Assertivité : dire un vrai “Oui” pour impacter positivement la QVT

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En prolongement de l’article de la semaine dernière en deux parties La culture de l’assertivité pour améliorer la QVT (Partie 1), La culture de l’assertivité pour améliorer la QVT (Partie 2), et de l’Infographie sur la culture de l’Assertivité pour améliorer la QVT, je traite aujourd’hui des vertus à exprimer un vrai “Oui” avec les impacts positifs que cela a sur la Qualité de Vie au Travail (QVT) de celui/celle qui l’exprime et des autres parties prenantes, dans une approche gagnant-gagnant.

L’idée de prolonger mon article de la semaine dernière de cette façon m’est venue de la lecture de l’article Comment dire de vrais OUI publié par Lidy Zulke-Trokhatcheff (facilitatrice et formatrice en dynamiques collectives) la semaine dernière sur son site internet.

Des “Oui” qui n’en sont pas vraiment

Commençons par donner quelques types de “Oui” qui n’en sont pas vraiment, avec une variété de raisons et de conséquences :

  • Un “Oui” exprimé à la va-vite sans avoir écouté : c’est le “Oui” qui sort en mode automatique. C’est fréquent à l’ère du téléphone mobile où beaucoup de gens ont les yeux et leur attention rivés sur leur accessoire occupant une place vraiment pas accessoire. Cela peut poser un vrai problème si celui/celle qui a posé la question prend la réponse pour argent comptant
  • Un “Oui” exprimé par crainte de dire “Non” : la peur dans le cadre d’un rapport de force, la peur de d’écorner son image, la peur de faire de la peine, … L’intonation et la gestuelle qui vont avec peuvent trahir la réalité de ce “Oui”
  • Un “Oui” sincère mais qui n’a pas pesé l’engagement nécessaire et les conséquences : on pourrait l’appeler aussi le “Oui” à chaud qui, après réflexion, voudrait se transformer en “Non”. Une transformation qui pourra avoir lieu ou pas, qui sera exprimée ou non.
  • Un “Oui” de devoir :  si vous êtes de ma génération, il est probable que ce “Oui” vous parle
  • Un “Oui” non engageant : c’est l’inverse du précédent : on s’autorise à ne pas respecter le “Oui” à la moindre occasion
  • Un “Oui” d’impuissance : un “Oui” qui face à une situation compliquée fait qu’on ne voit pas d’autres réponses alternatives. On dit “Oui”, façon “je vais droit dans le mur, mais je n’ai pas le choix”
  • Un “Oui” défi ; un “Oui” sincère qui a pesé l’engagement et les conséquences, a estimé compliqué de tenir l’engagement mais que ce serait un beau challenge d’aller au bout ; voire une mission impossible qui espère un facteur chance
  • Un “Oui” de manipulation : un “Oui” utilisé comme artifice qui sera suivi d’un comportement visant son propre intérêt, y compris s’il contredit l’engagement pris par le “Oui”

Parmi ces types de “Oui” qui n’en sont pas vraiment, certains relèvent d’un manque d’assertivité à deux niveaux :

  • déficit d’affirmation de soi vis-à-vis d’autrui
  • déficit d’affirmation de soi à soi, en particulier quand cela tient à la connexion à ses propres aspirations et aux équilibres vitaux.

Le dernier d’entre eux, le “Oui” de manipulation, relevant aussi d’un manque de bienveillance. Je rappelle que nous voyons l’assertivité comme de l’affirmation de soi bienveillante, la recherche d’une triple (re)connexion : à soi, à autrui et à la planète.

Je termine cette section par une question pour laquelle chacun·e a ses réponses : quelle fréquence de faux “Oui” dans le monde du travail, dans les rapports sociaux, dans la bouche des politiques ?

Un vrai “Oui” qui fleure bon la QVT

Voici quelques ingrédients d’un vrai “Oui” qui va assurer sa propre QVT et celles des personnes concernées par les actions qui vont découler de ce “Oui” :

  • Une attention suffisante à la question posée : une attention concernant le fond et la forme ; le fond pour bien comprendre la question et ce qu’elle implique ; la forme pour identifier d’éventuelles discordances entre la question posée et la gestuelle et l’intonation de la personne qui pose la question
  • Une volonté de transparence mutuelle : il faut que la question posée explicite une intention, qu’elle n’en dissimule pas une autre ; réciproquement, la réponse doit être sincère avec l’autre (et déjà en ne se mentant pas à soi-même)
  • L’activation de l’Attention Réciproque : une attention sur les 3 dimensions : la réalité, la perception et les aspirations. Une attention qui va déjà dans le sens de s’interroger sur soi-même, sur l’autre et sur toutes les parties prenantes non présentes.
  • L’activation de la juste conscience : cette attention réciproque doit mettre la question de la QVT en centralité,  au moins autant que celle de la nécessité économique de l’action. Elle permet d’interroger au-delà du quoi, le pourquoi, le comment, le qui, le avec qui, … Elle pose clairement la question du réalisme des objectifs attendus. Dans le cas de sentiment d’impuissance (“je n’ai pas le choix” ou “on n’a pas le choix”), il s’agit de prendre du recul pour examiner ce qui est à sa portée, ce qui est à la portée collectivement et ce qui n’est pas à la porté ni individuellement ni collectivement
  • Un juste engagement et la co-responsabilité : le vrai “Oui” est un vrai engagement dans la justesse : un juste équilibre entre le trop peu et le trop. Il met l’auteur du “Oui” dans une situation de co-responsabilité par rapport à l’engagement. Y compris dans sa capacité à le remettre en cause et à le renégocier s’il y a menace sur la QVT.

Un vrai “Oui” n’est pas forcément spontané. Il peut être la conclusion d’un cheminement qui part d’un “Non, mais on peut discuter” ou d’un “Oui, mais …” ou d’un “Oui, et …”.

Un vrai “Oui” n’est pas forcément un “Oui sans réserve”, un “Oui” inconditionnel. Ce n’est pas un “Oui” qui est dans l’oubli de soi parce que faisant corps une personne, une idée, un projet . Il peut se concevoir adossé à des conditions qui, si elles devaient ne plus être réunies, provoque le réexamen de la décision initiale. La vie est fluctuante, il y a des aléas, des adaptations. Il est normal que l’on puisse reconsidérer la situation, surtout si la QVT de parties prenantes est menacée et d’autant plus si la QVT est touchée de manière avérée.

Un vrai “Oui” est une réponse parmi les réponses assertives. Toutes les réponses assertives ont un point commun : ce sont des réponses vraies, y compris celles qui sont dans l’hésitation. Elles participent à un alignement entre le “penser” et le “dire”. Puis quand l’action démarre, en prolongeant l’alignement avec le “faire”.

Le vrai “Oui” se cultive

Dans le monde du travail dans lequel nous vivons, il n’y a pas seulement le téléphone mobile qui est un obstacle au vrai “Oui” : il y a le manque de temps et les urgences, le niveau de chômage qui muselle l’expression de l’individu au travail par peur de prendre son emploi. Un niveau de chômage qui met certains dirigeants et managers de proximité dans l’idée que la soumission est un outil de management plus efficace que celle de susciter l’engagement par de la motivation intrinsèque. Cela tient aussi au fait que des individus ont été éduqués dans un sens du devoir qui conduit au “trop”, et d’autres sont centrés sur leurs propres intérêts, …

Le vrai “Oui”, et plus globalement l’assertivité, ne relèvent pas que de l’interpersonnel. Pour que cela soit présent dans notre vie au travail, c’est une culture à mettre en place et à faire vivre. Dans mon esprit, c’est un sacré défi dans beaucoup d’organisations, ne serait-ce que du fait de la culture de l’urgence qui ne fait pas bon ménage avec celle de l’assertivité. Un défi qui s’aborde dans la bonne articulation entre les 3 niveaux :

  • entre soi et soi
  • entre soi et autrui
  • collectivement

Le sujet de l’articulation entre responsabilité individuelle et les responsabilités collectives constituant un enjeu central de l’amélioration de la QVT que nous abordons fréquemment dans nos articles.

Dites un vrai “Oui” à votre QVT !

Olivier Hoeffel

Responsable éditorial de laqvt.fr Auteur des blogs lesverbesdubonheur.fr et autourdelabienveillance.fr

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