Dormir moins pour travailler plus !

Novéquilibres : Dormir moins pour travailler plus !
Novéquilibres dans sa brève du 8 février 2013 intitulée « Une stratégie inquiétante pour concilier vie professionnelle et vie privée », nous informe de l’étude réalisée par Regus sur l’articulation des temps entre les sphères professionnelle et privée.
Cette étude met en évidence que 34% des français rognent sur leur temps de sommeil pour concilier leurs obligations de vie professionnelle et familiale.

A quoi sert le sommeil ?

Les fonctions du sommeil

Dormir permet d’économiser de l’énergie en reconstituant les stocks énergétiques, et de restaurer le système nerveux tout en stimulant l’adaptation à l’environnement.

Les sportifs le savent, le sommeil est important pour la performance physique et intellectuelle. C’est pourquoi aux derniers Jeux Olympiques, les athlètes qui sont arrivés sur place une semaine avant le début des épreuves ont pu réguler leur rythme veille/sommeil perturbé par le décalage horaire pour être en forme avec un mental au top.

Les mécanismes d’apprentissage et de mémorisation se font en dormant, classement, stockage comme si on rentrait les données sur disque dur.

La régulation des fonctions comme la glycémie et l’élimination des toxines respiratoires, glandulaires, cardiovasculaires se font quand on dort. Un véritable nettoyage interne.

Les dysfonctions dû au manque de sommeil

Ne pas dormir son compte amène fatigue, irritabilité, mauvaise humeur, baisse de la concentration et des défenses immunitaires, perte de qualité de vie … et a des conséquences physiologiques puisque cela va conduire à de l’insomnie.

Le manque de sommeil est un activateur de stress qui est l’une des premières causes d’insomnie ; il réduit la vigilance et les capacités cognitives avec pour conséquences de nombreux accidents au travail ou pendant les trajets.

L’insomniaque a deux fois plus de maladies cardiovasculaires, et il augmente son risque de surpoids et de diabète. Plus il est gros plus il risque de ronfler, plus il ronfle plus il risque de faire des apnées du sommeil, et c’est un véritable cercle vicieux qui s’installe.

Le manque de sommeil perturbe notre génome, et des chercheurs américains ont mis en évidence que dormir moins de 6 heures par nuit a un impact important sur l’expression de plus de 700 gènes.

Dormir juste pour travailler mieux

Le sommeil est tout sauf une perte de temps, quand on dort on récupère physiquement, psychiquement, nerveusement et intellectuellement. L’efficacité passe par le sommeil : il est important de ne pas tirer sur ce temps important de notre quotidien pour durer. Surtout que le sommeil risque de perdre de son élasticité et de ne pas revenir à la normale au bon vouloir de chacun.

Il est possible cependant en connaissant la durée de son cycle de sommeil de ne pas perdre son temps inutilement. Si je m’endors à ma bonne heure et que je me réveille naturellement avant le réveil, quand je ne peux pas faire un cycle complet avant la sonnerie il vaut mieux que je me lève pour être plus en forme.

Calcul de la durée d’un cycle

Des conditions favorables pour mesurer la durée de son cycle de sommeil : se coucher après un diner léger sans alcool, peu gras, sans sucre, sans prise d’excitant après 16 heures, sans stress excessif.

  • Se coucher et noter l’heure d’endormissement : exemple 23 heures.
  • Prévoir un jour où le réveil sera naturel, sans contrainte horaire : exemple 7 heures
  • Vous avez donc dormi 8 heures que vous transformez en minutes : 480 mn (8 X 60)
  • Vous divisez le nombre de minutes par 90 (la durée de base d’un cycle pour un adulte)
  • Dans notre exemple : 480 : 90 = 5 cycles.
  • Les 30 mn restantes (480 – 450) sont à répartir sur les 5 cycles : soit 6 mn par cycle (30 : 5)

Dans ce cas, votre cycle est de 1 h 36 mn.

Dormir plus pour travailler mieux

Entre 13 heures et 15 heures c’est la minima de la vigilance diurne, le besoin de sommeil est physiologique même sans manger, mais accentué si le repas est copieux. S’accorder une sieste flash (1) pour répondre à cet état vous permettra de dissoudre votre stress, de restaurer votre mémoire automatique et retrouver de la vigilance.

Vous gagnerez du temps en dormant car après vous serez plus efficace, plus présent et attentif. En dormant à bon escient vous travaillerez mieux et plus vite.

Et pour tous ceux qui ont les dents longues et pensent qu’ils vont tout bouffer en dormant moins, un proverbe chinois dit : “Le tigre aussi a besoin de sommeil.”

Une phrase à méditer pour aller plus loin dans cette réflexion : Dormir plus pour travailler moins !

(1) Voir notre article « La sieste à la carte »

illustration : Marianne de Nayer

Caroline Rome

Caroline ROME est spécialisée dans le sommeil et la vigilance, les rythmes, membre du comité éditorial de laqvt.fr, associée de Novéquilibres, attachée au Centre du Sommeil de l’Hôtel-Dieu à Paris, membre de l'Institut National du Sommeil et de la Vigilance

2 réflexions sur “Dormir moins pour travailler plus !

  • 27 juillet 2023 à 21 h 20 min
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    je tiens d’abord à vous adresser mes sincères remerciements pour la rédaction de cet article. Il faut dire que votre plume se distingue par son audace intellectuelle et une finesse d’analyse qui, je dois le reconnaître, m’a véritablement captivé.

    Quant à l’article en lui-même, il aborde un sujet délicat : notre rapport au sommeil et à la productivité dans un contexte sociétal effréné. Votre approche du sujet démontre une éloquence remarquable, maniant avec aisance des concepts complexes, tout en rendant la lecture fluide et agréable. Vos arguments, finement choisis, sont déployés avec une rigueur et une cohérence qui forcent le respect. De plus, votre travail apporte une perspective novatrice et éclairante sur les effets de la privation de sommeil dans le monde du travail, ce qui donne à votre texte une profondeur certaine.

    Cependant, une question m’a traversé l’esprit à la lecture de votre article. Dans votre analyse, avez-vous envisagé d’aborder l’impact de ces comportements sur la santé mentale des travailleurs ? Selon diverses études, la privation de sommeil peut entraîner des troubles de l’humeur et du comportement. Qu’en pensez-vous ?

    Au plaisir de lire votre réponse et vos prochains articles. Encore merci pour votre contribution précieuse à la réflexion sur ce sujet.

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    • 28 juillet 2023 à 10 h 56 min
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      Merci de votre retour qui me fait chaud au coeur et m’encourage à continuer d’écrire !
      Et pour répondre à votre question, en effet, la privation de sommeil a un impact sur la santé mentale des travailleurs. Le sommeil paradoxal ou REM, plus fréquent en deuxième partie de nuit, permet d’équilibrer au niveau psychique : dilution émotionnelle, digestion de situation difficile, régulation des mécanismes de stress… Si le REM est insuffisant, le risque est un état d’excitation qui peut amener à avoir les nerfs en pelote, à monter facilement dans les tours, à être agressif, cassant, à partir en vrille à la moindre contrariété. Le burn-out de plus en plus fréquent dans le monde du travail en est une bonne illustration. Moins de sommeil = moins de maitrise

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