Saluuuuuuut ! ça vaaaaaaaaa ?

Novéquilibres : effusion

C’est drôle tout de même.
Si vous êtes un lecteur assidu et régulier de laqvt.fr, vous devez sentir comme un parfum de déjà senti dans le titre de mon article :
Pas plus tard qu’il y a quelques jours, Olivier Hoeffel publiait à cet endroit : «Salut, ça va? …!»…
Avouez qu’il serait quand même mal venu qu’Olivier et moi nous entre-déchirions pour une histoire de plagiat en plein mois de la convivialité !

Et bien rassurez-vous, pas de guerre intestine à la clef :
Il s’agit d’un cas typique et néanmoins rarissime de tenue de ligne éditoriale par télépathie !

Bref, mois de la convivialité oblige, il m’a semblé opportun de ne pas engloutir ma cuisse de chapon et ma douzaine d’huitres sans me plier à l’exercice : il y a bien quelque chose à dire sur la convivialité des acteurs…
Et m’est revenue à l’esprit une réflexion que je me suis faite il y a quelques temps… Une réflexion en deux temps :

Observation in vitro

Pour le public, les artistes sont de grands enfants extravertis et bruyants, qui s’embrassent à grands renforts de cris et de rires. Pas de pudeur dans leurs étreintes publiques, au contraire, il semblerait que le niveau sonore soit proportionnel au public présent.
En gros, on s’aime et on aime montrer qu’on s’aime.
Une particularité étrange : l’immense joie affichée est la même que l’on s’adore ou que l’on se déteste. Un regard aiguisé pourrait détecter un enthousiasme légèrement plus affiché quand les protagonistes se détestent : mais il ne faut jurer de rien. Tout est possible. Comme il est prouvé que le ridicule ne tue pas, on en profite…

Expérience in vivo

Les aventures artistiques, les films, les pièces, sont de drôles de raffiots.
On y embarque fébrile avec des inconnus, mais les tempêtes et les îles au trésor font de nous des compagnons de fortune.
Les émotions nous marquent tous du même fer rougi, et nous voilà soudain de la même famille alors que l’on ne se connaissait pas hier… et que d’une certaine manière, on ne se connait pas plus aujourd’hui…

Je peux en témoigner, j’ai embarqué dans certains de ces navires, et je ne pense pas être plus superficiel ou plus hypocrite que n’importe qui.
J’ai creusé de mes mains et de ma sueur pour trouver des trésors et les souvenirs en sont merveilleux et encore vivaces des années après.

Si bien que quand au hasard d’une projection ou d’une représentation, je croise une personne rencontrée dans un de ces équipages, le rituel exubérant et sonore auquel nous nous adonnons de bon cœur a de quoi faire sourire… mais on s’en moque : le souvenir de l’odeur des embruns et du bruits des doublons est plus fort que tout !

Rentrons des Caraïbes

Bon, je fais amende honorable, il suffit qu’on me laisse un clavier AZERTY et un espace de parole pour que je m’emporte : j’ai la métaphore facile.
Mais ce que je viens de dire est vrai. Cela fait partie des belles et exaltantes choses de mon métier : les amitiés fortes et éphémères – construites en dur sur du rêve. Laissons les grincheux dire qu’elles sont superficielles.

Afin de mouiller définitivement l’ancre, pour ce coup-ci du moins, tâchons d’être objectifs, ou du moins clairvoyants : pas plus qu’un autre, le métier d’acteur n’échappe au sourire forcé et au baiser de Judas. Mais peut-être y échappe-t-il moins.
C’est un métier de séduction : il faut savoir susciter l’envie de l’assistant, du directeur de casting, du réalisateur.
C’est un métier de rencontres, de conquête, de re-conquête, dans lequel il faut sans cesse voir et être vu. Loin des yeux, loin du cœur.

Mais fort heureusement pour les ours comme moi, le chemin n’est pas si implacablement balisé !

 

photo sous licence creative commons – auteur : rogerimp


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