La QVT au travers des âges
La Qualité de Vie au Travail (QVT) est un concept très récent dans le monde du travail. Mais en réalité, la QVT est née avec le travail. Faisons ensemble le chemin entre la préhistoire et notre histoire contemporaine à travers le prisme de la QVT.
Au temps de la préhistoire …
… il n’y a pas de distinction entre les activités productives et les autres comportements humains, puisque le nécessaire est priorité comme assouvir la soif, la faim, la sécurité, se protéger des intempéries et des animaux prédateurs.
Quand les besoins de base sont satisfaits, tout va bien et la qualité de vie est là, pas encore au travail (car QVT = qualité de vie au travail), mais travail inclus puisque tout est imbriqué. La fabrication de la massue n’est pas considérée comme du travail, c’est de la survie.
Bon, j’imagine que ça se passait comme ça, et je pense que l’essentiel est là…
Après
Les premières cultures, les premiers élevages amènent davantage de sédentarisation, permettent de faire des réserves, et la notion de biens propres, de territoire apparait. La vie sociale se structure petit à petit.
C’est l’invention de l’écriture, puis celle du calcul et le commerce émerge ; en premier lieu sous forme de troc, et ensuite d’échange de quelque chose qui a été prévu pour satisfaire les besoins d’un autre, comme par exemple des peaux de bêtes. Le travail est fait en toute liberté et quand il est bien fait donne de la satisfaction. C’est le début de la QVT, le travail est nourrissant au sens propre comme au sens figuré.
Bon, je n’y étais pas mais je suis sûre que ça se passait de cette manière là…
Encore après
Les plus malins vont faire faire aux autres le travail qu’ils n’ont pas envie de faire, mais qu’ils trouvent important que quelqu’un d’autre fasse pour leur permettre d’obtenir ce qu’ils veulent. C’est alors un chef, un décideur, qui va ordonner, imposer, et cela peut aller jusqu’à l’esclavage. Si l’attente du dominant est déçue, le dominé subordonné peut être puni : châtiment ou exclusion pour celui qui n’a pas bien fait ce qu’on attend de lui.
Et commence la peur de perdre son travail, de mal faire, ou au contraire l’envie de perdre son travail tellement c’est dur. Toujours est-il que la QVT en prend un coup, le travail fait alors souffrir.
Bon, je ne sais pas trop comment ça s’est passé, mais je crois bien que c’était un peu comme ça…
Encore, encore après
Le travail procure de l’argent, et l’oisiveté d’antan n’est plus considérée comme épanouissante. Ainsi naît la fierté au travail, celle de pouvoir subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille, et la reconnaissance de ses capacités à y arriver par son savoir faire, ses connaissances, sa maîtrise et son talent. C’est la valeur du travail bien fait des compagnons. Et quand tout va bien la QVT est de mise.
Mais quand tout va mal, à l’opposé ça va vraiment très mal et la qualité de vie est rude, et il n’y a rien pour ceux qui en bavent.
Les écarts se creusent de plus en plus, le travail n’est pas équitable et la QVT est précaire.
Bon, j’exagère peut être dans un sens comme dans l’autre, mais il y a peut être du vrai…
Encore, encore, encore après
C’est la révolution industrielle : les usines doivent produire de plus en plus car la concurrence apparaît, et les propriétaires des moyens de production emploient de la main d’oeuvre. Des machines font le travail, et l’homme doit suivre la machine, surveiller la machine, s’occuper de la machine, nourrir la machine, faire marcher la machine, mais quelquefois se fait bouffer par la machine, dans l’absence totale de QVT.
On travaille soit par obligation, devoir, nécessité, soit par envie de se réaliser, d’être reconnu, de posséder, le travail est une valeur.
Bon, c’est le souvenir vague que j’ai de mes livres d’histoire et de mes lectures, les usines, les ouvriers, les machines, en gros c’est ça…
Et après, donc maintenant
Le travail est depuis le XXème siècle perçu comme une marchandise, et les travailleurs aussi, un moyen de faire du profit pour beaucoup, et pour d’autres qui sont de plus en plus nombreux, pour subsister. Travailler plus pour gagner plus, et quand on gagne de moins en moins on est un moins que rien, et aller vers le haut ou descendre vers le bas, ça va de plus en plus vite. D’anciens salariés se retrouvent à la rue en un temps trois mouvements.
Le paradoxe est qu’il y a plein de travailleurs sous pression car sans travail, et plein de travailleurs qui croulent sous la contrainte avec trop de travail.
La protection existe, avec la médecine du travail, le CHSCT, les syndicats, les allocations chômage, les associations etc… Résultat, tout le monde croit être à l’abri. L’instinct de survie disparait, et quand la catastrophe arrive la personne concernée est complètement démunie. Je ne vais pas me lancer dans les accords QVT, Olivier Hoeffel s’en est déjà chargé.
Bon, Je m’arrête là, on est dimanche et déjà ça va pas d’écrire un article ce jour là alors que ma boite ne me met aucune pression, que nous sommes bienveillants les uns avec les autres et coopérons en bonne harmonie, je pense que je dois ménager au mieux ma QVT…
D’où l’important de revisiter les conditions de travail, de prendre les bonnes graines de toute cette histoire passée, ce qui était bien (comme la massue pour réguler le stress), pas bien (comme l’esclavage), moins bien pour mieux faire (comme la machine qui bouffe l’homme), pour cultiver ou tricoter la QVT qui a bien besoin de pousser aujourd’hui.
Et surtout, ne pas oublier :
« Choisis un travail que tu aimes, et tu n’auras plus à travailler un seul jour de ta vie. »
Confucius
photomontage basé sur la photo sous licence creative commons – auteur : Matt Brown