La QVT des solos
Dans le cadre de notre dossier “La QVT pour toutes et pour tous », nous nous intéressons à la veille de notre pause estivale à la Qualité de Vie au Travail (QVT) des solos. A partir du moment où il y a collectif, la QVT peut être co-construite au sein du collectif en articulant au mieux la responsabilité individuelle et les responsabilités collectives. Pour un solo, il en est autrement. Et si certains aspects peuvent leur être enviés, par exemple la liberté d’action et l’autonomie, la QVT ne repose pas que sur quelques dimensions a priori enviables, loin s’en faut. Ce premier article considère globalement les enjeux et introduit des articles donnant témoignage des conditions de travail de travailleurs solos, de leur QVT et de la manière dont ils peuvent l’améliorer.
De l’importance de cadrer la QVT
Au sein de collectifs, la législation du travail mise en musique par le dirigeant, la DRH, les IRP, le CHSCT, les préventeurs, la médecine du travail, … définit un cadre relativement aux conditions de travail. L’enjeu étant de rester dans ce cadre et d’apporter les modulations nécessaires tout en respectant la législation et la convention collective.
Avec l’ANI du 19 juillet 2013 vers une politique d’amélioration de la QVT et de l’Egalité Professionnelle, et en particulier la disposition relative aux espaces de discussion, les collectifs sont invités à se saisir des sujets de la QVT, de la Qualité du travail et du travail, de les mettre en débat dans le but d’apporter des améliorations concrètes.
Souvent les solos n’ont pas de cadre ou un cadre informel. Cela peut conduire à des risques pour la santé physique, psychique et sociale. Ces risques sont d’autant plus importants que les conduites à risque restent largement de la seule responsabilité du solo et qu’aucun autre acteur ne porte intérêt à sa QVT.
Fixer un cadre permet de conserver l’équilibre. Certains peuvent y voir de prime abord une façon de s’ajouter des contraintes. En réalité, bien souvent le cadre que l’on se fixe libère de certaines contraintes, permet de hiérarchiser les priorités et d’intégrer en tant que telles la QVT et la santé dans les priorités pour l’individu et pour son entourage. La QVT étant à considérer de manière indissociable avec la qualité de vie.
Comme cadrer sa QVT en tant que solo ?
Le premier conseil que nous voulons donner aux solos reprend les trois préalables que nous avons présentés en fin d’année dernière, préalables valables quels que soient l’activité et le statut de la personne en activité :
- Se saisir de sa propre responsabilité. C’est d’autant plus important pour un solo que personne n’est là pour prendre le taureau de sa propre QVT par les cornes à sa place. Et tout simplement, très probablement, personne n’est là pour l’inciter à s’y intéresser. Il faut alors savoir prendre de la distance avec des idées toutes faites ou des croyances selon lesquelles il est normal pour un solo de ne pas compter ses heures, pour certains métiers de ne pas avoir de vie de famille, de ne devoir compter que sur soi, de s’oublier au profit de ses clients et de son activité, …
- Assurer de la réflexivité sur son rapport au temps. Le solo choisit ses horaires et n’a de compte à rendre qu’à lui-même et c’est bien là le problème. Il risque de ne pas mettre les limites, de travailler WE et jours fériés sans compter ses heures, sans faire le distinguo entre travail et vie. Il se met la pression tout seul, et peut se perdre de vue facilement dans un hyper contrôle qui va jusque ne plus se poser. Dans certains secteurs d’activité les propositions sont cycliques ou saisonniers; certains mois sont surbookés et d’autres désertiques. Il est alors bien difficile de refuser le trop pour contrebalancer le potentiel pas assez qui finalement pourrait vite devenir lui aussi trop. Par ailleurs, le refus de contrats fait prendre le risque que le demandeur aille voir ailleurs … Et vient la peur de manquer à l’avenir.
- Etre acteur de l’attention réciproque. L’attention réciproque est un préalable à la mise en place de dispositif permettant la co construction de la QVT avec d’autres acteurs, de se donner la possibilité d’être stimulé par autrui sur la préservation de sa QVT et inversement d’apporter sa contribution à la préservation de la QVT d’autres personnes; cela par exemple dans le cadre d’un groupe de codéveloppement professionnel ou de tout autre dispositif permettant de prendre du recul, de s’exprimer sur son travail et de profiter de l’intelligence collective pour faciliter la sortie de situations qui semblent quelques fois inextricables.
Les autres conseils que nous vous donnons au travers de nos articles sur laqvt.fr ont aussi toute leur place; entre autres :
- la déconnecte attitude pour être en capacité de trouver le bon équilibre entre les différentes sphères de vie, d’autant plus quand l’activité du solo est menée tout ou partie à son domicile ;
- ne pas dépasser ses limites en étant en pleine conscience de soi, à travers la juste conscience ;
- aborder la reconnaissance au travail de manière panoramique, en particulier à travers celle qu’on reçoit et qu’on attend, mais aussi à travers celle qu’on donne.
Le cadre amène à l’ouverture et l’équilibre d’une QVT des solos respectée. Et Boris Cyrulnik illustre cela en disant :
“Le hasard ne joue que dans un cadre étroit des possibles”
Nos articles sur la QVT des solos
Voici la liste des articles concernant la QVT des solos. Cette liste sera mise à jour au fur et à mesure de nos contributions sur ce sujet.
- La QVT de Louise, bergère dans l’Entre-Deux-Mers
- La QVT de Toni et Nino, traiteurs italiens en duo à Paris
Article corédigé par Caroline Rome et Olivier Hoeffel