Flux et reflux

Novéquilibres : Flux et reflux
La qualité de vie au travail se caractérise par la recherche et le développement d’équilibres, tant au niveau individuel qu’au niveau collectif et organisationnel. Vaste et complexe programme à mener en tenant compte de réalités parfois divergentes. En partant de la notion de plaisir, puis de bonheur au travail d’une part, les rédacteurs de laqvt.fr vous proposent le fruit de leur réflexion coopérative dans cet article écrit à huit mains.

Au commencement était le flux

Si la parole est le propre de l’homme (et de la femme), celle-ci nous a servi à nous interroger lors d’un comité éditorial puis à travers un document collaboratif, sur la notion de flux. Olivier Hoeffel était en préparation de sa conférence au Salon Vivre Autrement “Le travail peut rendre heureux, et être heureux, ça se travaille”, et nous avons naturellement abordé la notion de flux de Mihaly Csikszentmihalyi, chercheur en psychologie positive. Ce concept révélé en interrogeant de nombreuses personnes très investies dans leur activité traduit le sentiment d’être porté par un flot, un flux, un courant. Si l’activité présente des objectifs clairs et atteignables, si elle lui permet de relever des défis à la hauteur de ses capacités, si les ajustements instantanés sont possibles pour lui permettre de progresser, alors il s’opère un phénomène d’excitation et de productivité au cours duquel le temps s’efface et mène à un certain détachement de soi.

Puis nous avons évoqué le reflux

Attentifs à la qualité de vie au travail dans toutes ses dimensions, nous avons pointé le danger éventuel de l’état de flux. Oublier le temps ? S’oublier soi-même ? Oublier de manger ? Plus ou moins enfermé dans une activité individuelle ? Être hors du temps présent ?  Voilà qui ne sonnait plus très QVT mais plutôt RPS(*) avec l’épuisement professionnel en ligne de mire si le flux tourne en tsunami.

Evoquer le reflux nous a permis d’envisager un retour à l’équilibre, un détachement de l’activité par un retour salutaire à soi. Néanmoins, s’il est nécessaire de se programmer des limites, l’état de flux ne doit pas non plus être interrompu brutalement, sous peine d’altérer son efficacité. Alors ? Peut-être faut-il se connaître, de façon à faire coïncider d’éventuelles pauses au moment adéquat, à l’instar de nos cycles de sommeil, individuels mais répondant à des grandes lois valables pour tous les êtres humains. Pour éviter l’effet acide ou le brutal retour de manivelle, la transition entre l’accélération du flux et la décélération entraînant le reflux est à ménager : après le slow food, pourquoi pas le slow flow ? L’entraînement à la pleine conscience est certainement un bon moyen de ne pas s’oublier trop longtemps. Enfin, le courant (flux) peut aussi être alternatif, en ce sens, il représente un balancement, un mouvement oscillatoire donc en équilibre dynamique.

Du singulier au pluriel

Penser son activité dans un environnement pluriel et multiple présente plusieurs avantages. Le collectif doit à un moment ou à un autre se reconnecter avec l’activité individuelle. Encore faut-il que l’individu concerné prenne conscience de la nécessité de ménager une ouverture. La conscience de l’autre peut aussi aider à ne pas éluder trop longtemps la conscience de soi. Notre écologie humaine suppose enfin d’équilibrer nos différentes sphères de vie(**).  La conscience profonde de cette pluralité permet d’écouter davantage les signes de déconnexion quand ils surviennent, et d’adopter une déconnect attitude(***) régulière.

Comme toujours, les responsabilités sont à articuler : l’organisation, les individus entre eux et chacun en particulier doivent être sensibilisés et rester attentifs aux équilibres en jeu. Relisez les judicieux conseils disséminés dans l’article Du plaisir au burnout.

Pour conclure joyeusement sur une image de boomerang maîtrisé, nous vous proposons d’adopter comme devise une citation de Raymond Devos :

Le flux et le reflux me font marée !

 

 

 

(*) QVT Qualité de Vie au Travail, RPS Risques Psycho-Sociaux

(**) cf concept du réseau de sphères

(***) cf notre initiative sur la deconnect attitude

photo sous licence creative commons – auteur : Everknew

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