Déconnect attitude : du clavier au stylo
Je me souviens du plaisir de la rentrée scolaire et universitaire avec les choix de crayon ou critérium, de stylo, la couleur de l’encre, et bien sûr le nécessaire à leur utilisation respective comme la gomme, le taille crayon, la règle. Puis quel support pour se servir de ces fournitures ?
Cahiers, feuilles de classeur à petits ou grands carreaux, carnet et agenda sobre ou décoré selon les années et les tendances.
Que du bonheur, et à l’époque j’étais réputée pour ma belle écriture et j’en étais fière.
Je ne sais plus écrire
Aujourd’hui, je tape au clavier beaucoup plus vite que je n’écris tel Lucky Luke qui tire avec son revolver plus vite que son ombre. Alors, je ne prends plus le temps d’écrire. Quand j’y suis obligée, comme par exemple pour remplir un chèque, je m’y applique en tirant la langue comme quand j’étais petite tellement c’est dur. Et le résultat n’est pas des meilleurs. Quelquefois, j’ai honte du résultat.
Et je ne suis pas la seule dans ce cas. Quand, lors de formations, je demande les adresses courriel des participants pour envoyer des documents, je fais un véritable travail de traduction de hiéroglyphes tellement c’est mal écrit et je perds un temps fou à décrypter…
Je bloque à écrire
Si j’ai des idées qui me viennent dans une salle d’attente ou dans un transport et que je n’ai pas d’ordinateur ou de tablette, même en ayant mon agenda papier je bloque à écrire et m’en tiens juste à coucher les mots clés pour développer quand je serai devant mon clavier. Pourtant, j’ai du temps puisque j’attends, je peux en gagner mais j’ai perdu l’habitude d’écrire à la main.
Et je ne suis pas la seule dans ce cas, puisque rares sont les personnes qui écrivent dans les cafés comme autrefois; ils sont bien plus nombreux à pianoter sur des claviers. Je trouve que cela a beaucoup moins de charme…
J’ai envie d’écrire
L’écriture manuelle me manque et j’en ai même quelquefois des démangeaisons à l’extrémité des doigts, comme un manque que je combats par conditionnement au clavier, un peu comme une dépendance à la drogue; c’est une réelle addiction. Ce n’est pas toujours bon pour moi, pas toujours adapté et pourtant je continue à ne pas pouvoir me passer de mon clavier pour écrire.
Et je ne suis pas la seule dans ce cas et j’en connais plus d’un qui est accro au clavier et d’ailleurs Michel Serre en parle comme de la génération « pouce poussette », en désignant ceux ou celles qui écrivent par SMS plus vite qu’ils ne parlent et sont aussi avares d’écriture au stylo au bénéfice des touches du téléphone portable.
Ça fait quoi écrire ?
Du côté négatif, écrire amène à consommer du papier, et notre planète en souffre c’est certain puisque 398 millions de tonnes de papier sont consommés dans le monde chaque année. La moyenne par habitant en France est de 136 kg de papiers et cartons utilisés, et pour chaque employé de bureau 70 kg ce qui nous classe au 22è rang mondial. Il y a pire certes, mais il y a mieux en considérant qu’il faut deux à trois tonnes de bois pour fabriquer une tonne de papier classique. Résultat, 250 000 hectares de forêt tropicale disparaissent chaque semaine à travers le monde, ce qui représente 25 fois la superficie de Paris.
Du côté positif, écrire amène beaucoup de plaisir sensoriel, le grain du papier, l’odeur et la couleur de l’encre, mais aussi le recul nécessaire à la maturation des idées et le temps de réflexion avant de poser les mots et les phrases. La pratique de l’écriture améliore les capacités de motricité fine et de geste juste, et améliore les processus de mémorisation. Puis, chacun a la sienne avec ses singularités, pattes de mouches, écriture penchée, script, déliée, fine… on peut dire d’une certaine façon que dessiner est une écriture et qu’écrire est une expression de la personnalité.
Clavier ou stylo ?
En Finlande, il a été décidé de ne plus apprendre l’écriture cursive à l’école pour privilégier l’apprentissage du clavier, alors qu’aux États-Unis sur les 45 états ayant fait la même démarche plusieurs font machine arrière. De nouvelles études sont à l’origine de ce revirement en démontrant un lien de cause à effet entre la baisse du niveau des élèves et l’emploi exclusif des claviers.
Quand le stylo est utilisé, l’attention est plus présente car nous devons faire attention à nos courbes sur le papier, une lettre demande plusieurs mouvements alors que taper sur une touche un seul.
Une étude réalisée par des chercheurs des Universités de Princeton et de Californie a démontré, qu’avec stylo, un sujet utilise une partie plus large de son cerveau car la motricité est sollicitée et augmente les capacités cognitives.
J’en conclus que l’idéal est l’équilibre entre clavier et stylo, pour protéger la planète, pour être dans la déconnect attitude, et pour ma part je vais ressortir ma petite trousse rouge qui sent bon le cuir pour me tenter dans la reprise de l’écriture et contribuer à ma Qualité de Vie au Travail (QVT).
Et même, en dehors du travail pour ma Qualité de Vie je vais recommencer à poser des mots doux sur papier, des pensées profondes, des idées nouvelles…
Je vous quitte pour aller de ce pas acheter un stylo.
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