Les pièges de l’endurance
Le terme endurance me fait penser au coureur de fond qui doit garder son souffle jusqu’au bout de l’épreuve, et je suis toujours épatée par cette capacité de durer jusqu’à l’arrivée. Je me dis qu’au travail de plus en plus nombreux sont ceux qui manquent de souffle pour aller jusqu’au bout. Le monde de l’entreprise est de plus en plus sportif et il y a des éléments de comparaison à creuser entre les coureurs et les salariés, de quoi s’inspirer pour l’amélioration de la Qualité de Vie au Travail (QVT).
C’est quoi l’endurance ?
L’endurance est la capacité de maintenir dans le temps un certain niveau d’intensité exigée. Elle est définie comme une aptitude à résister à la fatigue et à la souffrance. C’est aussi une façon d’exister dans le temps.
En sport et pour les métiers physiques l’endurance est à plusieurs niveaux :
- l’endurance cardiovasculaire et respiratoire puisque coeur et poumon doivent maintenir l’apport en oxygène,
- l’endurance musculaire avec les muscles qui doivent maintenir un effort dans la durée,
- la volonté avec le moral qui doit être béton pour résister à la fatigue.
Le tout doit se faire en bonne coopération puisque le souffle apporte l’oxygène dont les muscles ont besoin pour l’énergie mécanique, le cœur véhicule les bulles d’oxygène par le sang et permet l’efficacité de ces échanges, et le mental solide est indispensable à la performance.
L’endurance qui ne dure pas
Dans des articles précédents, Olivier Hoeffel et moi avons déjà évoqué le manque de temps qui entraîne une mauvaise QVT. Dominique Poisson a écrit sur la mauvaise alimentation pauvre en énergie qui amène à l’épuisement.
Comme la charge de travail est importante, la tendance est à aller vite pour tout faire, avec la croyance que le seul moyen d’y arriver, c’est d’accélérer. La pression fait monter la respiration en thoracique et certains ne prennent même plus le temps de souffler. Les repas sont sautés ou pris sans conscience, et comme c’est sans conscience il y a peu d’effort pour les faire équilibrés.
Le bilan c’est : trop vite, essoufflé, manque de carburant, mauvaise récupération.
Pour la course d’endurance, c’est la même chose : le piège est d’aller trop vite en pensant que le corps va s’habituer et être plus efficace. Alors que c’est le contraire, plus on accélère, plus l’acidité dans les muscles va entraîner de la fatigue, et le risque est d’être stoppé par le surentraînement ou par des blessures.
En entreprise le manque de récupération se traduit par les TMS (troubles musculo squelettique), l’épuisement professionnel, jusqu’à se griller avec le burn out…
L’endurance qui dure
Courir au bon rythme, c’est une des principales qualités du coureur de fond, et le conseil le plus avisé est de courir lentement. Cela permet de ne pas s’épuiser inutilement et de progresser sur le long terme en maîtrisant l’endurance. Il est important d’être à l’aise, de pouvoir discuter avec les partenaires de course sans perdre son souffle, et de profiter avec plaisir comme si c’était une ballade.
Muscler son cœur est indispensable pour l’adapter à l’effort en augmentant le flux sanguin, et le meilleur entraînement est doucement et longtemps. Les muscles ont alors plus d’oxygène et c’est un véritable cercle vertueux pour produire plus d’énergie.
Courir à faible allure permet de récupérer efficacement car c’est basé sur le système aérobie :
l’aérobie est une activité physique nécessitant l’oxygène comme source principale de combustion des sucres fournissant l’énergie à l’organisme.
Le niveau d’activité doit être suffisamment faible pour ne pas imposer de difficultés respiratoires ni de douleurs musculaires. Le plus étant qu’il y a peu ou pas de déchet produit en évitant de développer l’acidose musculaire, donc rien à recycler, c’est purement écologique.
En entreprise, ralentir est tout aussi bénéfique pour durer en santé et en sûreté. Le rythme juste permet de renouveler l’énergie, le tonus, le souffle pour tenir la distance. Pouvoir échanger avec les collègues, faire les pauses repas à l’aise et en conscience pour fournir le carburant de qualité utile à l’efficacité. Moins de déchets sont fabriqués et donc moins de malades du travail, moins d’absentéisme, plus de plaisir et une meilleure QVT grâce à l’équilibre dans la durée.
Pour la course d’endurance les trois piliers sont :
- entraînement lent et sûr,
- récupération,
- objectif d’arriver pour gagner.
Pour l’endurance au travail les trois piliers sont :
- expérience lente et sûre,
- équilibre,
- objectif atteignable pour arriver.
Je le dis et le redis encore une fois : le corps est une machine subtile à ménager pour durer, et la comparaison avec la course sportive nous apprend quelle posture tenir au travail.
Superbe article.
Merci à vous
et bonne journée !
Monique