Jour 1 de la 11ème semaine de la QVT : question d’articulation
A l’occasion de la 11ème semaine pour la Qualité de Vie au Travail (QVT) organisée par l’ANACT (Agence Nationale d’Amélioration des Conditions de Travail) et les ARACT. Nous vous proposons 5 idées sur la QVT, un jour de cette semaine étant dédié à chaque idée. Ce lundi 16 juin 2014 est dédié à l’articulation entre la responsabilité individuelle et collective
Il doit être difficile de trouver un article de laqvt.fr où l’on ne traite pas de la question de l’articulation des responsabilités, explicitement ou non. Pourquoi cette question est-elle si centrale sur ce site d’actualité de la QVT et dans le modus operandi de l’équipe Novéquilibres ?
Je ressens
La Qualité de Vie au Travail est d’abord une question de perception. Chacune et chacun de nous a sa façon d’interpréter sa vie au travail, les conditions de travail, le sens du travail, et le rôle qu’on joue dans l’organisation.
La perception dépend de notre personnalité, de facteurs génétiques, de notre éducation familiale et scolaire, de nos expériences professionnelles, … Une combinaison d’influences qui construisent notre façon de percevoir globalement le travail, notre travail et la place du travail dans notre vie.
Notre perception, c’est un peu comme des filtres que nous intercalerions entre la réalité du travail, les conditions de travail et nous-mêmes. C’est pourquoi, deux personnes face aux mêmes conditions de travail n’ont pas le même ressenti par rapport à leur vie au travail.
Agir sur la QVT, c’est à la fois porter intérêt aux conditions objectives de travail et à la subjectivité. Même si la subjectivité est quelque chose qui nous est propre, elle peut être influencée par contagion positive et négative. Depuis la découverte en 1995 des neurones miroirs par des chercheurs de l’Université de Parme, on sait que les émotions et les comportements peuvent être contagieux.
La réalité
Les conditions objectives du travail méritent d’être interrogées et co-construites ensemble. C’est un enjeu gagnant-gagnant qui permet à la fois à l’individu de se sentir mieux considéré, plus écouté, plus engagé dans la construction des conditions de travail et dans les objectifs, et à la fois à l’organisation de construire un environnement de travail et des objectifs plus sains, plus réalistes, plus aptes à une performance durable.
La QVT se joue aussi à travers nos habitudes de vie, y compris en dehors du temps de travail. Nous sommes bien là sur une question première de responsabilité individuelle, mais qui mérite d’être conjuguée avec une responsabilité collective : celle de prévention, de sensibilisation, de soutien des individus dans des habitudes de vie (sommeil, équilibre alimentaire, activité physique).
Donc, la QVT se joue aussi bien sur la dimension objective que subjective, par un ensemble d’actions coordonnées qui interpellent à la fois la responsabilité individuelle et collective.
En matière de responsabilité collective, il faut savoir raisonner en terme de réseau d’actions :
- responsabilité de l’équipe
- responsabilité de l’organisation
- responsabilité de la branche professionnelle
- responsabilité des partenaires sociaux au niveau local, régional, national
- responsabilité de l’Etat
- responsabilité des organisations de prévoyance
- …
Prenons l’exemple des conditions de trajet domicile – travail
- La communauté urbaine participe à améliorer les déplacements sur le territoire à travers le Plan de Déplacement Urbains (PDU)
- L’organisation peut mettre en place des plages d’horaires flexibles pour éviter le stress de l’arrivée en retard dû aux problèmes de transport en commun ou de circulation; en fonction de sa taille, elle peut mettre en place un Plan de Déplacement Entreprise (PDE)
- Le manager peut planifier ses réunions pour qu’elles ne se finissent pas après 17h pour assurer que les salariés puissent prendre leur transport en commun à temps (comportement qui peut être aussi institutionnalisé au niveau de l’organisation)
- Plusieurs collègues peuvent se réunir pour organiser du covoiturage (initiative qui peut être aussi portée par l’organisation)
- L’individu peut chercher le(s) moyen(s) le(s) plus adéquat(s) de se déplacer et agir en terme de développement personnel pour aborder de manière la plus sereine son trajet
Dans un monde où l’on fait de l’individu un consommateur sur quantité de sujets, il est indispensable que l’individu ne soit pas enfermé dans un rôle de consommateur de ses conditions de travail; la QVT étant “déléguée” à des instances qui en seraient les uniques responsables (voire coupables en cas d’insuffisance).
Au contraire, la QVT appartient à chacune et chacun de nous et à la fois nous appartient à toutes et tous.
Alors, profitez de la 11ème semaine de la Qualité de Vie au Travail pour réfléchir et agir, individuellement et collectivement.
La réaction du Professeur Bossondur.
photo sous licence creative commons – auteur : Miquel Vernet