(Ré)apprendre le B.A.-BA pour plus d’humanité et de démocratie au travail

Novéquilibres : (Ré)apprendre le B.A.-BA pour plus d'humanité et de démocratie au travail - laqvt.fr QVT Qualité de Vie au Travail
Après avoir évoqué dans une première partie le B.A.-BA que nous pourrions avoir à (ré)apprendre pour les fonctions vitales, puis pour le cœur du travail, nous abordons dans cette troisième et dernière partie les types de situations où le besoin d’apprentissage peut se faire ressentir, deux idées fortes de la QVT et la situation particulière du secteur de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS).

5 cas de figure de besoin d’apprentissage

Voici 5 cas de figure qui peuvent conduire à apprendre, réapprendre, désapprendre :

  • Je n’ai jamais appris : j’ai besoin d’apprendre ; par exemple : je n’ai jamais appris l’écoute active et j’ai envie et besoin de savoir mener ce type d’écoute
  • J’ai (on m’a) appris une mauvaise habitude : il me faut désapprendre et apprendre une bonne habitude ; par exemple : on m’a appris dans ma jeunesse la culture du sacrifice de soi pour aider les autres. Je peux apprendre à ne pas m’oublier, tout en étant dans l’attention aux autres (il n’est pas question de passer d’un excès à l’autre). L’écosystème dans lequel je vis peut être attentif à moi, ne pas lui-même m’oublier et m’aider à ne pas m’oublier
  • J’ai appris puis désappris : il me faut revenir à ce que j’ai appris, éventuellement avec une piqûre de rappel ; par exemple : mes parents m’ont élevé en cultivant la valeur “confiance”. Les choses de la vie et en particulier les claques que je me suis prises dans ma vie professionnelle me font être sur mes gardes en permanence dans ma sphère professionnelle. J’ai envie de trouver un collectif de travail où est cultivée la confiance et peu à peu la réapprendre
  • J’ai appris instinctivement. Je ressens le besoin maintenant d’agir en m’appuyant aussi sur du rationnel. Une autre façon de le dire : compléter de l’inné par de l’acquis; par exemple : je suis né pour entraîner les personnes avec moi. J’ai besoin d’apprendre à mieux organiser les priorités car je sens mon équipe s’éparpiller avec tous les objectifs que j’aimerais qu’on poursuive. Et ça fuse !
  • J’ai besoin d’apprendre à pratiquer pour moi-même ce que je conseille ou enseigne aux autres ; pour celles et ceux qui suivent nos articles régulièrement, vous reconnaîtrez ici le sujet de la congruence, central dans l’initiative Ajustement QVT que nous avons lancée officiellement début octobre 2018 sur laqvt.fr

Une façon de revisiter des idées fortes de la QVT

Les besoins d’apprendre et de réapprendre mettent en évidence :

  • Le double impact positif de l’apprentissage de B.A.-BA sur d’une part le bien-être de l’individu et d’autre part l’efficacité personnelle, interpersonnelle et collective (en écho avec l’idée de base des partenaires sociaux dans l’ANI du 19 juin 2013 sur la QVT et l’Egalité professionnelle qui relie la QVT avec la performance)
  • L’articulation entre la responsabilité individuelle et les responsabilités collectives :
    • la responsabilité individuelle pour faire émerger le besoin d’apprendre, en faire une motivation, trouver la ressource d’apprentissage, apprendre, pratiquer les apprentissages, apprécier les apprentissages, persévérer dans les apprentissages
    • les responsabilités collectives pour soutenir les actions précédentes mais aussi pour les activer en tant que collectif pour développer une culture collective qui sait utiliser judicieusement les connaissances, compétences, bonnes pratiques, témoignages en interne (en première intention) et en externe si nécessaire

    Une articulation entre ces deux niveaux de responsabilité pour ne pas tomber dans le piège qui consiste à considérer que la responsabilité relève SOIT de l’individu SOIT du collectif. La tendance étant le plus souvent à renvoyer à la responsabilité individuelle.

Un secteur en particulier : l’Economie Sociale et Solidaire (ESS)

Nous sommes tous deux, actrice et acteur au sein de l’ESS. Nous constatons en quoi ce sujet d’apprendre ou de réapprendre le B.A.-BA n’épargne pas l’ESS. Voici quelques sujets qui nous viennent à l’esprit :

  • Apprendre que le principe “1 individu – 1 voix” est très loin de garantir à lui tout seul un bon niveau de QVT
  • Apprendre que la coopération s’apprend et se cultive
  • Apprendre d’autres formes de démocratie que la démocratie représentative (on élit des représentants qui prennent les décisions pour les autres) ; avec les dérives possibles liées à l’acquisition du pouvoir et la volonté de le conserver et de cumuler. Une autre forme de démocratie est par exemple la démocratie participative où tout acteur concerné par une décision est partie prenante de la prise de décision
  • En lien avec le sujet précédent : apprendre à mettre de la (plus de) démocratie dans les décisions opérationnelles et dans le quotidien du travail, pour ne pas cantonner la démocratie au temps d’une élection de représentants et pour les décisions stratégiques
  • Apprendre à porter au moins autant d’attention aux personnes qui portent le projet social (voire aussi économique) de la structure que l’attention naturellement portée au projet lui-même et à ses bénéficiaires
  • Apprendre à sortir d’attitudes sacrificielles qui, pour certains, feraient partie de l’ADN de l’ESS
  • Apprendre à ne pas mettre en enjeu exagéré la rationalisation du fonctionnement sous couvert que la structure ne serait pas suffisamment professionnalisée
  • Apprendre, au niveau des structures de l’ESS et au niveau des instances représentatives de l’ESS à faire de la QVT un enjeu crucial pour le bien-être des femmes et des hommes (salariés et bénévoles) et pour la vitalité du secteur ; apprendre aussi à mettre l’amélioration de la QVT en musique, à la tricoter avec le quotidien du travail
  • Sur le sujet de la QVT dans l’ESS et notre appel à ce que ce secteur se saisisse largement du sujet, nous vous renvoyons à l’article Cultivons-nous notre QVT dans l’ESS !.

L’idée de (ré)apprendre le B.A.-BA pour améliorer notre QVT touche donc à la fois nos habitudes de vie (impliquant ainsi toutes les sphères de vie), et notre vie au travail. Cela engage la responsabilité individuelle et les responsabilités collectives pour y (re)mettre les bases et les moyens pour plus d’humanité et de démocratie dans notre société et dans notre économie.

3 réflexions sur “(Ré)apprendre le B.A.-BA pour plus d’humanité et de démocratie au travail

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.