Le bien-être vu par les DRH
La pratique sportive et la Qualité de Vie au Travail (QVT) ont comme valeurs communes l’esprit d’équipe, la coopération, la santé, gages de performance et de bien-être. Le colloque sur “l’Incidence économique du bien-être dans l’entreprise” organisé conjointement par l’AGORA du Sport et Malakoff Médéric le 22 janvier dernier a permis d’en faire la preuve, riche de communications et d’échanges sur lesquels nous aurons l’occasion de revenir prochainement.
Si la notion de bien-être est vague, chacun reconnaît cet état positif et constructif quand il s’y trouve. Dans le monde de l’entreprise, par glissement , souffrance et mal-être au travail ont laissé le champ sémantique au “bien-être au travail” qui conjuguerait santé physique, santé mentale et lien social, dans une analogie que je me permets avec la définition de la santé par l’OMS (1).
Par ailleurs le coût du bien-être est souvent évalué à l’aune des coûts générés par son absence (coût de non santé, coût de la non implication), et quantifier l’incidence économique du bien-être dans l’entreprise est délicat.
L’incidence économique du bien-être vue par les DRH
Anne-Sophie Godon, Directrice Prévention et Nouveaux Services chez Malakoff Médéric a exposé les résultats les plus marquants de l’étude que son groupe vient de consacrer aux directeurs des ressources humaines. Début 2012, 200 DRH ont été sollicités pour répondre au questionnaire sur l’incidence économique du bien-être dans l’entreprise et sur leur propre bien-être au travail.
Invitée, Sylvie Brunet vice-présidente de l’ANDRH et membre du Conseil économique, social et environnemental (CESE)(2), a apporté son éclairage d’experte en gestion des ressources humaines.
Sur le bien-être des salariés
A la question “le bien-être est-il un enjeu de performance ?” les DRH répondent oui à 75%, contre 52% seulement pour l’ensemble des salariés. Confirmé véritable enjeu d’avenir, le bien-être rejoint la santé et la sécurité comme incontournable gage de performance. La plupart des DRH interrogés sont persuadés que le bien-être sera demain un sujet d’intérêt de leur dirigeant.
Les leviers du bien-être retenus par les DRH restent les mêmes qu’en 2008 (3)pour les deux premiers : les pratiques managériales, l’équilibre vie professionnelle et vie privée. Suivent le sens et l’intérêt du métier, la reconnaissance au travail, la confiance dans l’avenir. En 2008, face à une urgence dramatique, les préventions des RPS, TMS, addictions étaient citées prioritairement.
Pourquoi investir dans le bien-être ?
En premier lieu, pour améliorer la compétitivité et la performance répondent les DRH, avant de parler d’attirer/ retenir des talents, d’améliorer le climat social, de maîtriser l’absentéisme.
En revanche, selon les DRH interrogés, les indicateurs financiers ou matériels manquent pour évaluer le retour sur investissement, et cette absence d’évaluation constitue un frein important à l’intégration de la notion de bien-être dans la performance, au même titre que le manque de budget en matière de déploiement de programmes favorisant le bien-être. En 2008, le baromètre mettait en avant la difficulté à faire un diagnostic et la connaissance insuffisante des solutions de prévention.
Toujours le stress
Selon les DRH, le stress au travail est en relation avec les questions :
- d’intensité du travail,
- de charge émotionnelle,
- d’autonomie,
- de rapports sociaux,
- de conflits de valeur,
- d’insécurité dans les relations de travail.
Cordonniers mal chaussés ?
Interrogés sur leur propre bien-être, les DRH se révèlent une population stressée, ce qui n’a pas étonné Sylvie Brunet.
On imagine combien la charge émotionnelle, les rapports sociaux et les conflits de valeur peuvent peser lourd quand on gère les ressources humaines. Sylvie Brunet rappelle les sujets principaux qui ressortent des préoccupations des DRH adhérents à l’ANDRH (5000 membres) : le dialogue social, l’évolution de la fonction RH qui mérite d’être plus stratégique et la santé et la sécurité au travail.
Sylvie Brunet garde de son passage chez GEM Plus (à présent GEMALTO) le souvenir dynamique d’avoir participé à une entreprise dont une des valeurs était le fun, ce que peu osent encore aujourd’hui. De cette “start up” entrée en bourse récemment, elle cite en exemple la souplesse réactive et conseille la plus grande attention à la formation, au bien-être, à la mobilité pour faire face aux remous inévitables de la vie d’une entreprise.
Le changement est d’autant plus aisé qu’il vient féconder un terrain préparé et déjà imprégné de QVT.
Nous vous proposerons prochainement un article centré sur les éléments chiffrés d’enjeux et d’impact économique du bien-être présentés à l’occasion de cette conférence.
(1)La santé définie par l’OMS, fait référence à un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité.
(2) Au CESE, Sylvie Brunet siège à la section Travail et emploi ainsi qu’à la délégation aux Droits des femmes et à l’égalité dont elle est vice-présidente. Elle est également professeure associée en Management des ressources humaines au sein d’Euromed Management.
(3) Baromètre Bien être psychologique au travail pour Malakoff Médéric Psya / IFOP septembre 2008 qui confrontait le point de vue des DRH et celui des salariés
photo sous licence creative commons – auteur : Giant Ginkgo