STOP au trop !

c'est trop !

Qui ne s’est pas un jour forcé, contraint, a fait avec, et s’est dit je n’ai pas le choix, j’ai des charges importantes, de grosses responsabilités, c’est comme ça, il faut bien, personne ne peut le faire à ma place, à chacun son lot, il y a pire…

Qui n’a pas ressenti à un moment que c’est trop, avec la sensation d’en avoir plein le dos, de manquer de sommeil, d’avoir les nerfs en pelote, du mal à se concentrer et l’impression de se prendre la tête. Trop lourd, trop vite, trop à faire…

De plus en plus nombreux sont ceux qui essaient de galoper la mule trop chargée, en tirant sur la corde, et perdent le contrôle de leur monture, risquant la chute parce qu’ils en font trop au lieu d’avancer au trot, tranquillement, à leur rythme. La plupart ne prennent pas ce temps de ménager la bête car ils n’ont pas de temps à perdre, et ils courent tout le temps après le temps. Ce qui n’a pas été fait dans le temps souhaité, ce qui reste à faire à temps, ce qui ne sera pas fait dans les temps… avant, après, mais peu de place au moment présent, l’instant, là, maintenant, au pas, tout simplement.

L’humain peut-il se développer durablement dans cette course au temps, ce monde agité, pressé, alors qu’il est exténué, verrouillé, compressé, en tension… autrement dit, comment s’adapter à ce monde en mutation pour ne pas être dans le trop, pour ne pas se perdre de vue et profiter de chaque moment ?

Nous pouvons repérer les mots ou pensées qui expriment le trop, et s’en servir pour la mise en place d’une action positive.
Trop long de faire la queue au supermarché : profiter d’un moment de pause détente pour souffler, regarder ce qui nous entoure avec un œil neuf, rencontrer les autres. Adopter une bonne posture en prenant conscience de sa verticalité pour s’ancrer, en se servant de la gravité terrestre pour lâcher ses épaules, ses mâchoires. Prendre conscience du poids de ses courses, de son panier, de chaque article que l’on pose sur le tapis roulant quand vient en son temps notre tour.

Trop stressant d’être bloqué dans les embouteillages : prendre alors conscience de ses points d’appui pour se caler, souffler pour évacuer le stress et patienter confortablement assis. Activer un sens, comme le toucher par le doux contact des mains et des doigts sur le volant, ou l’ouïe en écoutant sa musique préférée.

Trop loin de marcher jusqu’à ce lieu où je dois me rendre : porter mon attention sous le dessous de mes pieds et je vis chacun de mes pas en coordonnant mes mouvements le nez au vent, en profitant pleinement de cet entre-deux, depuis le point de départ et jusqu’au point d’arrivée.

Trop mal au dos après 2 heures devant mon ordinateur : se positionner au fond du siège en lâchant les épaules, le dos bien calé, les pieds bien à plat et souffler longuement pour se poser, se déposer, se relâcher quelques instants. Je m’oxygène, je libère mes tensions et je reprends plus efficace et moins tendue qu’avant.

La répétition de ces courts moments optimisés de présence à soi, vont sans perdre de temps faire gagner du temps, et alléger du trop au fur et à mesure de la journée. Le soir il sera plus facile de ralentir le rythme, de moins résister pour basculer dans le sommeil, et restaurer les batteries afin d’aborder un lendemain plein d’entrain.

Ménager sa monture à chaque instant permet de garder le sens de la mesure, de respecter ses limites et d’être au niveau juste pour rester en selle durablement.

Alors stop au trop, et au trot, au trot, au trot…

photo sous licence creative commons – auteur : net_efekt

Caroline Rome

Caroline ROME est spécialisée dans le sommeil et la vigilance, les rythmes, membre du comité éditorial de laqvt.fr, associée de Novéquilibres, attachée au Centre du Sommeil de l’Hôtel-Dieu à Paris, membre de l'Institut National du Sommeil et de la Vigilance

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