La QVT, sujet central personnel et sociétal pour tous les citoyens
Pour certains, la Qualité de Vie au Travail (QVT) est un sujet (trop) technique, ou un dossier de plus dans une pile de dossiers à traiter au sein d’une DRH, ou une façon de noyer le poisson des risques psychosociaux (RPS), ou une cerise sur le gâteau, ou un effet de mode, ou un dû, ou une façon de pouvoir gagner encore plus de performance, … Très souvent la QVT est considérée comme un objet, un dossier mais rarement comme quelque chose qui se vit, qui s’incarne, qui se conçoit déjà à la première personne du singulier. Je propose de considérer dans cet article la QVT comme sujet central et sociétal pour les actifs et au-delà : pour tous les citoyens.
Un enjeu personnel et sociétal
La Qualité de Vie au Travail est et doit être sans aucun doute un enjeu personnel pour chaque personne en activité professionnelle. Pourquoi ? Parce que le travail occupe une part importante de notre vie, a des impacts sur notre bien-être physique, psychique et sociale et s’articule avec les autres sphères de vie. Quiconque réagit au sujet de la QVT en se disant pas concerné ou pas intéressé est dans une forme de déni puisque chacun·e a au moins une motivation à aller travailler (ne serait-ce que de gagner son pain) et ressort de sa journée de travail avec des impacts (négatifs, positifs, ou mixtes) sur son état physique, psychique et social. Avec une nécessité vitale de recharger les batteries.
La QVT est aussi un enjeu personnel à plusieurs titres pour les personnes qui recherchent un travail :
- une personne en recherche active d’emploi mérite d’être considérée comme ayant une activité de travail dont le but est de trouver un emploi ; une activité plus ou moins suivie/soutenue par Pôle Emploi et/ou autre organisme facilitant cette recherche. Même si tous les déterminants de la QVT ne sont pas pertinents par rapport à son activité, il s’agit de veiller à sa bonne santé physique, psychique et sociale, notamment à travers son hygiène de vie, la qualité du relationnel, le développement des compétences, la confiance, l’autonomie, la gestion des émotions – notamment face aux réponses négatives -, le sentiment d’utilité, la reconnaissance, …
- selon les métiers, et en particulier pour ceux dits “en tension”, la personne en recherche d’emploi peut se trouver en situation de choisir entre plusieurs offres qu’elle peut comparer au prisme des déterminants de la QVT qui sont particulièrement importants pour elle ; par exemple : la conciliation entre la sphère professionnelle et les autres sphères de vie, l’ambiance, les possibilités de développement, un management de type participatif, les services de proximité, …
La QVT est aussi un enjeu central sociétal pour les personnes à la retraite. En effet, à travers leurs actes de consommation, elles ont un pouvoir potentiellement décisif sur la QVT des personnes qui contribuent à la conception, à la production et à la délivrance du produit ou du service concerné par l’acte de consommation. Evidemment, il n’y a pas que les retraités qui consomment, et nous trouvons aussi la population active dans un autre rôle que celui de sa gestion personnelle de la QVT : celui de contribuer à la QVT, peut-être directement ou indirectement, de leur famille, de leurs amis, voisins, … à travers leurs actes de consommation.
Revenons aux retraités : au-delà de l’enjeu sociétal, est-il concevable d’envisager qu’il puisse exister aussi un enjeu personnel ? Sur laqvt.fr, nous répondons positivement à cette question car nous avons une vision panoramique de la QVT : pour nous, elle ne doit pas s’arrêter aux activités rémunérées. Bon nombre de retraités sont engagés dans des activités bénévoles au sein d’associations. S’il parait très précurseur d’envisager la QVT des bénévoles alors même que la QVT peine à s’imposer dans le monde du travail rémunéré, ce n’est pas une raison pour nous de ne pas promouvoir régulièrement cette idée, en particulier dans l’Economie Sociale et Solidaire, afin que le sujet de la QVT, particulièrement dans les associations, ne s’arrête pas aux salariés, mais qu’elle s’articule avec celles des dirigeants, des administrateurs et des bénévoles sans mandats.
Evidemment, les bénévoles ne comptent pas dans leur rang que des retraités, ce qui amène à considérer qu’une personne en activité professionnelle peut voir les enjeux de la QVT sous 3 angles, 2 personnels et un sociétal :
- La QVT en enjeu personnel dans le cadre de son (ses) activité(s) professionnelle(s),
- la QVT en enjeu personnel dans le cadre de son (ses) activité(s) bénévole(s),
- la QVT comme enjeu sociétal à travers ses actes de consommation.
Modes d’action individuel et collectif
Que l’enjeu soit personnel ou sociétal, l’amélioration de la QVT passe par une articulation judicieuse entre :
- la responsabilité individuelle,
- les responsabilités collectives ; des responsabilités qui peuvent se jouer à différentes strates de la société : équipe, service, entreprise, branche professionnelle, Région, Etat, Europe, Monde.
Les lectrices et lecteurs réguliers de laqvt.fr auront ainsi reconnu un de nos leitmotivs qui se décline quelle que soit la dimension de la QVT.
Je donne deux exemples, le premier pour un enjeu personnel et le deuxième pour un enjeu sociétal :
- Enjeu personnel : je souhaite revenir chez moi le soir moins tard (plus tôt). Une des raisons qui conduit à la sortie tardive est l’organisation récurrente de réunions en fin d’après-midi. Collectivement, nous pouvons nous entendre pour ne plus planifier (ou moins souvent) des réunions tardives. Ce sera ensuite ma responsabilité individuelle de ne pas profiter de la libération de ces créneaux pour ne pas les utiliser pour d’autres actions de mon activité professionnelle ; peut-être avec d’excellentes raisons comme par exemple “je me sens plus efficace pendant ce créneau parce que je suis moins dérangé”.
- Enjeu sociétal : je n’ai pas le temps d’aller acheter un objet en boutique ; mon réflexe est d’aller sur un site internet de vente à distance bien connu et à ne pas répondre NON à l’invitation pressante de me faire livrer demain matin ; finalement, activant ma responsabilité individuelle je change d’avis et comme ce n’est pas urgent, j’attends quelques jours pour acheter en boutique ; ou alors, comme je sais que le site bien connu est aussi connu par ailleurs pour les conditions de travail difficiles procurées à ses employés, après quelques recherches, je m’aperçois que la boutique de proximité fait aussi des ventes à distance et je privilégie cette solution. Quelques temps plus tard, je décide d’aller plus loin et je vais soutenir une action collective de boycott du site bien connu.
4 mouvements pour aborder de manière systémique le bien-être de l’individu au travail
J’ai publié le 23 février 2018 l’article Faut-il être au fond du trou psychiquement pour espérer voir sa souffrance au travail reconnue ? sur le site internet d’actualités sociales Miroirsocial.com.
J’y ai développé une vision holistique et systémique du bien-être de l’individu au travail à travers la combinaison et la coordination de 4 mouvements :
- la reconnaissance des affections psychiques, leurs traitements et la prévention des RPS,
- le déploiement significativement plus déterminé du concept de QVT dans les organisations, quels que soient les secteurs d’activité,
- l’implication du consommateur à travers ses choix de consommation,
- la modification du code civil pour ajouter les dimensions sociale et environnementale dans l’objet social de l’entreprise.
Comme évoqué précédemment, les consommateurs peuvent jouer leur rôle en incitant les organisations qui, au pire maltraitent leurs employés et au mieux sont indifférents aux attentes à plus de bien-être, à rectifier le tir.
En tant que citoyen, nous pouvons aussi peser pour que le code civil intègre les dimensions social et environnementale dans l’objet social de l’entreprise. Le gouvernement a ouvert il y a quelques semaines une concertation publique via internet sur la future loi Pacte. Les citoyens et les collectifs de citoyens ont eu l’occasion de s’exprimer. Tant que la décision n’a pas été tranchée dans un sens ou dans un autre, les citoyens peuvent se mobiliser collectivement.
Si jamais, la loi Pacte devait se contenter de créer une nouvelle forme juridique d’entreprise s’ajoutant aux existantes, il y aura enjeux personnel et sociétal à activer pour faire de cette forme plus qu’un terreau potentiellement plus favorable à la QVT que d’autres. Car nous le voyons bien avec l’Economie Sociale et Solidaire, un terreau plus favorable ne suffit pas pour un bon niveau de QVT. A l’instar de la culture potagère, un bon terreau non cultivé ne donne pas grand chose.
Dans le cadre de notre promotion sur laqvt.fr de l’idée de Qualité de Vie au Travail pour toutes et pour tous, l’enjeu d’amélioration de la QVT est le suivant :
La QVT, c’est pour toutes et pour tous, et par toutes et par tous, y compris à travers les actes de consommation
Ping : Sur laqvt.fr, quand nous parlons de QVT ... - laqvt.fr