations à valoriser et développer la QVT en conjugaison avec la performance collective. Nous avons considéré à l’époque que, face à la difficulté à déployer les démarches de prévention des risques psychosociaux en France, une nouvelle voie devait être proposée à toutes les parties prenantes qui soit plus fédératrice, plus positive et plus enthousiasmante. En 2011, la QVT était une idée peu répandue et un concept sans réelle formalisation. Pour donner envie à chacune et à chacun d’investir son organisation et aussi son propre rôle, et ceci dans une vision panoramique de la QVT, nous avons donc créé ce site. Pourquoi le nom “Novéquilibres” ? Parce que notre vocation était et continue à être de mettre en évidence l’existence d’équilibres instables, voire de déséquilibres, de valoriser d’autres formes d’équilibres et des moyens de construire de nouveaux équilibres respectant le bien-être physique, mental et social de l’individu au travail dans une approche gagnant-gagnant.

Les enjeux de la juste conscience sont étroitement liés à la recherche de nouveaux équilibres; en voici une liste non exhaustive :

  • équilibre des rythmes de vie au travail entre les séquences fortes, les séquences moins fortes et les moments de récupération ;
  • équilibre liés à l’hygiène de vie (sommeil, alimentation, activité physique) ;
  • équilibre entre le court terme, le moyen et le long terme ; il s’agit ici d’interroger les questions de performance court/moyen terme, de préservation de notre santé physique et mentale et de préservation de l’environnement (le présent, ce que nous serons amenés à vivre, ce que nous laisserons à nos descendants). C’est aussi l’enjeu du bonheur au travail : allier le plaisir (qui renvoie à une satisfaction immédiate) et le sens (qui inscrit dans la durée) ;
  • équilibre entre le qualitatif et le quantitatif ;
  • l’articulation entre la responsabilité individuelle et les responsabilités collectives : en matière de stress, de RPS, de bien-être, la tendance est encore à opposer responsabilité de l’individu et responsabilité de l’organisation et/ou de la société, dans un mouvement pendulaire. Nous associons ces responsabilités dans un équilibre dynamique et fécond ;
  • équilibre entre intérêts individuels et collectifs ;
  • équilibre des pouvoirs entre actionnaires et productifs ;
  • équilibre dans notre relation aux autres qu’humains et aux ressources de la planète ;
  • Et d’autres équilibres :
  • entre la notion d’importance et la notion d’urgence ;
  • la forme de gouvernance et les contre pouvoirs ;
  • entre sphère professionnelle et autres sphères de vie ;
  • entre conformisme et créativité ;
  • entre le donnant-donnant et les actes gratuits ;
  • entre ce qu’on donne et ce qu’on reçoit, posant en particulier la question de reconnaissance (en explorant au-delà de la rémunération) ;
  • entre le temps de production et le temps de réflexivité sur le travail ;
  •  entre la qualité, les délais et la rentabilité; ce bon équilibre ayant un impact majeur sur la QVT en terme de fierté du résultat du travail et de la manière dont il est réalisé ;
  • entre la liberté et le cadre ;
  • dans les relations clients/fournisseurs/partenaires ;
  • entre les objectifs et les moyens octroyés ;
  • équilibre qui permet de faire vivre l’assertivité (ni paillasson, ni hérisson) pour des relations interpersonnelles plus apaisées et riches ;

La conjugaison de la pleine conscience et de la prise de recul permet de donner du temps pour prendre conscience des bienfaits de la vie au travail, de les apprécier, d’identifier les personnes, collectifs, communautés, écosystèmes qui y ont contribué, de ressentir de la gratitude et d’exprimer de la reconnaissance (cf processus de gratitude partant de l’attention, de la conscience).

La juste conscience ne ressort pas que de la responsabilité et de la culture personnelle. Elle prend toute sa mesure et son efficacité dans l’articulation entre l’individu et le(s) collectif(s) d’appartenance, conduisant à une transformation simultanée des cultures et des individus. Pour faire le parallèle avec le développement de l’altruisme, citons la métaphore utilisée par Matthieu Ricard dans son livre Plaidoyer pour l’altruismeculture et individus se façonnent mutuellement, comme deux lames de couteaux s’aiguisent l’une l’autre”.

La juste conscience ouvre la voie à une vie au travail plus réfléchie, plus choisie, plus investie, plus coopérative, plus riche, plus équilibrée et plus appréciée.

Olivier Hoeffel

Responsable éditorial de laqvt.fr Auteur des blogs lesverbesdubonheur.fr et autourdelabienveillance.fr

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