La routine, un obstacle à l’amélioration de la QVT

Novéquilibres : La routine, un obstacle à l'amélioration de la QVT

Nous avons consacré notre article de la semaine dernière à la routine et au conditionnement qui se caractérisent par un caractère ambivalent. L’article de cette semaine s’intéresse à un côté sans ambivalence de la routine relatif à l’amélioration de la Qualité de Vie au Travail (QVT) : en quoi la routine constitue un obstacle sérieux à cette amélioration.

Des obstacles à l’amélioration de la QVT

Agir de manière délibérée pour améliorer la QVT nécessite de sortir de plusieurs formes de routine qui constituent des obstacles, quelques fois hauts comme des montagnes, semblant infranchissables :

  • celle qui fait que l’urgence et le court terme prennent le pas sur tous les autres projets, dont celui de l’amélioration de la QVT
  • celle qui fait qu’on se sent dans l’impuissance ou la difficulté de trouver des solutions pour améliorer la QVT. le fait qu’il n’existe pas de solutions toutes faites immédiates, freine la sortie de la routine.
  • la force magnétique du statu quo maintient fortement une autre forme de routine ; sont en jeu le confort de l’habitude et l’aversion à la perte. Même si l’habitude a des impacts négatifs, elle peut sembler pour certaines organisations et individus tout de même plus confortable qu’un éventuel changement dont on ne serait pas sûr des résultats. Une mauvaise compréhension de la QVT, de ses enjeux, des impacts variés possibles, de l’aspect systémique, … peuvent conduire à une réaction réflexe d’aversion à la perte où peuvent se combiner les peurs de perdre du temps, de l’argent, du pouvoir, des clients, …
  • et la routine qui fait qu’on ne prend même pas conscience des éventuels impacts négatifs de l’organisation du travail sur la santé des individus et des coûts économiques associés

Une échelle pour se situer

Les points énumérés mettent en évidence différents niveaux de méconnaissance et dénis qui tracent une distance et un chemin plus ou moins long entre la situation actuelle du collectif et celle qui fera que le collectif se mettra en marche vers l’amélioration de la QVT.
Voici une échelle intitulée “Etes-vous prêt à la QVT dans votre collectif ?” que j’ai bâtie en m’inspirant de la matrice de méconnaissance (concept de l’Analyse transactionnelle).
Elle met en évidence le niveau de maturité du collectif pour l’amélioration de la QVT et les actions que l’on peut mener à chaque niveau de méconnaissance ou de déni. Elle met en évidence qu’à un niveau donné toutes les actions qui seront conduites pour aider le collectif à se mettre en mouvement seront illusoires puisqu’il ne sera pas en l’état de les accepter.

Echelle de maturité à l'amélioration de la QVT
Echelle de maturité à l’amélioration de la QVT

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J’ai conçu un autre schéma sur la QVT individuelle (“Etes-vous prêts pour votre QVT ?”). Je le tiens à disposition de celles et ceux qui en feront la demande.

Un parallèle entre santé d’un individu et santé d’un collectif

Ce sont des formes de routine bien connues des spécialistes des comportements de santé. En effet, plusieurs modèles relatifs à la mise en place pour l’individu de comportements favorables à sa santé (dont le modèle transthéorique et le Health Behavior Goal Model) sont basés sur un processus en plusieurs stades; au moins 4 : la pré-réflexion, la réflexion, l’action et le maintien du comportement. On voit bien dans ce type de processus que l’action nécessite de passer par des phases de prise de conscience des enjeux qui donnent une motivation suffisante pour se mettre en action. Les phases que l’on envisage au niveau individuel méritent aussi d’être modélisées au niveau d’un collectif. Ce n’est pas l’objet de cet article, mais il apparaît que les organisations pourraient s’inspirer des enseignements de la psychologie des comportements de santé publique pour aborder l’amélioration de la QVT au niveau collectif comme au niveau individuel. Sachant que parmi les dimensions de la QVT, il y en a une que nous promouvons depuis la création de laqvt.fr et de Novéquilibres : le développement et le maintien d’un bon niveau de santé physique, psychique et sociale dans les différentes sphères de vie.

Le collectif peut donc être envisagé ici comme un être vivant avec des comportements et un pouvoir de décision de changement de ses comportements.
En considérant que la santé du collectif s’analyse par la santé des individus qui le constituent et par sa santé économique (la deuxième dimension dépendant pour beaucoup de la première), deux grands types de dynamiques sont à mettre en oeuvre :

  • la réduction voir l’élimination de comportements néfastes à sa santé
  • la mise en place ou le développement de comportements favorables à sa santé.

Les comportements concernent non seulement ce qui se joue en interne dans le collectif, mais aussi ce qui se joue avec les parties prenantes externes avec lesquelles le collectif interagit au sein d’un écosystème. L’amélioration de cette santé (des individus et de la dimension économique) étant d’autant plus efficace qu’elle met en coopération les acteurs internes et externes.

Conclusion

En s’inspirant de modèles de comportements de santé au niveau individuel, il apparaît comme évidence qu’une dynamique d’amélioration de la QVT nécessite que l’organisation, sa gouvernance, ses acteurs clé en matière de santé au travail et de ressources humaines, ses Instances Représentatives du Personnel aient franchi des étapes de pré-réflexion et de réflexion pour enclencher l’action. L’enjeu est de faire reposer cette dynamique sur des motivations suffisamment fortes pour qu’elle ne s’écroule pas au moindre grain de sable, la moindre urgence, le moindre relâchement de tel ou tel acteur.
L’enclenchement de l’amélioration de la QVT est donc conditionné à une prise de conscience partagée des enjeux de la bonne santé des individus qui constituent le collectif, des éventuels impacts négatifs sur la santé du fonctionnement actuel et des prises de risque à rester dans le statu quo.
Il faut bien considérer que, dans un environnement tendu, le statu quo a une forte probabilité de dégrader la QVT et constitue en soi une décision implicite de ne rien faire.

Connaissance et conscience sont les pierres angulaires de toute dynamique d’amélioration de la QVT. Alors, voici cinq questions à interroger individuellement et collectivement :

  • Quel est votre niveau de connaissance de ce que recouvre la QVT ?
  • Quel est votre niveau de QVT ?
  • En quoi vos décisions stratégiques et opérationnelles prennent-elles en compte la santé physique, psychique et social ?
  • Quels sont les impacts d’un éventuel statu quo sur le sujet de la QVT ?
  • Où vous situez-vous sincèrement sur l’échelle de la maturité à l’amélioration de la QVT ?

Olivier Hoeffel

Responsable éditorial de laqvt.fr Auteur des blogs lesverbesdubonheur.fr et autourdelabienveillance.fr

2 réflexions sur “La routine, un obstacle à l’amélioration de la QVT

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