Gaëlle Picut en aparté pour laqvt.fr

photo de Gaëlle Picut
Voici les propos de Gaëlle Picut, créatrice du blog “En aparté”, interrogée pour la qvt.fr

Bonjour, Gaëlle Picut, vous avez créé le blog “En aparté” dédié à la conciliation vie privée / vie professionnelle et des valeurs du travail. Alors, racontez-nous la genèse de ce blog !

Journaliste indépendante, spécialisée dans le domaine de l’emploi notamment, je trouvais que cette problématique n’était pas forcément toujours très bien abordée ou suffisamment traitée dans les médias (trop parcellaire, trop schématisée, trop manichéen, etc.). D’autre part, étant moi-même mariée et mère de 3 enfants, je me sens très concernée par cette problématique ! En effet, je me pose régulièrement la question de savoir « comment mener de front un parcours professionnel intéressant et varié et ma vie de femme et de parent, avec les responsabilités et l’implication qui y sont liées », sans oublier le propre parcours professionnel de mon mari. Enfin, je suivais avec beaucoup d’attention et de plaisir le blog de Corinne Dillenseger, Tout pour elles (maintenant rédactrice en chef de maviepro.fr). Son blog (ainsi que d’autres bien sûr) m’a incité à lancer le mien en octobre 2008 pour avoir un espace où je serai ma propre « rédactrice en chef » et libre en termes de contenu, de forme, de sujets, etc.

Que trouve-t-on sur En aparté et à qui s’adresse votre blog ? Avez-vous un profil type de visiteur régulier ?

J’ai essayé de structurer mon blog en grandes rubriques : – réflexions autour du travail, – témoignages conciliation vie privée / vie pro, – portraits de femmes, – revues de presse et de blogs, – enfants/éducation, – lectures (pro ou perso), – initiatives ainsi que d’autres rubriques telles que – Paris/province ?, – interviews d’experts, – que deviennent-ils ?, etc. Mon blog s’adresse à toutes les personnes qui se posent des questions sur ce que représente leur travail, leur métier, leur rôle de parent, l’éducation…et qui ont envie de concilier le mieux possible toutes ses sphères d’activité ! (bref, un large public !).

Concernant mes lecteurs, je sais, au vu des commentaires ou des messages que je reçois, qu’il s’agit majoritairement de femmes. Elles sont parisiennes ou provinciales, salariées (plutôt niveau cadre), professions libérales ou indépendantes. Mais même si cette problématique touche beaucoup les femmes, j’ai également des lecteurs masculins et je m’en réjouis !

Je suis contente car je suis parvenue à fidéliser un certain nombre de lecteurs et à créer autour du blog une petite communauté dont j’apprécie les réactions et les commentaires. Il m’a également permis de faire de belles rencontres et d’accéder à un certain nombre d’opportunités professionnelles intéressantes.

Comment positionnez-vous la conciliation vie privée / vie professionnelle par rapport à la qualité de vie au travail ?

Il me semble que la question de la conciliation tient une place importante dans la problématique qualité de vie au travail. Je suis persuadée qu’une personne à qui l’entreprise donne les moyens de s’épanouir à la fois dans sa vie privée et pro et à concilier les deux sphères de manière relativement satisfaisante, se sentira davantage impliquée dans son travail. A l’inverse, s’il existe des frustrations, des tiraillements incessants entre les deux sphères, cela finit par créer une insatisfaction et un moindre engagement au travail. Mais bien évidemment, la qualité de vie au travail englobe d’autres problématiques tout aussi (voire parfois même plus) fondamentales/décisives, telles que la qualité du management, l’organisation du travail, les objectifs et les moyens alloués, l’ambiance de travail, l’environnement, etc.

Comment résister à la tentation de vous demander la façon dont vous abordez votre propre conciliation vie privée / vie professionnelle ! La deuxième partie de ma question concerne les éventuelles idées que vous avez déclinées dans votre propre vie à partir des témoignages que vous rapportez dans votre site

J’essaye de l’aborder de la façon la plus harmonieuse possible, de la vivre comme un enrichissement réciproque. Mais je suis également convaincue que cet équilibre n’est pas figé et jamais gagné. C’est pour cette raison que j’ai été tour à tour salariée à plein temps, à 80% puis indépendante et qui sait, demain, à nouveau salariée ? Je suis également consciente des difficultés à s’impliquer à la fois dans une carrière professionnelle intense et exigeante et dans l’éducation de ses enfants (surtout s’ils sont plusieurs). Je trouve qu’être parent est une tâche à la fois très gratifiante mais également très prenante ! De même, lorsque l’on a la chance d’aimer son métier, on voudrait pouvoir l’exercer pleinement. Mais tout n’est pas toujours possible ! L’un comme l’autre demande du temps (et forcément il n’est pas extensible à l’infini) mais aussi de l’énergie, de la disponibilité mentale, etc. Je pense enfin qu’il est fondamental que cette conciliation soit un choix discuté en couple. Il me semble important de trouver son équilibre et non pas de se contenter de suivre des injonctions ou des pressions extérieures, tout en tenant compte bien sûr de ses contraintes financières.
Les témoignages recueillis sur En aparté montrent que l’équilibre est atteignable mais pas facile, qu’il existe souvent un certain cheminement, voire des tâtonnements avant de l’atteindre et surtout qu’il existe une multitude de parcours possibles. J’espère que tous ces témoignages donnent envie d’être le plus actif possible face à cette conciliation. J’espère aussi donner l’envie d’oser ! Pour conclure, mon souhait est d’être la plus ouverte et la plus respectueuse des choix de chacun.

Pour vous, quels sont les acteurs qui peuvent contribuer à une amélioration de la conciliation vie privée / vie professionnelle ? Et à chacun, quelle est la principale demande ou proposition que vous lui feriez ? Plus globalement, avez-vous des propositions ou suggestions à formuler ?

Il me semble que trois principaux acteurs peuvent y contribuer : les politiques publiques, les entreprises, les individus. Mais il ne suffit pas que l’un fasse des efforts si les deux autres ne suivent pas. Mais je dirai que globalement, pour que cela marche, il faut sans doute beaucoup de bon sens, une bonne organisation, de la compréhension, de la confiance…
Plus spécifiquement, les politiques publiques peuvent favoriser cette conciliation à travers des structures (garderies, crèches, etc.), des dispositifs (congés parentaux, congé de paternité, etc) et des aides financières (déjà généreuses, me semble-t-il). L’entreprise peut y contribuer grandement, à travers un management à la fois exigeant et compréhensif, une confiance réciproque (de l’entreprise vers le salarié et du salarié vers l’entreprise), mais également grâce une certaine flexibilité dans l’organisation du travail – lorsque cela est possible bien sûr- ou à quelques coups de pouce financiers. Enfin, au niveau individuel, il faut savoir faire les bons choix, disposer d’une bonne dose d’énergie et de santé, et lorsque l’on est en couple, les maîtres mots me semblent être la communication et la discussion.

Pour conclure, je pense qu’il s’agit d’une question vraiment complexe, à la fois collective et individuelle. Il n’existe pas de solutions simples mais une multitude d’approches, d’initiatives, d’arrangements possibles. Il faut que l’environnement donne les moyens et se donner soi-même les moyens d’améliorer cette conciliation, sans oublier personne : son travail, son conjoint, ses enfants et soi-même ! Pas simple…

Merci beaucoup pour ce témoignage riche et longue vie à votre blog qui fait référence sur le sujet !

Olivier Hoeffel

Responsable éditorial de laqvt.fr Auteur des blogs lesverbesdubonheur.fr et autourdelabienveillance.fr

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