La bataille du stress
Avez-vous remarqué que le stress se conjugue à la première personne du singulier ?
Singulier non ?
Vous voulez encore plus singulier ? Alors, voici comment comparer mon propre stress avec toutes les bonnes raisons que, vous autres, vous avez de ne pas stresser.
Moi, salarié du privé, je suis bien évidemment victime du stress au travail. Alors sérieusement, comment vous, fonctionnaires, pouvez-vous vous plaindre avec une sécurité de l’emploi assurée, et un nombre de jours de vacances inconsidéré. (1)
Moi, fonctionnaire, je suis bien évidemment victime du stress au travail. Soyez sérieux, salariés du privé ! Arrêtez de vous plaindre ! On vous l’augmente à vous, votre salaire !
Et moi, pauvre victime des transports en commun, je suis bien évidemment stressé par les conditions de trajet : tous les jours compressé dans mon wagon personnel, mais partagé … très partagé; obligé par ailleurs de composer régulièrement avec les retards. Quand j’entends les automobilistes se plaindre, j’ai envie de leur dire : vous n’êtes pas un peu confortablement assis dans votre voiture.
Moi, pauvre automobiliste dans ma voiture, je suis bien évidemment stressé, stoppé depuis 20 mn au Triangle de Rocquencourt. Ca m’énerve de voir tous les quatre matins un reportage à la télé sur les difficultés des usagers des transports en commun. Soyons sérieux ! Moi je suis toujours à l’arrêt alors que vous autres, vous vous trouvez tranquillement en train de lire votre journal dans votre moyen de transport qui vous conduit directement presque devant votre immeuble de bureau. Et les galères de stationnement, c’est pas pour vous !
SVP, arrêtons de comparer en permanence les bonnes raisons de stresser des uns
avec les bonnes raisons de ne pas stresser des autres.
Vous allez me dire : “comparons alors les raisons de stresser des uns et des autres !”.
J’avoue que ce serait déjà plus logique.
Peut-on proposer mieux, plus constructif ?
En faisant un énorme travail d’imagination, j’ai bien le début d’une idée :
et si chacun acceptait que l’Autre puisse avoir des raisons de stresser, différentes des siennes.
Vous voulez dire que, déjà, on pourrait éviter de stresser quand on parle à plusieurs du stress ?
Alors, on aura déjà réalisé un beau pas en avant !
Evidemment, on peut aussi parler de QVT, et de fait, ça stresse beaucoup moins ! Non ?
(1) ignorance, contre-vérité et mauvaise foi, voilà aussi des ingrédients fréquents de ces échanges
photo sous licence creative commons – auteur : Novéquilibres